L'Aigle et le Loup Blanc [Bucky Barnes] MARVEL

14.

Comme elle l'avait promit, malgré son grand trouble, Paula ne parla pas de Bucky à Jared. Mais se retrouver seule sans savoir quoi faire, quoi dire, fut une épreuve qu'elle n'avait même pas envisagé. Mais là voilà, sa main sur la poignée, prête à ouvrir à Bucky : elle avait choisi de lui en parler d'abord, parce qu'il était plus important que n'importe qui à ses yeux. Puis, elle l'annoncerait ensuite à Ted.

Son téléphone sonna, et, d'un geste vif, la femme l'attrapa.

- Allo ?
- Je suis là.

Elle raccrocha sans un mot en plus, et, se précipita sur la porte, qu'elle déverrouilla, nerveuse. Le voir arriver, avec un bouquet de fleur, maltraita son cœur, avec un air heureux : c'était toute la complexité de cet instant. Ses baisers la rendaient aussi joyeuse que inquiète.

- Comment vas tu ? demanda t il, en déposant un doux baiser sur ses lèvres
- Bien, et toi ?
- Je suis content de te voir.
- Hum...hum...il faut que je te parle. Assis toi, s'il te plaît.

Avec nonchalance, il s'affala sur le canapé, bientôt rejoint par la femme, qui se mordillait la lèvre, nerveuse, et l'homme l'observa.

- Tout va bien ? s'inquiéta t il en remarquant son air troublé
- Je suis enceinte, lâcha t elle brutalement.

Bucky parut voir sur le visage de la femme que cette nouvelle n'allait pas rimer avec joie, puisqu'il n'afficha aucun sourire.

- De deux mois, précisa Paula.

Il l'observa, confus, puis réalisa que ce n'était pas le sien, que cet enfant n'allait partager aucune gène avec lui. Les yeux bleus de l'homme roulèrent alors qu'il examinait son ventre.

- Je compte le garder, poursuivit la femme.

Aussitôt, Bucky sut ce qu'il allait se passer, et détailla avec horreur la pièce, comprenant qu'il ne la reverrait jamais.

- J'en doutais pas. Mais avec qui ? interrogea t il, les lèvres pincées.

Larmes aux yeux, Paula dirigea sa main et serra celle de l'homme, en ne le quittant pas des yeux, alors qu'elle soufflait :

- Cet enfant...je ne veux pas qu'il grandisse en voyant ses parents séparés, déchirés.
- Alors ce sera sans moi.

Paula sentit quelque chose se fissurer en elle, et se rapprocha de Bucky.

- Je ne veux plus être le deuxième choix, avoua t il.
- Tu n'es pas une option pour moi. Ce n'est pas envisageable, répliqua t elle, la gorgée serrée.
- Je le deviendrais. Entre ton travail, ton enfant et ton mariage, tu n'auras pas de temps pour moi.
- Je t'en trouverai.
- Arrête. Écoute moi. Ça me fait mal de te partager.

Paula fondit en larmes, alors que Bucky encadrait son corps de ses bras, les yeux baissés.

- Je ne veux pas que tu choisisses, alors je me désiste, murmura t il.

Les mots ne parvinrent même pas à sortir de sa bouche, tant la femme était hébétée : il y a dix minutes à peine, elle était sûre de ne jamais le perdre. Barnes parut murmurer trois mots d'amour, mais elle ne l'entendît pas : la seule sensation qui lui assurait qu'elle était encore en vie était les lèvres de l'homme contre son front, comme un signe de protection malgré l'éloignement.

- Bucky, sanglotait la femme, mais il ne s'arrêtait pas. Hé. Passe une bonne vie.

Il s'arrêta en l'entendant clairement lui parler, et lui chuchota :

- Toi aussi.

Paula essuya ses larmes au fil des heures qui passèrent, mais ne put s'empêcher d'en vouloir atrocement à cet enfant, qui gâchait absolument tous ses plans. Même si la femme n'avait à proprement parlé pas prévu de rompre avec Ted pour l'instant, elle pensait sérieusement à le faire. Mais maintenant qu'il était là, elle ne voulait pas quitter Ted : il était le père de son tout premier enfant, de cette créature magnifique qu'elle créait elle même. Avec regret, elle revit tous les verres et toutes les cigarettes qu'elle avait bus et fumées, et jeta son dernier paquet de cigarette. Alors qu'elle voyait tomber les cigarettes, elle soupira : il lui restait toute l'éternité pour se demander si Bucky savait à quel point elle l'aimait, et à quel point elle était heureuse d'avoir pu être près de lui.

