Chapitre 5 Flavie

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Une heure plus tôt.

J'ai fini le reste de ma nuit dans une chambre d'hôtel, l'hôtel de la Paix, drôle de coïncidence alors que c'est plutôt la guerre qui vient d'être déclarée. J'ai profité de leur petit déjeuner, une tuerie ! Bon le mot est peut-être mal choisi après les évènements de cette nuit mais c'est juste pour dire que c'était un buffet à volonté. Comme je ne savais pas si j'allais pouvoir manger à midi, je me suis remplie le buffet, jeux de mots, je suis trop forte ! Bref, du jus d'orange, aux viennoiseries, aux tartines de pain beurré avec de la confiture d'abricots, en finissant par un fromage blanc avec une petite salade de fruits. Je suis gavée ! Un grand bol de café noir pour faire couler tout ça, puis j'ai repris mes maigres affaires pour me diriger chez mamie. Je lui ai laissé un mot lui promettant de revenir tout lui expliquer, donc même si je n'ai pas donné de jour, ni d'heure, je ne peux pas la laisser sans nouvelle, elle va se faire un sang d'encre.

Je suis à quinze minutes à pied de chez elle, je vais prendre les petites ruelles pour ne pas me faire trop remarquer, ne sachant si les fameux Bodygard sont encore dans les parages. Avant de quitter l'hôtel, je suis passée à la pharmacie pour avoir de quoi changer mes pansements mais surtout m'acheter une orthèse pour maintenir ma cheville. A la différence d'une prothèse qui remplace un membre défaillant, l'orthèse aide l'organisme à maintenir la fonction du membre déficitaire. J'ai pris également des anti-douleurs même si, avec mon passé, j'ai su passer au-dessus de celle-ci. C'est en boitillant légèrement que j'arrive chez mamie. Je suis passée par les jardins des voisins et sur un de leur toit, la maison étant occupée. J'atterris enfin dans son jardin. Bizarre, les volets arrière sont fermés. Je frappe doucement aux volets de la porte fenêtre puis commence à l'appeler.

— Mamie. Mamie c'est Julie, tu es là ?

Le silence me répond. Je sens une montée de frissons, mes poils sur la nuque se dressent. Les battements de mon cœur s'emballent. Je déglutis, j'ai un mauvais pressentiment.

Non, reprends toi Flavie, tu affabules, elle doit encore dormir, je l'ai dérangé en pleine nuit, elle doit récupérer. Mais non, qu'est-ce que je raconte, il est pratiquement midi ! Jamais elle ne dormirait aussi longtemps. Une nouvelle montée de frissons me saisit, elle part du bout de mes orteils pour parcourir mon corps à la vitesse de l'éclair. Cette fois ci, j'ai les mains moites lorsque j'arrive vers le volet de sa chambre. J'essaie de tirer dessus et ce dernier ne résiste pas, il n'a pas été crocheté depuis ma visite de cette nuit, j'en mettrai ma main à couper. La fenêtre n'a même pas été refermée. Je ne me sens pas bien soudainement, j'ai l'impression d'avoir des battements jusque dans les tempes. J'ai de plus en plus de mal à déglutir, à faire descendre cette salive qui envahie sans cesse ma bouche.

Sa chambre est vide, son lit n'a pas été fait, Mamie ne laisserait jamais sa maison en bazar.

Flash-back

« — Mon petit, je ne laisserais jamais ma maison en désordre, je ne veux pas avoir honte si quelqu'un doit venir chez moi me secourir, cela que je sois vivant ou morte, c'est une question de dignité.

— Franchement mamie, qu'est- ce qu'on s'en fout que la maison soit en vrac si on est mort !

— Ma petite, il en va du devoir de mémoire, la dernière image est la plus importante, c'est celle qui restera gravée.

— Si ton lit est défait, je ne suis pas sûre que ce soit l'image que je retiendrais, mais bon le cœur a ses raisons que la raison ignore.

— Tu détournes l'expression mon petit.

— Peut-être mais avoue que je n'ai pas tort ! »

Je positionne mes mains sur l'appui de fenêtre, me donne une impulsion pour pouvoir grimper dessus et ainsi entrer dans la maison. Je saute de l'autre côté et là, ma cheville me rappelle que je n'ai qu'une jambe en bon état pour l'instant. Je sers les dents, me maudissant d'être aussi étourdie. J'avance en clopinant jusqu'à sa porte que j'entrebâille légèrement. Aucun bruit. Une boule d'angoisse me remonte dans la gorge, ma respiration s'accélère. J'ouvre plus grand la porte puis me glisse dans le couloir. Je m'aperçois que la porte d'entrée n'est pas crochetée. Serait-elle dehors ? Cela expliquerait son silence. Je passe devant la double porte vitrée de la salle à manger puis me dirige vers le perron. Je passe ma tête à l'extérieur discrètement pour voir si elle se trouve devant chez elle, mais rien. Je reviens sur mes pas et ouvre enfin la salle à manger.

PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant