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LES YEUX DU Serpent percent le voile de la nuit naissante. Telles deux corruscantes ambres, ils brillent dans l’obscurité. Ses pupilles, réduites à l’état de fentes, analysent le moindre de mes gestes, décomposent en fragments chaque mouvement que j’exécute.
Le sifflement de ma lame sortant de son fourreau tinte dans le silence solennel des lieux. Doucement, je tournoie autour de lui tel un prédateur guettant sa proie. Un léger sourire esquisse ses lèvres en me voyant faire. Je devine combien il est amusé.
— N’essaie pas de m’intimider, jeune pousse… Tu oublies que je t’ai tout appris.
— Alors cesse de parlementer. Agis donc.
M’emparant de la lame coincée sous mon bras, je la jette à ces pieds. Il jauge avec mépris la dague affutée.
— Bats-toi.
— Me crois-tu si piètre combattant pour me donner une de tes armes ? Je n’ai pas le niveau de bassesse auquel tu te si…
Sa voix meurt lorsque ma lame fend les airs. Sifflante, elle passe au-dessus de sa tête au moment où il s’abaisse brutalement, posant une main au sol pour se réceptionner. Ses yeux s’ancrent ensuite dans les miens, écarquillés, et il esquisse un sourire laissant voir l’un de ses crocs.
Il ne me pensait pas capable de l’attaquer en premier.
— Te voilà plus courageuse que je ne l’aurais cru.
— Cesse donc de discutailler et VIENS TE BATTRE.
Hurlant, je bondis sur lui. Ma lame fend l’air à nouveau mais il recule d’un pas. La pointe frôle son torse, effilant quelque peu l’étoffe l’habillant. Mais il ne semble pas le remarquer, s’emparant aussitôt de la lame.
