[ Bonus ]

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  Le soleil était haut dans le ciel

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  Le soleil était haut dans le ciel. Il réchauffait les pavés brillants de la ville et alourdissait les pas. En ce mois de juin, l'air avait une fragrance particulière pour un jeune homme aux cheveux bleus. Héloan Enver était assis en bord de mer, les pieds dans l'eau et le postérieur dans le sable. Il habitait désormais près de la côte et se plaisait à venir goûter les vagues dès que possible, dès qu'il en avait l'occasion. L'écume lui renvoyait des réminiscences agréables et l'odeur salée qui flottait autour de lui chatouillait son nez, lui rappelant un individu cher à son cœur, tout particulier.

  Théodore Clifford. Les deux inconnus s'étaient quittés il y avait de cela deux ans maintenant. Durant ce laps de temps, le bleuté avait trouvé un emploi stable dans une librairie de quartier. Il avait changé de logement, changé de quotidien. Il adorait sa nouvelle vie et passait le plus clair de son temps à dessiner, à griffonner. Il avait déjà décroché deux contrats d'éditions dans une petite entreprise qui publiait ses bandes dessinées depuis quelques mois maintenant. Il avait aussi illustré quelques livres pour enfants et d'autres ouvrages bientôt disponibles sur le marché. Il n'était pas une célébrité ou qui que ce soit de mondialement célèbre, mais sa vie lui plaisait désormais et c'était là tout ce qui lui importait. 

  Il arrivait à vivre de sa passion, à finir les mois sans problème et sans se priver. Surtout, il avait coupé les ponts avec sa famille afin de se préserver. Il ne perdait plus son temps avec des gens qui n'acceptaient pas son mode de vie et sa nouvelle identité. Il était à prendre dans son entièreté ou à laisser. Il se sentait épanoui, plus mature, plus affirmé. Il n'avait cependant pas quitté ses t-shirts floqués Pikachu ou ses bracelets multicolores, appréciant bien trop ces objets pour s'en séparer.

  Parfois il se demandait comment se passait la vie pour Théo-tout-court. Il avait pensé à lui en juin dernier, il avait prié pour le revoir avant d'abandonner l'idée : l'année passée, il n'aurait pas été prêt à le revoir, pas prêt à tenter quoi que ce soit. Alors il s'était résigné au fait que leurs routes ne se recroiseraient peut-être jamais. Seul le destin le déciderait. Il s'en satisfaisait, ravi d'imaginer plutôt le noiraud parcourir les routes à toute allure, le cœur léger et le sourire aux lèvres.

  Héloan avait déjà mangé tous les bonbons à la pomme. Il avait tout de même gardé la boite en souvenir. Il la conservait en permanence dans son sac à dos comme pour emporter avec lui un petit bout de cet inconnu qui lui avait redonné goût à la vie. Il lui était reconnaissant d'avoir été ce déclic, cette personne qui, par le simple fait d'exister, l'avait poussé à sortir des cases dans lesquelles on l'avait rangé. Désormais il suivait un quotidien qui lui plaisait plus que jamais.

    — J'ai beau essayer, j'ai vraiment du mal à te revoir à chaque début d'été.

  Il soupira, un sourire triste sur les lèvres. Il trouvait surprenante son envie constante de retrouver cet inconnu. Après tout il ne connaissait rien de Théo-tout-court. Peut-être que leurs caractères n'étaient pas compatibles, peut-être qu'après avoir fait plus ample connaissance alors se rendraient-ils compte qu'ils ne se supportaient pas. Pourtant quelque chose en lui se refusait à cela : il ne l'avait pas revu depuis deux ans, mais ces jours avaient semblé être emplis de sa présence, comme s'ils ne s'étaient jamais vraiment quittés.

𝗛𝗘𝗔𝗧 𝗪𝗔𝗩𝗘𝗦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant