Indomptable | Tome 1: Le contrat

Chapitre 10: En un contre un

Point de vue de Sett

Depuis deux jours, la lionne avait changé d'attitude. Elle n'avait pas perdu son honnêteté et son franc-parler, mais elle semblait bien moins confiante. Enfin, tant que ça ne perturbait ni le travail que je lui avais confié, ni les affaires de l'Arène, je voyais bien peu d'intérêt à essayer de lui faire cracher le morceau.

Ce matin-là, on déjeunait en silence dans la cuisine. Elle s'était assise sur le comptoir - apparemment bien plus confortable qu'une chaise - une tasse de thé dans les mains. Son regard se perdait dans le paysage, au travers de la fenêtre... Difficile de la reconnaître. Elle qui d'habitude parlait trop...

Son inattention me permit de m'attarder sur le détail de son apparence. Elle balançait ses pattes dans le vide nonchalamment. Avec cette robe, il fallait admettre qu'elle gardait sa prestance, et avait même une allure de véritable baronne... J'aurais menti si j'avais dû dire que la lionne était déplaisante... Au contraire. Ses hanches creusées par le corset accentuaient les courbes intenses de son corps. La peau claire de son cou et de ses épaules dénudées attendait d'être parcourue. C'était une tentation certaine, mais qu'il me fallait m'interdire...

Elle tourna les yeux vers moi, sûrement dérangée par mon regard insistant ; pourtant, elle sourit en coin.

"Tu me dévores des yeux, maintenant?" rit-elle doucement.

"Je dois vraiment répondre à cette question?"

En un instant, elle avait retrouvé son attitude habituelle. Au fond de ses orbes ambrés se ralluma une lueur de malice.

"On a un peu de temps devant nous..." repris-je.

"Du temps pour?"

Son ton laissait sous-entendre des choses que je préférai ignorer ; ma seule réponse fut un rire moqueur.

"On va aller s'entraîner un peu, dehors..."

"Oh, tu parles encore de mon direct du gauche qui est nul..." ricana-t-elle. "D'accord, si tu y tiens."

La jeune femme se leva, et attacha ses cheveux avec un ruban noir.

"Laisse-moi une seconde pour aller me changer, et j'arrive pour régler nos comptes." sourit-elle. "Attends-moi dehors, j'arrive."

Sa main passa sur mon épaule lorsqu'elle me dépassa pour se diriger vers sa chambre ; elle glissa avec négligence sur ma peau. Je fus captivé par le mouvement de ses hanches, se balançant de droite à gauche de manière indécente. Si elle le faisait exprès, alors elle était cruelle avec moi.

Quelques minutes plus tard, on se rejoignit dehors ; désormais vêtue d'une brassière et d'un short court, elle avait enveloppé ses mains de bandes, comme j'avais moi-même l'habitude de le faire.

"J'arrive pas à croire que tu essaies de m'apprendre mon métier..." fit-elle, manifestement désabusée.

"Montre-moi que tu sais, frapper, alors?" lui souris-je narquoisement.

En un instant, elle jeta son poing droit vers moi, que j'esquivai sans le moindre mal ; elle enchaîna d'un direct du gauche, que cette fois j'arrêtai avec ma main. Je déviai le coup et déséquilibrai la lionne en la jetant plus loin ; elle se rattrapa habilement.

Mira semblait piquée au vif.

"Il n'y a pas que le fait de frapper fort qui compte, tu sais?" dit-elle.

Elle courut à nouveau dans ma direction, préparant cette fois une frappe par le bas. Je m'apprêtais à réitérer la parade, mais au dernier moment elle glissa sur le sol, profitant de son élan pour arriver derrière moi ; je ne sus pas comment, mais elle réussit à me faire une prise pour me faire tomber au sol, ma tête contre son corps, mon buste et mon cou bloqués par ses bras et ses jambes.