Kawata brothers [Smiley & Angry x OC]

16 - Pour un pack de bières

Ko revint à pied de l'hôpital. Il était presque une heure du matin quand elle arriva chez elle et la pluie s'était remise à tomber.

Elle hésita, la main sur la poignée de la porte, puis entra. Le couloir de l'entrée était plongé dans l'ombre, mais la lumière et les voix qui provenaient de la télévision lui apprirent que son oncle était rentré. Elle se pressa jusqu'à la salle de bain, la tête basse.

Son visage était tuméfié, remarqua-t-elle dans le miroir. Mais rien de terrible, elle avait connu pire au cours des affrontements qu'elle avait menés avec le gang.

 Elle se lava rapidement et elle se changea. En regardant son reflet, elle vit que ses cheveux avaient repoussé, des mèches lui couvraient les yeux. Elle les étudia un instant, puis attrapa une paire de ciseaux dans le tiroir et les coupa. Elle tenta ensuite d'égaliser le reste, sans grand succès et finalement, elle abandonna et rangea les ciseaux. Ensuite, elle accrocha son uniforme du Toman sur un cintre et elle alla le suspendre dans le couloir. Ses uniformes de gang étaient les seules choses que son oncle n'osait pas toucher, on aurait dit qu'il redoutait de voir les autres membres surgir s'il commettait l'offense de poser la main dessus, Ko pouvait laisser en évidence sans crainte. Elle s'assit contre le mur et ramassa les genoux contre la poitrine. Son jean, beaucoup trop grand, avait appartenu à sa tante, comme le reste de ses vêtements. Il lui couvrait les pieds et elle était obligée de le serrer avec une ceinture pour ne pas le perdre.

La télévision continuait à brailler dans la pièce voisine. L'appartement n'avait que deux pièces. Ko dormait sur un futon dans le salon, mais si son oncle s'endormait devant la télévision, elle préférait rester dans le couloir.

Un bruit dans le salon la fit se ramasser encore plus sur elle-même. Yuishiro se leva du canapé.

– Pousse-toi du chemin, grogna-t-il en la repoussant au passage.

Il gagna la cuisine et Ko l'entendit ouvrir le frigo. Il fourragea un instant puis il l'appela.

– Ko ! Va me chercher des bières au konbini, j'en ai plus !

Ko se leva maladroitement. Elle attendit à la porte de la cuisine, elle n'avait pas d'argent pour passer au magasin. Son oncle regagna le salon.

– Et bouge-toi le cul ! Lui dit-il.

Ko se précipita dans l'entrée, elle enfila ses baskets et sortit. Dehors, la pluie tombait toujours. Elle remonta la capuche de son sweat et se mit en route.

Elle dépassa plusieurs konbinis sans même les regarder et se décida pour un assez loin de chez elle. Elle inspira et entra. Les bières se trouvaient dans le rayon du fond, elle traversa le magasin et choisit un pack de la marque que buvait son oncle. Puis elle se dirigea vers la porte d'un pas aussi tranquille qu'elle le put. Lorsqu'elle fut près des caisses, elle attendit que la porte s'ouvre sur le passage d'un client et elle le bouscula pour se ruer dehors, les bières serrées contre la poitrine. Derrière elle, le gérant cria.

– Reviens ici voleur !

Elle l'entendit se lancer à sa poursuite et accéléra, ses baskets claquant sur le trottoir mouillé. Cinq cent mètres plus loin, elle se réfugia dans une ruelle et jeta un œil derrière elle pour voir s'il la suivait toujours. La rue était vide, les employés n'insistaient presque jamais, ils ne pouvaient pas laisser le magasin sans surveillance. Ko se laissa glisser contre le mur et repoussa sa capuche. La pluie avait de nouveau cessé, elle avait été remplacée par un souffle de brise tiède qui portait jusqu'à elle les dernières effluves des petits restaurants du quartier.

Finalement, Ko se releva et prit le chemin du retour.