Chapitre 5 : Corrompue

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Je parai le coup de Lavio d'un geste fluide. Nos deux épées s'entrechoquèrent un instant puis la mienne alla voler jusqu'à la main libre de mon entraîneur. Mon sourire vira à la grimace ; il avait encore réussi à me désarmer. Il me renvoya mon épée et nous nous mîmes en position l'un en face de l'autre : jambe d'appui en arrière, buste droit et de profil, les épaules affaissées. Avant de me donner le coup d'envoi, Lavio me conseilla :

- Veillez bien à garder un œil sur votre arme, ne focalisez pas l'entièreté de votre attention sur votre adversaire, réservez-vous en un peu pour vous et votre épée.

J'acquiesçai, et tentai de mettre à profit son conseil. D'un hochement de tête, mon meilleur ami lança notre prochain duel et nous nous élançâmes l'un vers l'autre. Même si notre échange dura plus longtemps que le précédent, il finit sur la même note, quoiqu'avec une petite différence. Cette fois-ci, Lavio me déstabilisa avec une parade et je tombai par terre sur les fesses. Galant, mon maître d'armes rangea son épée et me tendit la main pour m'aider à me relever. Je la saisis et me redressai en soupirant.

- Encore un point pour toi, je n'arriverai jamais à avoir le dessus, me désespérai-je.

- Ne dites pas ça ! Moi j'ai des années d'expérience derrière moi, alors que vous, vous ne vous entraînez que depuis trois ans et regardez le niveau que vous avez déjà !

- C'est parce que tu es un excellent professeur, souris-je, rapidement imité par mon ami.

- Peut-être, mais vous êtes ma meilleure élève.

- Je suis ta seule élève Lavio, ris-je.

- Peu importe, lorsque j'en aurai, vous resterez toujours ma préférée !

- C'est gentil merci, répondis-je doucement.

Sur ces bonnes paroles, je me hissai sur la pointe des pieds et déposai un baiser sur sa joue. Bien que nous étions dans l'obscurité, je vis le visage de mon meilleur ami rougir jusqu'à la pointe des oreilles. Nous nous fixâmes quelques secondes sans rien dire, laissant le vent parler pour nous. Ce silence entre nous n'avait rien de malaisant, au contraire, il exprimait ce que nous n'osions pas nous dire, même si je ne percevais aucunes des pensées qui traversaient l'esprit de Lavio.

Je m'écartai légèrement de mon ami de toujours et laissai mon regard caresser notre clairière plongée dans l'obscurité. Plus tôt dans la soirée, après s'être échauffés, j'avais exprimé mon désir de quitter l'enceinte du palais et Lavio, bien que réticent au début, avait fini par céder. Dans le plus grand des secrets, nous avions scellés nos chevaux et avions galopés jusqu'à notre refuge.

Bien que la Triforce n'est disparue que depuis un peu plus de trois mois, la clairière était désormais aussi vide et dépourvue de verdure qu'en plein hiver, alors que nous étions en été. Les nuits étaient encore plus glaciales qu'autrefois, je n'osais imaginer ce qu'enduraient les Gerudos dans leur désert. Malgré ma simple tenue d'entraînement - une chemise large qui me permettait d'effectuer tous les mouvements de bras que je voulais et un pantalon marron serré, le tout accompagné de hautes bottes de cavalière -, je n'avais pas froid, car mes leçons de défense exigeaient un total dévouement.

Je ramenai mon attention sur Lavio, qui s'était détourné de moi et fouillait son sac de toile pour y trouver je ne savais quoi. Finalement, il en sortit quelques baguettes aux couleurs variées avant de se retourner vers moi.

- Maintenant, nous allons travailler les combats où vous êtes la plus douée : les combats magiques.

Je battis des mains, les combats de magie étaient ceux où je me débrouillais le mieux. Avoir héritée des pouvoirs de votre ancêtre qui n'est ni plus ni moins que la plus puissante Déesse au monde y était pour quelque chose !

Le Deuxième MondeWhere stories live. Discover now