Le meurtre (2)

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Il s'agit de la suite de l'exercice précédent où la consigne d'écriture est la plaidoirie de l'avocat pour défendre son client. Dans la proposition d'écriture, on ne sait rien de l'enquête.

Plaidoirie de la défense

Monsieur le Président, mesdames et messieurs les jurés, je suis aussi surpris que vous de me retrouver ici à défendre les intérêts de mon client. Comment la justice peut-elle à ce point défaillir qu'on en arrive à juger les faits et gestes d'une personne à la moralité irréprochable alors qu'il n'existe-comme je vous le démontrerai dans un instant -aucune preuve tangible des crimes dont on l'accuse ? Est-il même nécessaire que je plaide ? Le réquisitoire que vient de nous faire le Procureur de la République devrait amplement suffire à exonérer mon client des terribles accusations tant le dossier est vide. Mon client a d'ailleurs été autorisé à ne pas être présent physiquement à son procès. Il est en effet hospitalisé pour une dépression extrêmement sévère consécutive aux propos diffamatoires dont il est l'objet au quotidien. La presse l'assassine et l'ensevelit, Monsieur le Président, mesdames et messieurs les jurés. Oui, vous avez bien entendu, je l'espère, combien est terrible la détresse de mon client aux mains des plus éminents spécialistes.

Quant au dossier des preuves, vierge comme une jeune nonne, je n'ai pas grand chose à ajouter sur ce point, tout est dans l'intitulé.

Laissez-moi revenir sur la jeunesse de mon client. Son enfance fut parmi des plus heureuses entre un père très présent et une mère non moins aimante. De constitution fragile, il n'a pas fréquenté les bancs des écoles publiques mais a reçu néanmoins une très bonne éducation à domicile. Son état valétudinaire ne lui a pas permis de poursuivre des études secondaires, l'aggravation ayant eu lieu pendant les années pubertaires. C'est vers la trentaine que sa santé s'est améliorée et qu'il a pu intégrer avec chance une société très connue de livreurs de repas à domicile. Il s'est distingué au sein de cette entreprise par son sérieux, sa ponctualité et son charisme envers les clients qui ne manquaient pas de le réclamer lors d'une commande ultérieure.

Je vous brosse ainsi le portrait d'un homme sans histoire que la presse a voulu réduire en pâté haché menu. Faute de trouver le véritable coupable, elle en a fait son bouc émissaire parce qu'il avait connu les victimes. Je vous pose la question, Monsieur le Président, mesdames et messieurs les jurés, allons-nous donc commencer à déférer devant les tribunaux tous les commerçants de France et de Navarre avec de telles accusations fallacieuses ?

Rien ne sert de prouver par a+b que les accusations sont infondées, les témoignages suffisent pour cela. J'ai décidé d'appuyer le côté victime de mon client afin que non seulement à la fin de ma plaidoirie, on déclare mon client non coupable mais qu'en plus le Jury ressente de la colère contre la presse à scandales. Alors vous pouvez me dire que j'en fais trop... Oui c'est vrai mais en même temps, c'est ce qu'on vous demande lorsque vous plaidez. Les juges récompensent plus facilement quelqu'un de passionné que quelqu'un qui déballe ses arguments comme une liste de courses.

Ainsi devant une telle accumulation de vices de formes et d'accusations sans le moindre fondement, je réclame pour mon client l'acquittement pur et simple et je souhaite que sa santé mentale évolue favorablement suite au retrait de toutes les poursuites injustement portées à son encontre. Que justice soit rendue dans ce tribunal pour cet homme qui ne mérite pas un tel fiel sur sa réputation.

Je vous remercie, Monsieur le Président, mesdames et messieurs les jurés, de votre attention tout au long de cette plaidoirie.

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