☼ Chapitre 19 : Le Nouvel An ☼

95 8 252
                                    

Point de vue d'Ester

Après des fêtes de Noël passées en famille, nous nous réunissons aujourd'hui à l'occasion d'une autre date importante. Ensemble, nous allons célébrer la nouvelle année. Les garçons de l'équipe du PSG ont répondu présents. Tout comme les petites amies respectives des joueurs.

De mon côté, je prie juste pour être davantage épargnée pour les trois cent soixante-cinq jours à venir.

Même si je ne suis pas ravie, Bruna, la petite amie de Neymar, m'aide dans les préparatifs de cette soirée que nous attendons tous avec impatience.

En raison de ma condition jugée encore médiocre par les médecins, elle dispose les ballons en hauteur et les banderoles. Ses faux ongles recouverts de vernis blanc pourraient les percer. Elle s'applique, prend garde dès qu'elle les touche. La pauvre. Ce ne doit pas être évident. Remarque elle doit avoir l'habitude avec ses prothèses mammaires semblables à des ballons de foot.

Je comprends mieux ce que mon meilleur ami lui trouve. Il doit penser à sa passion à chaque fois qu'il est avec elle. Et puis, même si c'est une arriviste, elle a de bons côtés. Elle peut être sincère. Elle fait également tout pour le garder près d'elle. Exactement comme un poulpe qui enserrerait une proie avec ses tentacules.

— Tu m'écoutes quand je te parle ou il faut que je prenne un mégaphone ? m'aboie-t-elle dessus.

Dans un sursaut, je reviens à ma dure réalité. Bruna est odieuse avec moi. Moi qui pensais qu'elle s'occupait de la décoration à ma place par bonté d'âme... Je me suis trompée sur toute la ligne.

Je croirais presque tomber du haut de l'escabeau sur lequel elle est perchée.

Son visage exprime son aversion pour moi. La mine dédaigneuse, elle m'observe comme si j'étais une moins que rien. Comment a-t-on pu en arriver là ? C'est triste à dire mais notre relation s'est détériorée depuis que j'ai emménagé chez le Brésilien. Un peu comme si elle voyait une rivale en moi alors que je suis tout le contraire. J'étais une des seules à la soutenir face à notre bande. Dès que l'occasion se présente désormais, elle m'attaque sur tout ce qu'elle peut, me lance des piques aussi acérées que ses griffes.

Je ne la détestais pas, mais ça, c'était avant. Il semblerait que maintenant la guerre soit déclarée et ça me convient aussi. Exactement comme si du sang allait couler, son rouge à lèvres carmin me menace depuis le début de notre échange forcé.

— Tu comptes rester plantée comme une courge avec tes yeux de merlan frit ?

Je la reconnais bien là. Toujours aussi désagréable lorsque Neymar n'est pas là. Elle en profite.

Si ses paroles désobligeantes étaient un venin mortel, je serais déjà six pieds sous terre...

— Non mais oh ! Tu descends d'un étage ! intervient Ilona. Tu parles pas comme ça à Ester, c'est clair ? Sinon tu auras à faire à moi !

— Ouh, j'ai la trouille, se moque Bruna.

— Qu'est-ce qui se passe ici ? tonne Ney qui revient les bras chargés des plats du traiteur.

— Rien, mon amour, roucoule la Brésilienne en laissant papillonner ses faux cils.

Ilona serre les poings, prête à en venir aux mains. Son frère remarque sa mâchoire contractée. Il sait qu'on lui cache quelque chose mais, par politesse, décide de ne pas insister.

— Viens, Ilo. On va aller se préparer, lui glissé-je à l'oreille. Ne perdons pas de temps pour elle.

— Tu as raison, elle ne le mérite pas.

✶ ✶ ✶ ✶ ✶

Une bonne heure plus tard, nous descendons les marches une à une. Ilona a jeté son dévolu sur une robe longue parme échancrée sur la cuisse qui lui sied à merveille. Ses cheveux remontés en un chignon travaillé laissent apparaître sa nuque et son tatouage discret d'une pierre deux coups. J'en mettrais ma main à couper, Kylian va craquer dès l'instant où il la verra.

