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A mon assentiment, un grand vacarme se fait entendre.

Mon tuteur vient de s'écraser violemment sur le pont. Le transperçant de sa carcasse.

Son corps sanguinolent est extrait comme par magie des décombres et azad le projette à nouveau en l'air. Et il retombe lourdement. Ses hurlements me brisent les tympans. On ne sait plus si les bruits sont liés à la fracture minutieuse de ses os ou au bois du plancher qui se brise à chaque nouvelle chute.
Il est grotesque.
Un pantin désarticulé couvert de son propre sang.
Gémissant.
Hurlant.
Suppliant.
Et puis finalement silencieux.

Quand le calme s'impose, Azad le plaque mentalement contre le mat. La masse de chairs informe peine à ouvrir misérablement un oeil et me jette un regard, comme une supplique.
Je soutiens son regard.
Je ne ferai rien.
Pas un geste.
Je ne dirai rien.
Pas un mot.
Rien ne sera fait ou dit pour arrêter le massacre.

Azad s'approche de lui.
"- Hazel. Avez vous compris ce que je suis?"
"- je crois. Je pense que vous êtes.... Je crois que ... On peut dire que... Les lys, la brume couleur de deuil, vos sorties nocturnes, ce sommeil que vous imposez... Je crois que vous êtes... La mort"
"- presque ma précieuse. Vous y êtes presque..."
Un sifflement échappe à mon oncle.
Il recommence l'instant d'après et Azad part d'un grand éclat de rire.
"- le diable? Oh allons... On dirait une vieille commère mon cher... Allez je vous offre un indice commandant... "

A ces mots, Azad dévoile sa dentition parfaite et mon oncle le fixe, le regard fou. Déroutée, mon regard passe de l'un à l'autre.

Et puis, je comprends. Les canines se sont allongées, longues, effilées, elles scintillent légèrement avant de s'enfoncer dans la nuque de mon oncle.
Le fluide vital est absorbé, extrait de son corps et il est pratiquement exsangue quand Azad le laisse retomber sur le sol.

Il se lèche les lèvres avant d'extirper un mouchoir en dentelle de son habit et de se tamponner délicatement les lèvres.
"- je ne devrais pas avoir soif pendant des mois..." Dit-il, satisfait.
"- allez, ta dernière heure est venue..."
"- Montgomery. Il attendra à la descente du navire et Hazel... Il l'emportera quoi qu'il arrive..." Dit mon oncle dans un dernier râle.

"- qui que soit ce Montgomery, il ne touchera pas un seul de ses cheveux." Répond Azad froidement en fixant mon oncle.
Soudain son ventre se tord puis il s'ouvre. La plaie béante vomit ses boyaux qui se répandent sur le pont. L'intestin remonte lentement, comme un serpent, le long de son corps. Il s'enroule doucement, presque sensuellement, autour de la nuque empâtée du commandant et le noeud coulant, enfin en place, se resserre jusqu'à ce que le voile de la mort marque définitivement les yeux du monstre.

Série Moon: Hazel face aux abysses.Where stories live. Discover now