Avatar : La danse des flammes (Tome 2)

Chapitre 10

PDV Neteyam :

Cette partie de la forêt avait perdu toutes ses couleurs. Il ne restait plus qu'une nappe de cendre recouvrant la totalité de la zone et des restes carbonisés de ce qui vivait ici avant que les flammes ne s'occupent de tout raser. Je parvenais à visualiser le décor avant que tout ne disparaisse. J'imaginais la végétation régner sur les lieux, laissant tout de même un espace important pour accueillir les labos ou les simples éléments essentiels du campement. Il devait planer en ces lieux une douce atmosphère remplie de vies. Désormais, je foulais ce sol poussiéreux et démunie de couleur en réalisant que ce nouvel atmosphère se rapprochait plus de l'horreur que de la douceur.

Notre philosophie voit la mort comme un simple évènement de la vie. Il s'agit d'un cycle, d'une énergie que l'on nous prête pour un jour la rendre. Mais j'avais beau avoir grandi avec cette idée, je ne pouvais m'empêcher de me demander si Eywa avait inclus l'humanité dans son cycle naturel. Il était possible que leurs âmes aient disparus pour toujours, rendant tout contact impossible. Comme Aly qui était pourtant née ici, sous son œil.

-Elle aurait détesté ça... ai-je murmuré pour moi-même en pensant à ce que Aly dirait si elle était là, avec moi, face à ce décor monstrueux.

Je tentais de chasser cette idée mon esprit lorsqu'une brise m'a définitivement ramené à la réalité. Elle s'était accompagnée d'une odeur de brulé, laissant une trainée de poussière s'envoler autour de moi. Comment cela pouvait être beau ? Pourquoi avais-je l'impression que quoi qu'il se passe, Pandora fini toujours par retrouver son éclat d'origine ?

En suivant cette trainée poussiéreuse des yeux, j'ai fini par les poser sur une cahute qui tentait de se cacher derrière le peu de végétation qui restait. Il s'agissait d'un labo et pas n'importe lequel, c'était ici que reposait l'Avatar de Grace, mais c'était surtout derrière ces murs que travaillaient les amis de mon père, Norman Spellman et Max Patel.

Sans réellement réfléchir, je me suis redressé et me suis dirigé à grandes enjambées en direction du labo. Je ne savais pas ce que j'espérais. Il était évident que les lieux ont été désertés depuis longtemps et que je ne trouverais personne à l'intérieur. Mais je ne pouvais pas repartir les mains vides. Il y aurait forcément quelques indices sur l'endroit où les survivants se sont cachés. Et s'il n'y avait pas de survivant, peut-être qu'entrer dans ce labo pourrait me permettre d'en être définitivement sûr. J'espérais de tout cœur ne pas trouver de cadavre.

En ouvrant le sas, j'ai failli trébucher sur une valise médicale abandonnée dans le passage. Le couvercle ouvert était taché de sang. Je me voyais déjà retrouver Norm ou Max allongé par terre, sans vie. Mais en levant les yeux, je n'ai rien vu du tout, à part une trainée de sang qui partait du premier bureau jusqu'à mes pieds, comme si un corps avait été trainé jusqu'à la sortie. J'ai très vite fait abstraction de ce détail en remarquant que les lieux étaient vides. Cette personne était probablement morte, et si ce n'était pas le cas, elle devait déjà être très loin. En tout cas, je ne pouvais rien pour elle pour le moment.

Je m'étais mis à fouiller les lieux à la recherche de quelque chose, un indice, n'importe quoi. Je suis rapidement tombé sur Grace, enfin, son Avatar toujours flottant dans sa cuve. Ceci était le seul élément du laboratoire qui n'était pas en veille ou tout simplement éteint. D'après ce que j'avais sous les yeux, elle était toujours en vie, mais totalement abandonnée. L'idée qu'elle n'ait pas été abandonnée, et qu'elle soit tout simplement la seule rescapée m'avait donné des frissons.

-Je les retrouverai, ai-je dit en tentant de me persuader moi-même.

Sans plus attendre, je me devais continuer à fouiller. J'ai alors retourné des documents incompréhensibles dans tous les sens pour m'assurer de ne rien manquer. Et cette minutieuse recherche a fini par payer. Au fond d'un tiroir, entre deux morceaux de papier, se trouvait un objet que je connaissais. Il s'agissait d'une clé informatique. Le même objet que celui qui nous permettait de visualiser les vidéos réalisées par Grace ou encore notre père lorsqu'il était humain. Je me souviens qu'à une époque, avant le retour de la RDA, Norm nous avait confié la clé qui détenait toutes les archives des travaux de mon père lorsqu'il était arrivé sur Pandora. Avec Lo'ak, nous avions l'habitude de nous cacher ici, dans ce labo, pour regarder ces vidéos. Ça nous fascinait de voir notre père sous cette forme extraterrestre. C'est à cette époque que j'ai réalisé pour la première fois qu'il était sérieusement différent. En tout cas, ce qui importe maintenant, c'est que je me souvienne comment tout cet attirail fonctionne.