De mon côté, j'ai opté pour une robe longue bleu nuit recouverte à certains endroits de paillettes argentées qui rappellent le fard que j'ai appliqué sur mes paupières.

Des musiques entraînantes retentissent déjà dans le séjour. Les invités arrivent au compte-goutte. J'ai tellement hâte de passer un moment avec eux dans une ambiance moins pesante que celle de cet après-midi. Sous forme de buffet, le repas se déroule à merveille. L'alcool coule à flots.

Chacun échange avec ses pairs, rigole aux blagues de ses voisins. Tout est convivial à souhait. Les œillades assassines que m'adresse Bruna me glissent dessus. Elle ne me gâchera pas la soirée.

Le dîner terminé, nous nous déhanchons ensuite sur la piste de danse improvisée. Kylian et Ilona partent dans un tango endiablé sur un morceau de Shakira et se retrouvent imités par Marqui et sa femme. De loin, je les observe. Tout le monde semble s'amuser. La soirée organisée par Neymar est une réussite. J'enchaîne les coupes de champagne, alterne avec des verres de sangria puis bois d'une traite les shots de vodka. J'ai besoin de décompresser, de me vider la tête.

Sergio, qui s'en veut énormément depuis mon accident, m'invite à danser avec lui. J'accepte avec plaisir sa requête et me laisse emporter par l'instant présent. Mes côtes vont mieux et mon plâtre ne me gêne plus tant que ça. Les ecchymoses ont disparu aussi au fil des semaines. Je peux bien m'autoriser à profiter, à être heureuse pendant un court laps de temps.

Lorsque la musique change, Neymar prend la suite. Comme je m'en doutais, il cherche à obtenir des réponses et me demande ce qu'il s'est passé avant qu'il ne nous interrompe.

L'alcool déliant les langues, je lui explique la situation préoccupante entre Bruna et moi-même. Il m'écoute d'une oreille attentive, tente de prendre sur lui au fil de mon récit. Entrecoupé par mes éclats de rire idiots, j'ignore si mon discours a du sens. Je dois ressembler à une hystérique. Puis, la chanson qui se lance m'oblige à changer de partenaire. D'une démarche chancelante, je rejoins Gigio et lui accorde ce slow. Fermement, il me maintient contre lui, nos visages sont proches, trop proches. Sa main agrippée à ma hanche remonte en douceur à ma taille. Son parfum enivre mes sens. Je suis aux anges. Pas de douleur à l'horizon. Elle s'est évaporée comme par magie depuis que j'ai avalé le remède de tous mes maux : l'alcool.

À côté de moi, Ilona paraît vivre sa meilleure vie. C'est tellement flagrant qu'ils sont ensemble. Ils ne parviennent pas à cacher leur amour, leur lien si fort qui les unit un peu plus chaque jour.

Dans le micro, Neymar annonce que le décompte va avoir lieu. D'un geste gracieux, il nous invite à nous rassembler au centre de la pièce. Ça y est, nous allons passer à la nouvelle année. Je suis tellement excitée à cette idée. Un monde meilleur m'attend. J'ai hâte que la roue tourne.

Rageusement, Bruna roule une pelle à mon meilleur ami pour marquer son territoire, écrase avec assurance sa poitrine généreuse contre son torse.

Ma réaction ne doit pas être celle qu'elle attendait. J'explose de rire face à cette situation cocasse, burlesque. Mais que croit-elle ? Que j'en pince pour Ney ? Que je vais lui le piquer ? La supplier de le partager avec moi ?

Dans ses rêves. Neymar est et restera mon meilleur ami. Lui et moi contre le reste du monde.

Pour toujours et à jamais. On se l'est promis. 

Passion au stade {PSG}Where stories live. Discover now