chapitre 2 : Elena

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Revenir à la routine, revenir à ma solitude aimée, revenir chez moi. Sortir un peu est plaisant, cela me permet de décompresser, mais être en présence de multitudes de bruits et d'autres choses me fatigue et me donne envie de fuir, de partir ou de me cacher dans un endroit loin de tout le monde.

À la fin, où suis-je le plus à l'aise ? Chez moi ou à l'extérieur ?

L'été est déjà là depuis un mois. Certains sont en train de voyager loin de la ville, découvrant des lieux magnifiques, créant des souvenirs en famille ou entre amis, planifiant leur vie et même leurs futures vacances.

Mais moi, je suis ici, travaillant et révisant pour l'université, me consacrant à être la fille parfaite. Peut-être que c'est mon "karma" pour les erreurs que j'ai commises. C'est probablement la meilleure chose que je puisse faire après avoir déçu tant de gens. Je ne mérite pas de partir en vacances et encore moins... d'être heureuse en présence d'autres personnes.

Malgré le fait que je souhaite avoir des moments inoubliables et magiques avant de commencer la fac cet été, ce rêve ne se réalisera jamais, car je ne mérite pas cela.

Soudain, j'entends un bruit de klaxon devant moi et je remarque qu'une voiture freine brusquement. Surprise par cet événement, je suis figée sur place, ne sachant pas quoi faire, éblouie par la lumière de ses phares avant, et ne sachant pas si je dois éviter la voiture ou rester immobile, tellement j'étais perdue dans mes pensées.

— Tu ne fais pas attention où tu vas ? Ce n'est pas un trottoir ici.

Je me rends compte que je marche sur la route du quartier. Bien que peu de voitures passent par ici, il serait plus prudent de marcher sur le trottoir, mais j'étais tellement absorbée par mes pensées que je n'ai pas vues où j'allais.

— Je suis désolée...

— C'est incroyable.

Le monsieur s'en va dans sa voiture en colère sans me laisser m'excuser. Je retourne sur le trottoir et continue ma route tandis qu'il démarre pour partir.

C'est vraiment stupide. Je suis stupide, c'est toujours moi qui suis en tort.

Je rentre chez moi pas à pas après une longue journée de travail. Ma capuche est toujours sur ma tête pour éviter les regards des gens qui me fixent dans la rue quand je marche. On ne sait jamais ce qu'ils peuvent penser de nous.

Peut-être me trouvent-ils belle, bizarre, grosse, trop mince ? Peut-être se disent-ils : "Regardez-moi ça, encore une noire dans notre quartier ?" On ne sait jamais quelle image les gens ont de nous. C'est épuisant à la fin, et cela me force à marcher la tête baissée. Je préfère qu'ils me voient comme une indifférente plutôt que de révéler ma vraie personnalité, et imaginer comment ils pourraient me juger.

Retour au bercail, j'avance sur le palier et, avec mes clés, j'ouvre la porte d'entrée. Je la referme derrière moi et me dirige vers la cuisine, attirée par l'arôme de poulet frit qui flotte dans l'air.

— Bonsoir maman ! Dis-je.

— Bonsoir ma chérie. Comment s'est passée ta journée ? Demande-t-elle.

— C'était bien ! Réponds-je.

— D'accord, va prendre un bain et viens dîner. Dit-elle.

Je fais signe de la tête avant qu'elle ne se retourne pour sortir le poulet de la poêle. En gravissant les marches, j'atteins ma chambre. Je remarque une fois de plus que quelqu'un est entré dans ma chambre et a laissé la lumière allumée.

D'un soupir, j'éteins tout sans ranger le désordre sur ma table de travail. Je retire ma capuche ainsi que mon pull et je laisse tomber mon sac à dos sur le lit avant de m'y allonger.

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