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Une vague noire, monstrueuse se dressa soudain, plus menaçante que les autres. J'etendis mes bras en croix, prête à affronter la lame, prête à déferler pour sceller mon destin. Le mur sombre avança rapidement, me surplombant de plusieurs mètres. C'était maintenant. La faiblesse me fit fermer un bref instant les yeux. Un choc formidable me souleva brusquement avant que je ne sente mes pieds quitter le sol, le froid glacial me transpercer jusqu'aux os, et vite, me fit perdre conscience.

C'était ça, mourir ? Ce déchaînement d'eau glacée qui brûlait ma peau, me lacerait le ventre, me transperçait, s'insinuait a grandes goulée dans mes poumons et dans mes veines? Une douleur si violente qu'elle avait eu raison de ma conscience qui ne revenait par vagues? Une fin triviale et pleine de douleur, me glaçant jusqu'à l'os?

Une secousse m'ebranla. L'onde me fit l'effet d'une secousse et vint piquer ma conscience. Je refis surface pour comprendre que j'étais comme soudée à une paroi rocheuse.
Un bref regard vers le haut me donna à voir deux pupilles pourpres, étonnamment brillantes et lumineuses dans les profondeurs obscures de la nuit océane. J'avais froid. Mais quelque chose, comme une voix en moi m'indiquait que je vivais.
Que j'étais encore.
Que mon renoncement à la vie n'avait pas été suffisant.
Que c'était la vie qui s'accrochait a moi.

La bouche parfaitement ourlée au dessus de moi sembla articuler des mots auxquels je restais sourde. Je me contente de rester plongée dans ses yeux. Il scille et semble enfin comprendre qu'il est la seule chose qui me raccroche à la vie.
Il affermit sa prise autour de moi et sa bouche vient effleurer mon oreille.
"- je sais."
Je l'interroge du regard et lorsque je vois ses pupilles virer au rouge grenat, je comprends. Il sait. Et le mélange de pitié et d'horreur que je vois se refléter dans ses yeux me soulève les intestins.

J'essaye de pivoter entre ses bras pour me jeter à l'eau, mais sa prise est fermé, comme si il avait compris. Une vague s'abat de nouveau sur nous. Sitôt qu'elle frappe le pont, il m'entraîne au pas de course jusqu'au portillon qui donne aux cabines, et me projette dans l'escalier. Lorsque je me redresse, je vois sa silhouette tirant la porte alors qu'une nouvelle vague est sur le point de tout inonder.

Des voix hurlent dans le dédale des cabines. Certains prient, d'autres se lamentent, mais une voix me sidére immédiatement : celle de mon oncle qui vocifére des ordres à la volée.
Soudain, ce qui me servait de tuteur apparut au détour d'un couloir. Avisant Azad derrière moi, il avança à grands pas en le toisant, avant de pointer un index rageur vers lui.
"- toi! Va trainer ton cul de pouilleux ailleurs et ne t'approches plus de ma nièce!" Sa voix avait été tonitruante mais sur le dernier mot, sa voix se cassa et quelque chose sembla le choquer.
"- ta mort aura pour nom Azad d'Esdras, misérable pervers."

Série Moon: Hazel face aux abysses.Where stories live. Discover now