CHAPITRE 15

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10.. 11.. 12.. 13..

Je n'ai pas quitté ma chambre depuis ces jours-là, les joues baignées de larmes et l'indifférence dont je fais preuve envers mes parents, Kelly et Dallas. Les appels de Jessi résonnent par dizaines chaque heure, pourtant mon esprit m'a ordonné d'éteindre mon téléphone et de verrouiller à clef la porte de ma chambre.

Le moyen que j'avais de calmer mes crises s'est envolé, plus de bijoux, plus de collier, plus d'attachement. Le seul bref souvenir qu'il me reste d'Elone est le pot de crème en vrac sur ma table de chevet que je n'utilise plus. J'ai mal, mentalement je suis épuisé, physiquement je n'existe plus.

— Emire..

La voix au départ douce de ma mère s'est rapidement transformé en impatience, l'envie de grignoter est présente, mais j'ai du mal à me lever, à affronter leurs regards qui hurleront que je suis naïf, que je me suis laissé avoir par quelques moments sympa avec Elone.

— Jessi est en bas, il aimerait énormément te voir chéri.

Quand j'entends ses pas descendre l'escalier, je déverrouille lentement le loquet de la porte avec un peu de mal pour essayer d'attraper la bouteille d'eau qui est posée depuis deux jours sur le devant de cette dernière. Des vans attirent en premier mon regard, avant que des yeux inquiets ne se posent sur ma cheville. La silhouette se baisse à mon niveau en se risquant à toucher légèrement mes boucles blondes.

— Dirksen se demandait si tu comptais laisser ta planche de surf pourrir dans un coin de la plage.

À cette phrase, je sens mes derniers remparts se briser et mes sanglots se tasser dès que le bras de Jessi m'attire à son torse.

— Pardon. chuchotais-je.

Il secoue la tête alors que ses mains continuent de trouver une place entre ma nuque et l'espace de mes jambes afin de me surélever, la porte claque doucement derrière nous.

— L'été n'est pas fini que tu commences déjà à broyer du noir ?

Malgré son ton moqueur, l'envie de rire n'est pas présente, mes yeux se ferment légèrement tandis qu'un soupir passe entre les lèvres, je sais d'avance qu'il ne quittera pas cette chambre avant d'avoir obtenu les réponses nécessaires à mon état.

— J'ai laissé Elone partir, définitivement.

Je ne sais pas pour quelles raisons je murmure ce dernier mot, sûrement par peur que je ne l'avais pas encore prononcé, que ça ne devienne trop réel à mes yeux.

— Tu n'as pas à culpabiliser de prendre soin de ton cœur pour une fois, Emi.

Comme pour nier, je hausse les épaules en détournant le regard, je ne suis pas amoureux d'Elone, mon cœur n'est pas amoureux de lui. Pourtant l'envie de prononcer une bonne fois pour toute la phrase qui hante mes nuits me démange.

« Je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi. »

Putain Elone, je pourrais tomber amoureux de toi des milliers de fois, qu'au final ça ne ferait plus si mal que ça, j'apprécie la douleur tant qu'elle émane de ton cœur.

Alors que je m'apprêtais à retourner dans mon lit sans répondre, sa main agrippe brutalement mon poignet et son menton désigne la pile de vêtement sur mon bureau, comprenant qu'il a envie que je m'habille pour sortir d'ici, je secoue à mon tour la tête.

The Shade Of SosthèneTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon