Les légendes Mayas

🖊 Chapitre 4 : Conquête 🖊

Espagne - 1511

En ce début de siècle, l'Espagne est en ébullition permanente, depuis la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, chaque homme en âge n'a qu'un souhait, prendre la mer et rejoindre ce nouvel eldorado pour y vivre les aventures d'une vie et mettre la main sur les trésors de ce nouveau monde. Et le royaume d'Espagne se satisfait volontiers de cette nouvelle vague d'exode, les éléments les plus tumultueux étant envoyés vers ces nouvelles terres pour y laisser couler leur violence naturelle et pourquoi pas rapporter gloire et fortune à la couronne. 

Le jeune Francisco Hernandez Cordoba, un homme de taille moyenne, cheveux courts et bouclés, barbe luisante et imposante, yeux verts imposants le respect et la crainte, terminait justement son entrevue privée avec le roi d'Espagne en personne afin de connaître sa décision sur ses futures affectations. 

- Mon cher Cordoba, je connais depuis longtemps votre réputation et celle de votre famille. J'ai le plus grand respect pour votre nom et votre héritage.

Le roi se leva et avança vers le jeune Cordoba agenouillé sur le sol, tête baissée, afin de dominer son sujet de toute sa hauteur.

- J'ai longuement réfléchi à votre situation, je comprends votre désir profond de traverser cet océan et découvrir pour le compte de la couronne les nouvelles merveilles de ces terres inconnues. 

Le roi s'agenouilla devant Cordoba et releva de sa main royale la tête du jeune soldat.

- Mais comprenez que malgré toute l'estime que je vous porte, je me dois de prendre en compte votre histoire, votre héritage familial qui, dans un passé lointain et parfois plus proche s'est révélé contraire, voir hostile au dessein supérieur de notre nation, au profit de vos seuls intérêts privés. 

Sa majesté se releva et tourna le dos à Cordoba dans un mouvement de cape parfaitement théâtrale, annonçant à voix haute : 

- En tant que roi, je me dois dans cette nouvelle entreprise qu'est la conquête de l'Amérique, de n'envoyer que des soldats qui sauront rester fidèles à notre couronne et notre nation. C'est pourquoi il m'est impossible d'accéder à votre requête et vous laisser embarquer vers l'Ouest. Néanmoins et en signe de ma gratitude et du respect que j'ai envers votre famille, je vous propose un poste nouveau au sein de notre grande administration. Un poste qui j'en suis persuadé saura vous ravir, celui de collecteur royal des impôts ! Un poste qui vous sera bien entendu graçement rémunéré et qui contribuera à graver le nom de votre famille dans la grande histoire de l'Espagne. 

Le monologue royal dura encore un temps, afin d'exposer plus en profondeur le prestige et les bénéfices de cette proposition généreuse. Une offre que le jeune Cordoba écouta en silence jusqu'à son terme avant de se relever, de tirer sa révérence et sortir de la grande salle d'audience du palais.

Sur le chemin du retour, qui à cheval le ramenait sur les terres conquises par le Royaume de Vereden au fil des siècles par sa famille, et arrachée en partir à la tyrannie de cette couronne maudite, Cordoba hurlait de rage en son for intérieur, furieux contre lui-même d'avoir pensé pouvoir simplement manipuler la plus haute autorité d'Espagne. Après tant de temps perdu à courtiser ce bouffon royal, après tant de batailles gagnées pour affirmer la puissance de son nom. Cet illustre idiot lui refusait en ce jour d'accomplir ce pourquoi il était né, sa destinée familiale, traverser l'océan et faire de son héritage le plus puissant jamais élevé en ce monde. 

Après deux jours et une nuit de voyage, le jeune soldat et son escorte arrivèrent enfin chez lui, dans sa forteresse familiale qui disait-on avait été érigée à l'endroit même où le destin de sa famille avait jadis basculé. Et après une longue réflexion, Cordoba en était maintenant convaincu, il prendrait coûte que coûte la mer. Rien ni personne ne saurait le détourner, et surtout pas ce petit roi.