Chapitre 11 : Le Couronnement

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« Garde la tête haute. Lève les yeux. Soutiens leur regard. »

Voilà les mots que ma mère m'auraient dit si elle se trouvait à mes côtés.

Est-ce que je le fais bien mère ? Êtes-vous fière de moi ?

C'est ce que j'espérai de tout mon cœur. Qu'elle soit fière de moi, où qu'elle se trouvait. Que mes deux parents soient fiers de moi. Même si mon père n'avait jamais été très démonstratif. Même si ma mère avait été absente la plupart du temps.

Ils ont fait de leur mieux, ne cessais-je de me répéter lorsque ce genre de pensée obscurcissait ma réflexion.

Face au miroir, je fixai le reflet que la glace me renvoyait. Une Reine devait-elle ressembler à ce que je voyais ? Je n'en savais rien. Tandis que Louise finissait d'ajuster ma sublime traîne de dentelle, je comparais mon portrait à celui du seul modèle de Reine vivante que j'avais eu l'occasion de rencontrer : ma génitrice bien-aimée. À côté d'elle, je me sentis bien fade. Ma mère avait toujours su attirer les yeux de part sa prestance. Lorsqu'elle pénétrait dans une pièce, elle en aspirait toute l'attention, aimantait tous les regards.

La seule chose qui attirait l'œil chez moi, c'était mes cheveux violets et mes yeux rouges, qui faisaient tâche dans le décor. Oui. Je faisais clairement tâche.

Ma chère camériste posa ses mains sur mes épaules, comme si elle avait lu dans mes pensées. Malgré la douceur de son geste, je sursautai. Je tournai la tête et vis que Louise avait les yeux fixés sur mon reflet.

- Vous êtes si belle, souffla-t-elle, semblant réellement captivée.

- Tu trouves ? m'étonnai-je.

Je focalisai à nouveau mon attention sur la jeune fille qui me faisait face. Oui, certes, admettons, j'avais du charme. Et en quoi cela allait-il m'aider ? À rien. Juste à afficher un sublime sourire pour enjôler quelques mâles sans intérêt à quelque réception.

Formidable.

- Cela ne me servira pas à grand-chose... exprimai-je ma réflexion intérieure.

- Détrompez-vous, si vous saviez à quel point une fille avec un joli minois peut obtenir tout ce qu'elle désire...

- Mais je n'ai pas ton aisance au dialogue. Ni tes techniques de euh... drague ?

Un rire cristallin s'échappa de la gorge de mon petit rayon de soleil quotidien.

- Ça, je peux m'en charger ! Je peux faire de vous une prédatrice en quelques jours si vous le voulez, me proposa-t-elle avec un sourire malicieux.

Au vue des histoires que ma chère domestique personnelle m'avait conté sur ses relations, je préférai décliner sa proposition.

- Je... n'en ai pas besoin pour le moment, je te remercie.

- Comme vous le souhaitez ! conclut-elle en haussant les épaules.

Je me détournai de ma royale figure, presque déçue de ce que je voyais. Ou plutôt de ce que je ne voyais pas.

- Tu es sûre que ça va ? demandai-je une nouvelle fois, comme pour être sûre de ses ressentis.

- Bien sûr, vous êtes réellement sublime, répondit-elle comme s'il s'agissait de l'évidence même. Tout le monde va tomber raide dingue en vous voyant !

Cela, ça m'étonnerait, avais-je envie de répondre, mais je me retins.

Quelqu'un toqua à la porte, et tandis que Louise partait lui ouvrir, je jetai un dernier regard vers mon portrait pour arranger quelques mèches prises dans mon diadème. C'était une tiare toute simple, juste un fil d'or qui me resserrait légèrement la tête. Personnellement, j'avais l'impression qu'il m'étriquait la cervelle.

Le Deuxième MondeWhere stories live. Discover now