30. Longue nuit

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-Tu sais quoi, j'ai changé d'avis. Je vais d'abord m'envoyer une séance de sport et après, on va le voir, déclara-t-il en tournant les talons.

À vos ordres monseigneur.


Comme si je n'étais pas déjà assez fatiguée.

Je levais les yeux au ciel puis m'affalais sur le canapé en démarrant la télévision pour continuer ma merveilleuse série qui me coupait de ce monde où je n'avais pas envie d'être : Outer Banks. Je ne l'avais toujours pas finie, il devait me rester encore quelques épisodes.

Et ce soir était le soir parfait pour les terminer.

Entre la nuit qui allait être longue et la révélation de mon frère qui ne faisait que tourner en boucle dans mon esprit comme un disque rayé, j'avais besoin d'un divertissement.

Je m'endormais petit à petit devant l'écran alors que le tueur à gages ne pointait pas le bout de son nez.

J'entendis ensuite sonner la porte d'entrée, ce qui me fit sursauter. Je mis instinctivement pause à ma série, et le silence régnait.

La moindre anomalie m'effrayait dans cette villa.


Personne n'est censé venir.

C'est nous qui sommes censés partir. Je cherchais un trou de souris suffisamment grand pour m'y mettre, mais je me résignais à agir en tant qu'adulte, responsable et courageuse : j'allais ouvrir la porte.


Si c'est Lazzaro qui me fait une blague, je l'égorge et je le noie dans sa baignoire.

Je me dirigeais vers le hall à pas de loup puis avant d'ouvrir, je regardais par le judas.

Je mis quelques secondes à m'habituer à la noirceur, puis je reconnus deux tignasses blondes.

L'un plus blanc que blond alors j'ouvris.

-T'en as mis du tem-

Salvio me reluqua de haut en bas sans se cacher. Je me pinçais les lèvres d'embarras alors que je remarquais le sourire en coin de la peste de Stella qui l'accompagnait.

Qu'est-ce qu'elle fait là ?

Qu'est-ce qu'ils font là ?

Elle semblait heureuse qu'on me voie dans cet état pitoyable, car elle était tout l'inverse. Ses cheveux blonds étaient parfaitement plaqués en l'air, son maquillage était fait à la perfection, son teint ressortait et sa peau brillait.

C'était presque irréel. Comme une Barbie.

J'eus honte de moi. Mes cheveux noirs étaient attachés dans un chignon mal fait, j'étais que très peu maquillée et à l'arrache : Je n'avais qu'un peu de mascara, d'anti-cerne et d'eye liner que j'avais appliqué ce matin. Ma tenue ne me mettait pas autant en valeur que la sienne, je portais un legging et un sweat bien trop grand pour moi.

Les battements de mon cœur accélérèrent, alors que je sentais les deux regards continuer de m'examiner comme des putains de scanners.

J'aurais aimé agir, bouger pour qu'ils arrêtent ou leur dire, mais j'en étais incapable. j'étais comme paralysé.

Mes pieds étaient cloués au sol.

Je n'osais même pas cligner des yeux.

-Continue de la regarder de travers et tu deviendras aveugle.

Le ton ferme et la voix neutre du tueur à gages me rassura. Je me retournais et je le vis débarquer torse-nu, une clope pendante à la bouche.

Ses cheveux humides lui tombaient sur les yeux. Il avait dû prendre sa douche.

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