Chapitre 16 : Fugitifs

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Aspen atterrit en catastrophe au milieu de son ancien campement. Le Clamodactyl se cabra et hennit. Il sauta au bas de sa monture en portant Eira, évanouie. Interpelés par le bruit, les brigands sortirent des tentes, une lueur d'inquiétude dans le regard.

Quand ils aperçurent leur chef, ils accoururent vers lui.

‒ Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit l'un d'entre eux.

‒ Et qui est-ce ? l'interrogea un autre en avisant le sang argenté qui mouillait sa chemise. Une Fey ?

Soudain, Farrah fendit la foule et se précipita vers son ami. Dans le coucher de soleil, ses taches de rousseur sur sa peau pâle étaient semblables à des larmes de feu.

‒ Mais c'est la reine ! s'écria-t-il, les yeux rivés sur la jeune femme. Elle est blessée !

‒ Je ne peux pas tout vous expliquer, avança Aspen, mais elle maîtrise la magie et ses pouvoirs ont été découverts. Il nous faut fuir en attendant que la situation se calme. Les gardes ne vont pas tarder à se lancer à notre poursuite.

Il s'interrompît, puis reprit :

‒ Il faut déplacer nos installations, car nous allons être traqués par les Fey. La reine et moi allons partir vers le sud, et peut-être même quitter le royaume. Oh, et il faut évacuer Moonport pour éviter un bain de sang.

Un silence suivit ses paroles.

‒ Tu veux protéger une sorcière ? s'exclama un brigand, ébahi.

‒ Elle est notre seul espoir d'apaiser les tensions entre nous et les Fey, répondit posément le jeune homme.

‒ Quant au village de Moonport, intervint Farrah, ses habitants ont pris la mer avec les barques qui ont échappé à l'incendie. Ils ont décidé de le reconstruire sur la plaine de l'autre côté de la montagne. Ils devraient être en sécurité pour l'instant.

Aspen hocha la tête en signe d'approbation.  Puis, il se dirigea vers une tente rouge vif, écarta maladroitement les lourdes tentures qui faisaient office de porte et déposa la souveraine sur une pile de couvertures. Un jeune homme dégingandé le suivit.  

‒ Josiah, est-ce que tu peux la soigner ? le questionna-t-il.

‒ Je vais voir ce que je peux faire.

Le guérisseur ouvrit la sacoche de cuir qu'il portait en bandoulière et en tira plusieurs flacons ainsi que des bandages soigneusement enroulés sur eux‒mêmes.

Plongeant un mouchoir dans un seau d'eau, ils lavèrent le sang de la reine. Eira gémit doucement tandis que Josiah désinfectait ses profondes entailles avec un produit dérobé aux percepteurs. Il enduit ensuite ses balafres d'une pommade cicatrisante.

‒ Voilà, il ne reste plus qu'à bander ses blessures.

Ils se regardèrent, gênés. Cela signifiait qu'ils devraient la déshabiller pour lui mettre correctement les pansements. De toute façon, elle ne pouvait pas rester dans cette robe trop voyante, maculée de sang.

‒ Je vais m'en charger, si vous le voulez bien, glissa une petite voix derrière eux.

Le chef des brigands se retourna d'un bloc, surpris par ce timbre féminin dans un campement dhommes.

‒ Althea ! s'exclama-t-il, abasourdi. Mais qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas partie avec le reste du village ?

‒ Non, Wattan m'a aidée à vous rejoindre sans que personne ne le remarque. Je voulais vous aider...

Il échangea un regard avec Farrah, qui venait d'entrer. La jeune fille, qui portait un sac sur l'épaule, se jeta dans ses bras. À quatre autour du lit où reposait la reine, ils étaient un peu à l'étroit.

Frozen TearsTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang