55. Hanji Zoé

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- Les bébé sont fascinants, s'exclame Hanji! Quand ils naissent, ils n'ont même pas fini de se développer. Ils ne sont pas autonomes. C'est pour ça que ce sont les seuls mammifères qui ne survivraient pas sans leurs parents. 

- Tu les trouves plus intéressants que les titans, ricanais-je en m'essayant en face d'elle?

Elle s'amusa à entortiller les petits cheveux sur le crâne d'Eddie. Celui-ci semblait incapable de s'endormir dans ses bras, elle le stimulait trop depuis tout à l'heure. 

- Ne le prend pas mal mais les titans ont plus de mystères qu'Eduard. Même s'ils ont tous les deux le même instinct, manger et éjecter. 

- Tch... Ne compare pas les tas de cadavre que régurgitent ces monstres avec la merde de mon fils, pesta Livai au loin. 

Je lève les yeux au ciel en continuant à les écouter s'engueuler. Hanji voulant comparer Eddie à un titan et Livai qui la menaçait de l'ébouillanter avec l'eau chaude. Heureusement que le nourrisson ne comprenait rien face aux mots peu élégants que son père sortait. Je pense que Livai devrait commencer à perdre l'habitude de sortir des grossièretés à tout va. 

- Hanji, je trouve qu'il te va drôlement bien, ce cache oeil, lâchais-je pour changer de conversation. 

J'ai un peu regretté ma remarque qui devait lui rappeler la perte de son oeil et la mort de Moblit mais elle afficha un grand sourire en le frottant légèrement. 

- Etonnement, j'aime bien aussi. Même si ça fait un peu bizarre avec mes lunettes. Le plus perturbant est que je suis pas mal handicapée par mon côté gauche. Je dois toujours tourner complètement la tête pour viser mes angles morts. 

Je jette un regard à Livai qui était à l'encadrement de la cuisine à nous écouter silencieusement. J'avais remarqué que depuis leur retour à Shingashina, il n'appelait plus Hanji quat'yeux. C'était un détail qui montrait le respect et l'affection qu'il avait pour elle sans le montrer. 

Eddie ne semblait gênée de ne pas pouvoir dormir. Il était occupée à essayer d'attraper la peluche qu'Hanji lui agitait devant le visage. Livai me fit un signe de tête, comme quoi c'était sûrement le bon moment. Je me racle la gorge:

- Hanji...

- Hum? Quoi? T'es à nouveau en cloque?! Demanda-t-elle en ne lâchant pas du regard le bébé. 

- P...pardon? Mais non! J'ai accouché il y a un mois!!

- Je sais mais on ne peux jamais savoir avec vous. Maintenant que la machine est lancée...

- Stop! Je ne voulais pas te parler de ça... Et il n'y aura pas d'autre bébé! Hum... Avec Livai, on voudrait que tu deviennes la marraine d'Eduard. 

- Sa marraine, répéta Hanji en levant la tête? P...pourquoi? 

- On en a juste envie. Livai et moi n'avons plus de famille et hum... Tu es quelqu'un que j'apprécie beaucoup et que je connais depuis assez longtemps pour savoir que... je peux te faire entièrement confiance. 

Livai n'ajouta rien mais il m'avait semblé le voir acquiescer légèrement en croisant les bras. 

- Ma foi, pourquoi pas! Je n'ai jamais été marraine. J'ai plein de choses à apprendre à ce petit bonhomme! Croyez moi! Vous avez choisi la meilleure! 

___

Livai leva sa main droite lentement et referma les trois doigts qui lui restaient en soupirant. Il la fit retomber entre ses jambes. Il était fatigué, très fatigué. Ils avaient navigué pour retourner à Mahr et en finir avec Eren et tout ce merdier. Mais est-ce que son corps était prêt pour suivre ces combats?

Il remua lentement ses jambes endoloris et crispa légèrement son visage. Quand est-ce que tout ça cessera enfin? Juste pour qu'il puisse enfin se reposer en paix. Il frotta l'anneau argenté à son index gauche. 

