"J'aurais voulu être un artiste..."

47 - Contradictions imaginaires

J'ai autant aimé qu'haïs l'imaginaire
S'il m'emporte quand le monde m'asphyxie
Il me rappelle que je ne sais pas vivre ici

La tête dans les nuages qu'on disait
Les pieds sur terre aussi, je le savais
Les paradoxes furent mes meilleurs ennemis

Je m'extasiais de créatures féeriques
Quand c'était le réel que je voulais tant
Le fantastique c'est beau sur le papier

Jamais envisager l'autre comme un monstre
Parce que j'ai pas d'armes pour leur échapper
J'ai pas appris à combattre la cruauté de l'imaginaire

C'est sûrement mieux ainsi
Je sais déjà pas affronter la vie
Je vois pas comment m'en sortir avec la magie

Si les gentils sont surpuissants
Les méchants le sont tout autant
Je veux pas être l'habitant qui crève en arrière plan

Alors j'ai hurlé à ma soeur
Que les bonhommes des écrans ne sont que des leurres
Avec les livres, on sait au moins que ce ne sont que des histoires

Pas d'images illusions pour tromper
Mais quand même des mots au parfum d'évasion
Sous mes yeux toujours des sillons

Refusant le sommeil, préférant la fiction
On peut au moins choisir la teneur du récit
Les vilains rêves t'oblige à croire à une autre vie

Et puis ce que j'aimais dans l'épuisante aventure
C'était les moments de répits
Sans armures les héros au repos

Ils ressemblaient davantage à ce que je voyais
Au loin, toujours au loin
Ils ressemblaient davantage à ce que rêvais

Les moments de simple humanité
Avant qu'action et passion reviennent à la chasse
Et je les insultais quand ils fonçaient dans le piège

Venez on retourne à l'abri, j'aurai voulu leur chuchoter
Je rêve d'une bulle transparente d'où je peux voir le monde
Me soigner, chouiner, m'apaiser pour pouvoir affronter

C'est lui le quotidien et le temps qui s'enfuit
J'ai besoin d'énergie pour courir avec lui
Ca se paye en courage, ça laisse un peu de liberté

J'ai pris un drôle d'outil
Un semblant d'aide
Un  truc chelou à injecter dans ma routine

Quand on comprend rien
On fait des dessins pour mettre à plat
J'écris quand je suis à plat

Des histoires de ma main
Un plat de fiction
Assaisonné de réels

Du réel rêvé
Du réel prison
Des réels d'autrui

J'ancre ma vie dans le réel
En en faisant une fiction
Parce que les vrais gens s'échappent, parce que le réel est fictif