Sans attendre plus longtemps, elle annonça la mauvaise nouvelle à Sam, qui l'appela aussitôt.

- Pourquoi ? s'agaça t il. Bon sang, je me voyais déjà Tonton !

Paula se racla la gorge, en ravalant un rire mouillé.

- Eh bien tu vas pouvoir l'être. Je suis enceinte. De Ted. C'est pas très prudent de le dire maintenant, si je le perd, mais voilà, il faut que je le dise.

De longues secondes s'écoulèrent, sans que Sam ne dise rien, à part une injure qui vint après.

- Mais quel est le rapport ?
- Je crois que Bucky aurait voulu que je quitte Ted. Sauf que je ne peux pas.

En tant que journaliste, Paula était habituée à dire des choses qui la rendaient triste, et à cacher ses émotions, mais ce jour là, elle n'y parvint pas puisque Sam demanda aussitôt :

- Tout va bien ?
- Bien sûr.
- J'arrive.
- Pitié, non, j'ai passé trop de temps à essayer d'arrêter de pleurer pour que tu reviennes et que tu gâches mes plans. Je ne veux pas de pathos. Va t'occuper de Bucky, Sam.
- D'accord.
- Mais promets moi : tu ne dis rien à mon propos à Bucky. Et moi je ne veux rien savoir.
- Comme tu veux.

L'homme montra une nouvelle fois son accord, et la femme soupira de soulagement.

Alors qu'elle raccrochait, à l'instant même, il y eut le bruit des clés dans la serrure, et Ted apparut dans la porte, en soupirant. Elle se glissa pour le rejoindre, embrassa ses lèvres et il la serra dans ses bras.

- Tout va bien, mon sucre ? demanda t il en posant sa valise au sol.
- Oui, et toi ?
- Super. J'ai faim. Faisons nous un repas.

La femme hocha la tête, et le couple commença à préparer un plat, coupant des carottes, épluchant des pommes de terre, et alors que ces légumes cuisaient, Paula se sentit le courage de lui annoncer :

- Je suis enceinte, Ted, exposa t elle.

Elle ne vit pas apparaître la joie qu'elle pensait trouver sur son visage, au contraire : les sourcils froncés, les lèvres pincées, de nombreuses pensées parurent le traverser, et il se tourna vers elle, simulant ensuite une euphorie.

- C'est super ! s'exclama l'homme, en l'enlaçant

Elle partagea sa joie, et le laissa embrasser son front, alors qu'il la balançait sur le côté, comme pour danser, les lèvres posées sur son front. Un sourire sans vie habitait le visage de Paula, alors qu'elle réalisait à quel point Bucky lui manquait : elle aimait se rassurer en se disant que l'amour qu'elle éprouvait pour lui était une faiblesse, un passage.

La soirée se passa sous le signe d'une joie forcée, des deux côtés, sans que la femme s'en rende compte. Vers vingt deux heures, Ted força sa fiancée à se coucher tôt, en ayant une pensée pour le bébé, et la rejoint rapidement. La main sur sa joue, il lui souffla :

- Bonne nuit.

Elle répondit qu'elle lui souhaitait de faire de beaux rêves, et ferma les yeux, en s'endormant sans difficulté.

Paula ouvrit les yeux le lendemain, dans le noir, et une boule de peur s'était formée dans le creux de son ventre, alors qu'elle se souvenait de la veille. La place à ses côtés, dans le lit, était vide mais elle se rassura en se disant qu'il lui préparait probablement le petit déjeuner.

Elle descendit les marches, arriva ensuite dans la cuisine : il n'y avait rien, ni traces de vie, ni odeur d'un quelconque plat. Sur la pointe des pieds, Paula fit le tour de la maison, avant de trouver sur la table de la salle à manger la bague de fiançailles de Ted, et une lettre. Disant un seul mot :

Désolé.

Avec horreur, Paula comprit qu'il était parti, et, dans le silence de la maison vide, qu'elle était seule.