La véritable maison

83 8 0
                                    

Zakarya


Nous sommes rentrés en voiture dans un silence cérémonial.

Mes sœurs se sont endormies. Léo pleure sans un bruit, à cause de notre châtiment.

Mon père conduit sans un regard pour moi, alors que ses yeux apparaissent face à moi dans son rétroviseur.

Ma mère, elle, tourne parfois la tête dans ma direction et m'offre son regard tendre et rassurant. Je ne sais pas comment elle fait pour ne pas m'en vouloir... J'ai l'impression de ne pas la mériter.

J'ai provoqué le bannissement de ma famille. Le déshonneur... Nous sommes exilés, par ma faute.

Et le pire dans tout ça, c'est que je ne regrette rien. J'ai honte de ma sanction, car elle impacte toute ma famille, mais j'aurai à nouveau détruit son visage, si je revivais la scène.

Quelque chose en moi est puissant, trop pour moi-même... trop pour cette vie...

J'ai peur de ne leur apporter que des problèmes et des sanctions. Mon père a déjà eu une vie très difficile, mon grand-père aussi. C'est quoi, une malédiction ?

J'ai tellement de questions, et aucune réponse.

J'aimerais parler à mon grand-père Will. Il est un peu sévère, mais je connais son cœur, et je sais lui parler. J'ai besoin de son regard, j'ai besoin qu'on me guide... Et mon père est presque trop proche de moi pour le faire. Je crois qu'il se voit en moi. Est-ce qu'il a peur que je me retrouve piégé comme lui ? Je ne sais pas. Il ne me parle quasiment jamais de sa vie d'avant, même si je sais ce qu'il s'est passé.

Ce connard a entendu cette histoire. Il l'a utilisé pour me piquer, mais il ne savait pas quel monstre il allait réveiller. Moi-même, je l'ignore en partie... quelque chose se déchaîne en moi depuis toujours, quand je perds le contrôle de mes émotions...

Je pensais avoir réussi à dompter cette part de moi, je n'avais pas eu de crise depuis des années. Mais c'est toujours là, et ça nous porte préjudice, à tous.

Quand je pourrai, je partirai. Je dois trouver la vie que la Déesse a prévue pour moi, et ne plus faire subir mes troubles à mes proches.

Arrivés à la maison, je vais m'enfermer dans ma chambre. J'ai besoin d'être seul. Pour réfléchir oui, mais aussi pour les laisser tranquilles.

Mais quelques minutes plus tard, je sais que ma mère est derrière la porte, et hésite à frapper. J'ai envie qu'elle vienne... même si j'ai besoin de m'isoler. J'ai besoin de savoir qu'elle m'aime encore, qu'elle me pardonne... Parce que j'aurai tout perdu si je ne l'ai plus de mon côté.

Elle frappe.

"Zak, je peux entrer ?

- Oui.

- Pourquoi tu restes seul ici ? On est en train de préparer le repas, on va déjeuner en famille comme chaque samedi midi, et discuter tous ensemble de tout ça.

- Je crois que je n'ai pas faim. Et je pense que papa m'a assez vu pour aujourd'hui.

- Ne dis pas ça. Papa a besoin d'un peu de temps. Je crois que tout se bouscule un peu dans sa tête. Laisse-le faire le tri, et quand il sera prêt, il te parlera comme je le fais maintenant.

Mon cœur... Ne doute pas un instant de notre amour et de notre soutien inconditionnel pour toi. Tu as fait beaucoup d'efforts pour apprendre à maîtriser cette part de toi, mais personne n'est infaillible. Tu as un point faible, comme tout le monde. Il se trouve que c'est moi... Je le suis aussi pour ton père, et même pour Papi ! J'utilisais ça à mon avantage quand j'étais petite.

Destins liés, 2. Alpha sans meuteWhere stories live. Discover now