Renegade

15. Moya lyubov'

-J'espère que Lazzaro n'est pas avec toi.

Qu'est-ce qu'il a fait à mon frère ?

-Si tu as touché à mon frère, Lev ou Tess, Salvio, je te jure que tu retrouveras pas ton putain de tarzan qui est à moitié camé à moitié débile.

Mon cœur pulsait, j'avais l'impression de le sentir cogner contre ma poitrine. Ma colère faisait vibrer mon corps, mes yeux étaient rivés sur le téléphone qui affichait le numéro non enregistré de mon frère.

Mon frère.

Il a osé toucher mon frère.

-Je vois qu'il est fidèle à sa réputation. Ton frère est avec moi.

Il avait prononcé cette phrase comme si cette information allait me rassurer. Mais ce n'est que le contraire qui se produisait.

Je sentais le souffle de Lazzaro contre ma joue, l'espace d'un instant j'avais oublié qu'il était à mes côtés.

-Cha, c'est quoi ce bordel, putain de merde.

Le fait d'entendre sa voix me rassura. C'était comme une preuve qu'il allait bien, j'avais l'impression que l'univers s'apaisait en sa compagnie. Il avait toujours été là pour moi et je l'avais toujours mis en danger. Encore maintenant, cela ne faisait pas exception.

-Sasha... Sasha, soufflais-je essayant de ravaler les larmes qui menaçaient d'exploser.

-Laisse moi parler à ma sœur, entendis-je mon frère dire à Salvio.

-Chanel... Depuis que tu es parti, c'est devenu la mer-

-Chanel, repris Salvio en coupant mon frère et je l'entendis jurer au loin. Où est Lazzaro ?

Mon cœur se mit à palpiter. Qu'est-ce que je dis ?

Je relevais la tête puis lança un regard à Lazzaro mais il n'était pas en mesure de m'en donner un. Il était toujours assis à mes côtés, il était crispé, ses muscles étaient saillants. J'avais l'impression qu'il n'était plus là, comme s'il était sous hypnose. Son corps était à mes côtés mais son esprit bien loin.

-Il n'est pas là, mentais-je.

-Écoute moi attentivement, tu vas enregistrer mon numéro et on va vous faire revenir à New York.

-Non. Non. Non. Je veux rentrer à Moscou.

J'en pouvais plus. Je voulais retrouver mon vrai chez-moi, mon frère et Lev.

-Si tu veux rejoindre ton frère, il est à New York.

Pourquoi ?

Mon coeur se mit à palpiter.

Mon frère est en danger.
Mon frère est en danger.
Mon frère est en danger.

Je l'ai mis en danger.
Je l'ai mis en danger
Je l'ai mis en danger.

Tout est de ma faute.

Comme toujours. Je le mets en danger.

Mes pensées tournaient bien trop vite dans ma tête.

-P-Pour-

Je fus coupée par Lazzaro qui saisit le téléphone, visiblement sorti de sa transe.

-Qu'est-ce que tu veux ?

-Rentre merde, qu'est-ce que tu fous encore là-bas ? Tu veux te refaire choper ? balança sèchement Salvio à travers le combiné.

-Je suis parti du Vénézuela, je suis à Calbury.

Visiblement, cette île désertique était connue entre eux. Il m'avait refusé cet appel pour ne pas qu'on sache notre localisation et désormais, il la donnait. Comme si au final, il n'en avait rien à foutre. Le fait de subir cette contradiction me mettait davantage en colère.

-Je vous envoie un jet pour demain alors, reprit Salvio. Tu rentres et t'arrêtes de faire le nomad. Tu as des affaires à reprendre.

Mon cœur se fit léger, mon espoir monta en flèche.

Demain.
Demain.
Demain.

Plus qu'une journée à patienter.

-Non, j'en veux pas de ton jet, déclara-t-il en raccrochant.

-Q-Quoi ? parvenais-je à bafouiller.

Il rangea son téléphone dans sa poche, me tourna le dos afin de saisir un t-shirt qu'il enfila avec une facilité déconcertante.

-On rentre ce soir. Range les affaires, je vais voir Thompson.

A peine sa phrase fut finie qu'il sortit du bungalow sans un mot, ni un regard de plus.

Thompson ?

Comme si j'étais censé savoir qui c'était.