🖋 Prologue : Création 🖋

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Au milieu du chaos et du sang, le cri de la bête retentit. Il se réveillait, la fin approchait. 

A l'aube, il n'y eut qu'un être primaire, émanation des puissants. Cette bête prit la forme d'un immense crocodile en obsidienne irisée et affilée, répondant au nom d'Okol-Balche, le créateur de monde.  

Au crépuscule, Okol-Balche sortit de nouveau de sa tanière, au dernier souffle d'un monde oublié. La lumière le révéla, un corps noir, rugueux et tranchant. Une mâchoire mortelle capable d'avaler des planètes entières. Des yeux de jade, brillants telles des étoiles. La bête se nourrit des erreurs du passé, elle ramena l'équilibre. 

Okol-Balche s'avança dans l'immensité du cosmos, brandissant le chaos, ravageant la vie et anéantissant les mondes sur son passage. A son arrivée, la bête plongea ce monde insignifiant dans l'obscurité et chacun comprit qu'il était trop tard. Le monde supplia pour un ultime pardon, mais le créateur de monde ne connaissait pas la pitié. 

Okol-Balche dévora ce petit monde devenu sans intérêt, aspirant dans sa gueule le passé, le présent et le futur. Le silence revint, et le créateur acheva son périple.

La bête ne laissa cependant pas le néant prospérer en cette partie du cosmos. Avant de retourner dans sa tanière, il laissa en ces lieux trois fragments de sa toute-puissance. Donnant naissance au ciel, à la terre et à l'inframonde.  

Ainsi commença à s'écouler un temps nouveau, une nouvelle histoire, un nouvel espoir, celui du renouveau. L'histoire de cette nouvelle humanité répondant à la loi de la dualité, de l'équilibre nécessaire mais précaire en toute chose.

Pour la première fois l'aurore se leva sur ce monde nouveau. Tout était en suspens, tout était calme, silencieux, immobile et tranquille. 

Puis vint le premier discours. Il n'y avait pas encore d'homme, pas encore d'animaux, d'oiseaux, de poissons, de crabes, d'arbres, de pierres, de grottes, de ravins, d'herbes et de forêts. Seulement le ciel, la terre et l'inframonde. 

La surface de la terre ne s'était pas manifestée. Il n'y avait que la mer calme, étendue jusqu'à l'horizon. Il n'y avait rien, juste de l'eau au repos, seule et tranquille. Il n'y avait presque rien qui soit doté d'une existence. 

Au premier levé du soleil, il n'y avait que deux façonneurs, Tepeu et Gucumatz, deux sages, reposant à la surface de l'eau qui émergeait de l'obscurité. 

Tepeu et Gucumatz ouvraient pour la première fois leurs yeux sur ce monde nouveau et se réunissaient à la première lune afin d'échanger sur leurs visions. Ils se mirent d'accord, assemblant leurs paroles et leurs pensées. 

Il devint clair, au fur et à mesure qu'ils parlaient, qu'à l'aube, l'homme devait apparaître. Ils organisèrent la création, la croissance des arbres et des vignes, la naissance de la vie et de l'Homme. C'est dans l'obscurité de la nuit qu'il firent pour cette œuvre nouvelle, appel au cœur du ciel, Huracan.

Tepeu et Gucumatz se réunirent afin de discuter de la vie et de la clarté, de la façon de faire pour que la vie prospère, de qui sera celui qui produira la nourriture et la subsistance.

- Faisons ainsi ! Que le vide disparaisse. Que cette eau se retire et libère l'espace, que la terre émerge et s'affirme ! 

- Que la lumière soit, que l'aube se lève au Ciel et sur la Terre. Il n'y aura pas de gloire ou de grandeur dans notre création tant que la créature humaine, l'homme formé, n'existera pas !

Alors Huracan travailla. Comme une brume, comme un nuage, les montagnes surgirent de l'eau. Ce n'est que par un prodige, par un art magique que la formation des montagnes et des vallées furent réalisées, et aussitôt les bosquets de cyprès et de pins poussèrent ensemble à la surface de la terre. Gucumatz fut rempli de joie.

Les légendes MayasWhere stories live. Discover now