Quand il tourna la tête pour voir la menace qui leur arrivait dessus, il vit le reste de ses camarades regroupé autour d'Hanji. Il se leva difficilement et marcha le long de l'entrepôt qui retenait l'avion. Il n'aimait pas les têtes dépéris qu'ils faisaient autour d'elle. 

- Sur ce... je vous dis adieu. N'oublie pas que Livai est ton subordonné. N'hésite pas à le faire trimer! 

La brune s'éloigna tranquillement d'eux, le sourire aux lèvres. Livai l'intercepta: 

- Hé! A quoi tu joues, binoclarde? 

Elle s'arrêta à ses côtés. Son sourire avait dépéri en marchant vers lui pour se transformer en une expression effrayée. 

- Tu le sais très bien, Livai. L'heure est arrivée. C'est mon tour. 

Le noiraud resta interdit un moment. Il était complètement sous le choc de la légèreté de ses propos. Elle continua: 

- Tu sais... Je suis désolée de vous avoir donné la mauvaise taille pour les bagues. 

- Tch... Tu crois pas que c'est un peu tard pour...

- Hé, Livai, prend soin de ta famille, l'interrompt Hanji. Je compte sur toi pour m'excuser auprès de Violet. Je me sens prête à partir en beauté. Ne gâche pas mes effets. 

Le visage de Livai devint grave. Sans jeter un regard à son amie, il leva son poing pour le poser contre sa poitrine. 

- Offre... ton cœur. 

Hanji sourit sincèrement. Elle s'éloigna en accrochant son crampon au bâtiment. Elle se retourna vivement vers lui en ricanant: 

- C'est bien la première fois que je t'entend dire ça, Livai! 

Le noiraud l'entendit s'éloigner sans se retourner pour autant. 

- Hanji! 

Tous ses camarades accourèrent vers lui, même si c'était trop tard pour la retenir. Elle était déjà loin. Iris jeta un regard désespéré au noiraud qui ne disait rien et restait immobile, dos à son amie qui disparaissait à travers les colossaux. 

C'était comme si une autre part de lui venait de mourir. Il baissa le regard vers sa main gauche et se fit une promesse silencieusement. 

- Adieu, Hanji... Veille sur nous. 

___ 

La maisonnée en bois apparut distinctement vers l'horizon. Mon fils sembla la remarquer également car il leva les bras en pointant la maison. J'étais plus aux aguets sur les alentours, à moitié rassurée de revenir ici, même s'il n'y avait plus de danger. 

Lorsque nous fûmes proches, j'arrêtais le cheval devant le portillon du jardin et descendit pour aider mon fils à en faire autant. Heureusement que celui-ci supportait les longues balades à cheval, nous avions dû traverser tous les districts de l'île, ne restant jamais longtemps au même endroit. Jusqu'à ce que je fus mise au courant de la nouvelle...

Mon fils croisa mon regard dès qu'il sentit que je ne le suivais pas vers la maison. Il s'arrêta pour revenir vers moi. 

- Maman, pourquoi tu as l'air triste? 

Je tente d'esquisser un sourire qui sonna aussitôt faux. Je vins caresser le haut de sa tête et décide lui avouer la vérité:

- Pour rien, maman a juste un mauvais pressentiment. 

- Pourquoi, tu as dis qu'il y avait plus de danger à la maison? Répondit-il du tac au tac. 

Je me baisse pour soulever Eduard et le prendre dans mes bras. J'embrasse sa joue tendrement et jette un regard à la maison. Cela faisait quelques mois que nous l'avions abandonnée et elle n'avait pas changé, à croire qu'ils ne l'avaient peut-être pas trouvée. 

J'avais caché, avec une vitesse fulgurante, toutes nos affaires personnelles pour que l'endroit paraisse complètement neutre. C'était aussi une raison, en plus de la localisation, de ce choix judicieux. Une trappe était cachée dans l'une des pièces avec une énorme cave où j'avais tout entassé. 

L'endroit semblait mort et ne dégageait aucun sentiment réconfortant. Mais cette maison était notre point de rendez-vous. 

Après tout, nous n'avions plus de raisons de nous cacher: la guerre était finie. Les titans ont disparu.

L'histoire d'une soldate [Livai x OC]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora