ROOSEVELT [ EN RÉÉCRITURE. ]

08 | Lumière Blanche.

« Les émotions non exprimées ne
meurent jamais. Elles sont enterrées
vivantes et libérées plus tard de façon
plus laide. »

{White Light - Sidewalks & Skeletons.}

RIVER

«     La tige de la rose pénètre dans ma paume, et un cri d'effroi m'échappe de manière déplorable. Son pouce manucurée appuie volontairement sur cet odieux tatouage. J'aimerais le scarifier, déchirer les centimètres de la peau dont l'encre est immergée pour ne plus jamais croiser ses lettres et son chiffre maudits. Mais je n'y arriverai jamais. Ma bravoure s'est éclipsée avec eux ce jour là.

Quand je relève les yeux vers l'autrice de l'acte, je croise ses perles jades me détruire du regard. La tempête frigide anéantit mes organes, je perçois ma flamme s'éteindre.

— Ce n'est... pas vraiment toi. Parviens-je à énoncer à travers le vent glaciale.

Mes genoux me lâchent, ses traits ne changent point. Ils pourraient me faire tomber dans une agonie effroyable. La vision habituelle de son visage empreint de légèreté est aujourd'hui noyée dans un océan de ténèbres. Je ne perçois que la noirceur qui était encore occultée par la lumière avant cela.

Son armonie aussi éthérée que déconcertante m'engloutit dans un sentiment mitigée encore l'obsession et la répulsion.

— Tu ne me connais pas, River.

À genoux devant elle, mon sang traverse mon bras tremblant. Mon poignet est toujours à sa portée. On dirait qu'elle refuse de le laisser partir, quelles que soient les circonstances. Mes paupières frissonnent, les siennes restent monotones.

— Je ne suis ni la grâce immaculée, ni le sinistre qui t'obsède.

— Alors offre moi l'opportunité de te connaitre, Esmée.

Ses boucles paraissent presque brunes sous le manque de lumière. Je me demande quand est-ce qu'elle lâchera sa prise, et quand est-ce que mon corps décidera enfin à me réveiller de cette illusion cauchemardesque.

— Pourquoi souhaiterais-tu une chose pareille ?

Ses yeux elle-même sont rougis. J'ai presque l'intriguante impression qu'elle ne fait pas cela par choix.

— Parce que tu m'intéresses.

Elle les ferme un instant, une larme dorée s'invite sur sa joue gauche.

— Je soignerai tes pétales les plus fanées, si c'est ce que tu souhaites.

Cette vision de bas est presque aussi caothique qu'angélique. Elle s'abaisse à ma hauteur progressivement. Cela me surprend un instant, ce manque de dynamisme volontaire. C'est comme si elle souffrait de la rose qu'elle venait de planter dans ma paume.

— Laisse moi être l'instrument pouvant raviver tes blessures les plus profondes.

Quand elle ouvre de nouveau les yeux, ses cils auburn sont imbibée d'or, elle me regarde attentivement. Mais je ferme mes paupières trop lourde. L'intensité de sang déversée de ma paume est écœurante. Et je n'ai aucune idée du temps qu'il me reste.

— Pourquoi de telles injures ? Je demande, avec le peu d'énergie de mes cordes vocales.

J'utilise mes dernières forces pour amener ma main plantée vers son visage. Je replace une de ses boucles derrière son oreille. De moi à elle, ce geste reste souple.