♠ Chapitre 29-

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J'avançais lentement mais sûrement, les pieds lourds, la tête également, le cerveau déconnecté et plongée dans mes pensées, mes questions, mes raisonnements.
Ma main se resserrait contre la lanière de mon sac. Aujourd'hui c'était un jour sans beaucoup de cours, à défaut de prendre mon sac à dos, je pouvais me permettre de prendre un plus petit sac en bandoulière qui supportait ma farde et deux cahiers peu menus.

Les yeux baissés, j'avais fait abstraction de tout ce qu'il y avait autour de moi, les mots de cet interrogatoire, tourné comme une simple rencontre, me trottaient dans la tête.

Qu'allait-il arriver? Serons nous découverts ?

Je dis nous parce que, oui, je suis aussi concernée dans cette histoire. Je le répéterais maintes fois, comme je me le suis toujours dit depuis les vacances.

Je passais mes journées affalée dans mon lit, un coussin bien frais calé dans mes bras, l'entourant, posé sur mon ventre dénudé tant la chaleur m'insupportait. Je fixais le plafond de ma chambre et réfléchissais. Je réfléchissais à mille et une possibilités. Ce qu'il se serait passé si j'avais écouté Harry. Si Sam avait été plongé dedans sans l'aide de Jons. Et si j'avais été la victime de Tom pour de bon?

J'avais des dizaines de scénarios qui me tournaient dans la tête, défilant devant mes yeux. Comme si je regardais un film.
J'étais muette, enfermée dans ma chambre, je ne mangeais que quand l'envie me prenait. Non pas par dépression mais par réflexion. J'étais tellement absorbée dans ces idées, que je n'en voyais pas défiler les jours.

Mes parents s'inquiétaient de ne plus me voir descendre ou de sortir avec eux, ni manger une des bonnes pizzas de ma mère avec pleiiiiiin de fromage. Quand ils m'avaient appelée, j'avais mangé une part seulement, chipotant encore avec le morceau. D'habitude je me serais jetée dessus comme un vulgaire animal affamé.

Je me rappelle qu'un jour mon père avait frappé à la porte de ma chambre avant d'y entrer en douceur. Jamais il n'avait vraiment dépassé le seuil hormis lorsque Tom avait été tué. Et encore. Bien souvent, il venait me réconcilier quand j'étais effondrée dans le fauteuil, somnolant, les yeux bouffis. Je pleurais souvent dans le fauteuil, tentant en vain de me changer les idées devant un film ou mes séries préférées, mais rien n'y faisait. Je m'empiffrais, à la place, d'énormes pots de glace et enchaînais les cuillères entre deux sanglots. Mon père venait souvent m'enlacer quand j'étais allongée dans le divan, endormie, ou presque. Il s'asseyait à mes côtés, relevait la couverture jusqu'à mes épaules, me voyant trembloter dans mon sommeil et me caressait le dos ou mes cheveux me faisant frissonner. Une fois, il s'était assoupi à mes côtés. Je m'étais réveillée plus tôt que lui mais je n'avais rien dit, fermant les yeux comme si de rien était, jusqu'à ce qu'il se lève à son tour et s'en aille.

Cet été, c'était aussi parce qu'il était inquiet pour moi, mais d'une autre façon. Ce n'était non pas pour me consoler, mais pour savoir ce qu'il se passait. Ce qu'il s'était passé durant cette semaine enfermée entre les 4 murs de mon école.

Assis sur le bord du lit, il caressait mes cheveux, m'observant, attendant sûrement que je dise quelque chose ou que je le regarde. Mais je n'avais rien fait. Il avait attendu là quelques minutes avant de baisser la tête, inspirant profondément. Comme s'il ne souhaitait pas me voir quand il me posera cette question fatidique, celle qui brûlait les bouches de tout ceux présents dans cette maison.

- Qu'est ce qu'il s'est passé là-bas? Harry t'as fait du mal Ju' ? Il ...Il a... avait commencé mon père, la gorge sèche.
- Papa arrête. avais-je soufflé, mal à l'aise.
- Tu peux tout me dire tu sais...
- Il ne s'est rien passé de ce que tu peux croire, imaginer ou même penser.
- Mais depuis que tu es rentrée tu es restée enfermée dans ta chambre, sans bouger, ou presque... On se pose des questions et on s'inquiète ta mère et moi. Et...
- Papa ! Il n'y a rien eu, crois moi... C'est juste que j'évite de bouger avec ma jambe brisée, ça m'épuise. Mais.. Ne t'en fais pas, Harry a pris soin de moi et n'a rien fait qui aurait pu me blesser. l'avais-je rassuré, ou du moins essayé.

Coincée au Lycée. [En Cours De Réécriture/Relecture] Donde viven las historias. Descúbrelo ahora