𝟏𝟏. 𝑬𝒏𝒏𝒆𝒎𝒊 𝒑𝒓𝒐𝒕𝒆𝒄𝒕𝒆𝒖𝒓

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Madelyne


Assise entre Nora et Adam, j'écoute d'une oreille distraite les potins qu'ils se racontent tout en sirotant un cocktail sans alcool. Virgin mojito fraise, le seul et unique dans mon cœur.

— Avant-hier, je suis allée en salle de profs pour demander de l'aide à un prof avec un devoir, et bref, vous ne devinerez jamais qui j'ai aperçu, s'exclame Adam.

— Qui ? Demandons Nora et moi en même temps.

— Le prof de philo en train de galocher un autre prof, vous y croyez vous ?

— Ce n'est pas possible, dit Nora d'un air dépité. Il est trop repoussant pour trouver chaussure à son pied.

— Si je t'assure qu'il a réussi à choper quelqu'un le vioc relou.

Nous arborons tous une mine d'écœurement.

— J'ai envie de danser, dit soudain Adam. Venez avec moi mes gazelles.

Il attrape d'une main le poignet de Nora puis fait de même avec le mien et nous tire jusqu'à la piste de danse improvisée dans la maison d'Evan.

De ce que m'ont dit mes amis, ils ne peuvent pas se le voir, car il s'agit en réalité d'un coureur de jupon qui drague tout ce qui l'entoure, mecs comme filles.

Ils m'ont alors avoué être venus ici uniquement pour le buffet gratuit et aussi pour satisfaire leur dose de potins, car ici, les ragots ne marchent pas, mais courent.

Moi, je ne suis là que parce qu'à force de réviser, j'ai besoin de m'aérer un peu l'esprit qui est en constante ébullition et aussi parce que j'adore passer du temps avec mes amis.

— Oui mais en échange, tu ne nous donnes plus jamais un surnom comme celui-là !

— Je rejoins Nora sur ce coup-là. Il est hideux, vieux fou !

Nous nous frayons un chemin entre les corps des étudiants déjà bien éméchés en ce début de soirée.

Nora et moi, nous nous esclaffons lorsque nous apercevons Adam se déchaîner au rythme de la musique et twerker comme s'il était la personne elle-même à avoir inventé ce mouvement de fesses iconique.

Pris dans l'euphorie de l'instant, nous nous approchons du bar où sont disposées de nombreuses collations prévues pour nous faire déjanter. Nous ingurgitons plusieurs shoots à la fois jusqu'à ce que la tête nous en tourne.

L'alcool légèrement amer vient me picoter la gorge, je me stoppe dès l'instant où des étoiles viennent scintiller devant mes yeux.

Notre petit trio revient sur ses pas et commence à danser d'une façon qu'on aurait jamais osé faire si nous avions eu un tant soit peu de bon sens. Adam vient coller son visage contre le mien et me souffle par-dessus la musique :

— À ce stade, il ne te mate pas, il te bouffe littéralement du regard.

— De qui tu parles ?

Il pose ses mains sur mes épaules et me tourne de sorte à ce que mon regard plonge dans celui du garçon qui me regarde déjà.

Forrest, assis sur un tabouret près du bar et la mine renfrognée, ne semble pas passer du bon temps. Quand il ne foudroie pas du regard les fêtards qui se pavanent devant lui, c'est moi qui accapare toute son attention sans pour autant la chercher.

Son regard froid et mélancolique à la fois me déroute tant son intensité est présente dans ses yeux. Un verre à la main, qu'il vide lentement sans cesser de me fixer, il descend son regard sur chaque parcelle de mon corps qui s'échauffe sous la noirceur de ses prunelles.

HEARTBREAKERWhere stories live. Discover now