Série Moon: Hazel face aux abysses.

1

- Mademoiselle de hautecloque?
Je relevais la tête de mon ouvrage pour jeter un œil à la Soeur qui venait d'entrer dans le dortoir.
- oui ma Sœur ?
- la mère supérieure souhaite vous voir dans son bureau immédiatement.
Je reposais mon cercle à broder sur la table de chevet de ma petite cellule monacale et descendit immédiatement les deux étages qui nous séparaient. Arrivée devant la porte, j'hésitais un instant. Je n'appréciais pas la mère supérieure. C'était une femme hautaine et sèche.
M'arrachant à mes considérations, je frappais doucement et fut accueillie d'un "entrez!" Prononcé sur un ton doucereux.

Un homme était assis dans un fauteuil près de la mère. Il me fit une étrange impression.
La cinquantaine, le visage grave, il m'adressa toutefois un sourire avenant en se tournant vers moi. Il portait un complet gris bien taillé et se leva vers moi avec des manières affectées.
- ma chère enfant!! S'exclama-t-il, la vie ne nous a pas permis de nous rencontrer plus tôt mais j'ai accouru aussi vite que j'ai pu à l'annonce du décès d'Eugène.

Mes parents étaient morts quelques annees plus tôt dans l'incendie de leur demeure. Je n'avais échappé que de peu à événement, étant invitée à goûter chez une voisine âgée. Étant trop jeune pour vivre seule ou pour être mariée, on avait contacte mon seul parent encore vivant, le frère aîné de mon père que je n'avais jamais rencontré et on m'avait envoyé à l'école des soeurs.
Ces années de réclusion monacales m'avaient convaincues du bonheur d'une vie dévouée à Dieu et j'avais ainsi conçu prendre le voile, cédant ainsi l'intégralité de mon héritage à la communauté qui m'avait recueillie lorsque j'en avais eu besoin.

La mère supérieure affichait un air pincé.
- monsieur de hautecloque, il se trouve qu'hazel a résolu de prendre le voile et de rejoindre notre...
- comment une peronnelle qui n'a jamais rien vu d'autre que votre couvent pourrait-elle faire un choix sensé? L'affaire est entendue ma soeur, ma nièce part avec moi!
- mère supérieure! Dis-je pour attirer son attention,
- silence Hazel! Vous n'êtes qu'une petite fille effrayée par le vaste monde. Vous allez découvrir la vraie vie. C'est ce qu'on mon frère aurait voulu pour toi, vas faire tes bagages!

Ce dernier argument avait fait mouche et j'avais rejoint la chambre où j'avais vécu ces dernières années pour préparer ma valise. Il n'y avait pas grand chose à emmener à vrai dire. Quelques vêtements qui n'étaient plus vraiment à ma taille et plus vraiment au goût du jour, quelques livres que j'aimais plus que tout et une petite boîte à bijoux qui me venaient de ma mère et que je n'avais pas eu le coeur de laisser dans les ruines de la demeure familiale. L'un particulièrement me tenait à coeur plus que tout. Une très fine et très longue chaîne en or munie d'un pendentif qui s'ouvrait et dissimulait un portrait de mes parents. C'était l'objet auquel je tenais le plus au monde, et je ne pouvais pas imaginer commencer cette nouvelle vie en le laissant derrière moi.