Chapitre 22 : Le retour d'Ewen

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   Ewen rentra aux bureaux peu de temps après le retour de ses collègues. Ils s'installèrent dans le petit coin salon de l'open-space pour échanger à propos de leurs interrogatoires. Premières arrivées, premières à raconter leur périple, Béthanie et Maggie n'omirent aucun détail.

« —J'ai bien l'impression que nous l'avons définitivement perdue, soupira Ewen une fois le récit de ses collègues terminé.

—Je crois bien aussi, confirma Béthanie. En tout cas, cet interrogatoire ne nous a pas plus rassurées quant à ce qu'il peut être advenu de l'héritier Auguste.

—Il ne m'a pas non plus rappelée, renchérit Djamila.

—Et ce que je vais vous apprendre suite à mon entrevue avec Clarisse ne va pas nous apaiser non plus. »

   Ewen marqua une courte pause avant de continuer :

« —Elle était d'abord soulée de me revoir, mais elle s'est rapidement calmée et on a pu échanger tranquillement. Mais ça a été court, elle était très occupée.

—Cela va de soi, approuva Béthanie.

—Quoi qu'il en soit, elle n'a plus de nouvelles de Guillaume Auguste alors qu'il devait venir la voir pour de la paperasse. Il ne s'est pas présenté au rendez-vous convenu, il ne l'a pas appelée pour annuler, et il ne répond pas à ses appels.

—Quelles conclusions portez-vous à ces échanges ? »

    La voix venait de la porte de l'open-space. Patron s'y était installé, appuyé contre le chambranle, sans que les détectives ne remarquent sa présence discrète.

    Aucun d'entre eux n'osait prendre la parole pour émettre une hypothèse. Ils ne savaient pas déterminer si Guillaume Auguste pouvait être un coupable qui tentait de s'enfuir ou une victime en danger. Patron avait compris la situation.

« —Quoi qu'il arrive, leur dit-il, le lieutenant Messant vient d'exiger la recherche de l'héritier Auguste. Les frontières sont bloquées pour lui, il ne peut plus quitter la France par les moyens légaux, à moins que ce soit déjà fait. Ils sont aussi en train de préparer le dossier pour saisir la Commission de Contrôle des Fichiers d'Interpol. »

    Silence. La mobilisation de la police et d'Interpol aurait dû apaiser les inquiétudes des détectives. Mais, loin de les rassurer, ils furent davantage anxieux. Leur enquête prenait des proportions qui les dépassaient.

« —Clarisse t'a appris d'autres choses ? questionna Patron pour relancer Ewen.

—Elle m'a affirmé qu'Alexandre Auguste n'avait rendez-vous avec personne le soir où il a été tué. Elle est catégorique, chacun de ses rendez-vous est consciencieusement noté dans leur agenda électronique. Elle ne savait même pas qu'il devait se rendre à l'hôtel. C'est sûrement quelque chose qui a été décidé au dernier moment. Mais même dans cette situation, elle est étonnée qu'il ne l'ait pas prévenue. Il devait sûrement faire  une confiance aveugle en la personne qui l'a conduit dans cet hôtel.

—On le savait déjà qu'il avait rencontré quelqu'un de proche, dit Maggie agacée.

—Et ses téléphones et ordinateurs ont été analysés par les labos, les informa Patron, ils n'ont rien trouvé concernant cette rencontre.

—Ce qui nous amène aux conclusions de Clarisse. Elle pense que ce rendez-vous a été prévu au dernier moment par quelqu'un qui s'est invité dans le bureau de monsieur Auguste pour ne laisser aucune preuve, pendant qu'elle n'était pas en poste.

—Elle t'a donné les moments où elle n'était pas présente auprès de son patron ? demanda Béthanie.

—Oui. Elle se rappelle être allée aux toilettes une fois le matin et deux fois l'après-midi mais elle estime que ce laps de temps est trop court pour que quelqu'un soit passé organiser un rendez-vous avec monsieur Auguste. Elle prend sa pause repas en même temps que lui, il a mangé dans son bureau et elle ne l'a pas vu en sortir ni personne y entrer. En revanche, elle a dû s'absenter environ une heure en fin de journée pour récupérer des documents à l'étage juridictionnel. C'est le seul moment durant lequel Alexandre Auguste a pu recevoir une visite imprévue.

—Et dans les visites prévues ? questionna Djamila.

—Il a passé sa matinée en visioconférence avec des fournisseurs indonésiens. L'après-midi, il a passé un long moment avec l'expert-comptable d'une de ses boutiques qui se porte très bien et qui a un solide alibi pour le soir du meurtre. Et le reste du temps, il l'a passé seul dans son bureau. »

     Les détectives étaient consternés. Le meurtrier avait vraiment bien préparé son coup. Il avait su rester discret, trop discret. Mais il avait bien fait une erreur quelque part, et ils sauraient la trouver.

« —Est-ce qu'il y a un moyen de savoir qui est monté jusqu'à l'étage d'Alexandre Auguste grâce aux badges pour l'ascenseur ? demanda Maggie.

—Excellente question, approuva Patron avec un large sourire. C'est en effet une possibilité. Et vous avez une longueur d'avance sur la police qui n'est pas encore allée interroger le service de sécurité de la Tour Mandela. Vu l'heure, ce sera votre dernière intervention de la journée. Vous devriez ensuite vous reposer, je pense que les jours à venir ont de quoi être épuisants. »

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