CHAPITRE 23 : Retrouvailles pigmentées.

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ISAAC


Mes yeux n'arrivent pas à croire ce qu'ils voient. J'ai beau la regarder encore et encore, ma vision ne s'habitue pas à ce qu'il y a devant moi.

J'ai passé des mois à la chercher et c'est finalement elle qui est venue me trouver.

Chez moi.

Comme lorsqu'elle est dans les parages mon corps ne m'appartient plus. Je veux bouger, avancer et la prendre dans mes bras. La couvrir de baisers, rattraper tout ce temps perdu. Mais j'arrive pas à réagir. Je reste bloqué sur cette brune qui regarde sa série comme si j'étais pas là. Je cherche en vain la petite blonde qui osait à peine ouvrir la bouche pour manger, qui veillait à ce que la fourchette ne cogne pas le fond de l'assiette pour ne pas faire trop de bruits, qui s'était recroquevillée en boule dans un coin pour se faire toute petite. Je ne la trouve pas.

-C'est meilleur que la dernière fois, me dit-elle en soulevant son assiette.

Je reste stoïque, trop choqué pour réagir. Elle se penche vers la table basse pour prendre son verre de jus de pomme avec un air narquois sur le visage. Depuis qu'elle m'a dit que c'était son préféré j'ai toujours fait en sorte d'en avoir une bouteille dans le frigo.

-T'es un menteur. Je croyais que c'était de la merde ? T'as continué à regarder quand j'étais pas là, me dit-elle en faisant un signe de tête vers l'écran plat.

J'ai comme l'impression d'avoir une toute autre personne en face de moi. Elle mange de manière désinvolte tout en me lançant des regards espiègles. Lorsque le personnage à la télé s'exprime disant qu'il souhaite sauver tout le monde, elle souffle et marmonne "un vrai clown".

-C'était toi ? je demande lorsque ma langue se délie enfin.

-Ça dépend.Quand ? répond-elle du tac au tac.

-La soirée de fiançailles. Le club tout à l'heure.

-Peut-être.

Comment ça peut-être ? Je la regarde en fronçant les sourcils. Là toute suite je donnerai tout pour avoir des explications nettes et claires. Je veux savoir pourquoi il y a les déguisements Dark Vador des gars qui étaient avec l'irlandais tout à l'heure, pourquoi elle a l'air si froide et détachée, où-ce qu'elle était. Je veux des explications putain. Mais j'ai la sensation qu'elle répondra à mes questions que quand elle l'aura décidé.

Ça m'empêchera pas d'essayer non plus. J'avance vers le canapé, le cerveau dans un brouillard dense et m'assoit sur la table basse juste à côté de ses pieds.

J'arrive vraiment pas à croire qu'elle soit là. Depuis tout ce temps... elle est enfin revenue. Mes yeux cherchent la faille, quelque chose qui me prouverait que je me trouve dans une hallucination mais ils ne trouvent rien. Je touche son mollet pour m'assurer qu'elle soit bien réelle, elle décale sa jambe l'air de rien sans même me prêter attention.

Un goût amer se fait ressentir au fond de ma gorge, mais j'arrive pas à l'identifier.

-Lune tu...-

-Isabelle, me coupe t-elle froidement.

-Quoi ?

-C'est seulement Isabelle maintenant. Isabelle Keen.

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