Chapitre 20 - Tranquillité

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— Mais où étais-tu passée ? s'exclama sa mère dès qu'elle passa le seuil de la porte. Et qu'est-ce que tu as fait à tes vêtements ?

Lynn n'eut pas la force de prononcer le moindre mot. Elle avait totalement oublié sa veste déchirée, le sang séché sur sa joue et la neige fondue dans ses cheveux. Ses lèvres tremblèrent quand elle essaya de parler, mais aucun son n'en sortit. Toute la journée lui revenait en pleine face. L'ennui de la matinée. L'excitation à l'idée d'aller à son rendez-vous. L'euphorie de voir la neige tomber du ciel en un millier de flocons.

Et toutes les émotions liées à Seth : la chaleur dans sa poitrine, les battements frénétiques de son cœur, l'appréhension, l'anticipation, le goût si réel de sa bouche. Puis le reste : la trahison, la rage, l'envie de faire du mal et la défaite.

Si Saya et Rose n'avaient pas été là, Lynn n'osait pas penser à ce qui aurait pu lui arriver. Pas quelque chose de réjouissant, songea-t-elle en grattant ses plaies à travers les trous de sa veste. Cette impression de se faire grignoter de l'intérieur lui filait encore des frissons.

— Allô, la Terre appelle Lynn Winter, l'interpella une nouvelle fois sa mère en agitant la main. Où as-tu été traîner pour revenir dans cet état ?

— Si c'est ce garçon qui t'a retenue aussi tard, j'aurais deux mots à lui dire la prochaine fois qu'il se pointera sur le seuil de ma maison, renchérit son père de la pièce d'à côté.

Penser à « ce garçon » ne fit qu'aggraver la situation. Les yeux de la métamorphe se remplirent de larmes et elle se précipita vers sa mère en éclatant en sanglots. Cela souffla toute colère de ses traits sévères et la remplaça par une profonde inquiétude. Lynn sentit les bras réconfortants de sa maman s'enrouler autour de ses épaules, une main apaisante lui caresser le dos. Elle lui chuchota des mots rassurants, d'une douceur extrême, lui dit que ça n'était pas grave, que des garçons, il y en avait d'autres et que tout irait bien, que le principal, c'était qu'elle soit toujours là.

— Et pour cette veste, je pourrai la réparer, ce n'est que quelques trous... C'est l'occasion, soit on peut recoudre, soit on peut tenter un style patchwork plus coloré, qu'en dis-tu ?

— Je suis trop stupide, je ne mérite pas d'être amie avec les autres et lui... lui...

Lynn hoqueta, incapable de terminer sa phrase. Repenser à Seth, à son corps dévoré par des ombres poisseuses, à leur texture entre ses crocs de panthère lui donnait envie de vomir.

— Shhh, tout va bien maintenant. Tu vas aller prendre un bon bain, désinfecter ces vilaines coupures dont je ne te demanderai pas comment tu les as obtenues pour m'éviter des inquiétudes maternelles ou pire...

— Je suis tombée, mentit Lynn en bredouillant.

— Un mensonge qui saute aux yeux, termina-t-elle, un sourire dans la voix. Allez, au bain, je te prépare un thé et on en reparlera quand ça ira mieux.

Lynn sourit faiblement, se débarrassa de sa veste et fila dans la salle de bain, sans oublier de rassurer son père d'un signe de la main.

Un geste bien dérisoire face à l'inquiétude qui couvait dans son regard, mais elle ne pouvait guère faire plus.

Elle aimerait leur raconter. Mais comment faire, sans leur mentir ou leur cacher des choses ? Tout ce qui lui arrivait depuis le début de l'année, ça la dépassait. Alors eux...

Comment pourraient-ils comprendre ?

Mais sa mère avait eu au moins raison sur une chose : prendre un bain lui avait fait un bien fou. Réfugiée dans sa chambre, enroulée dans son plaid et une tasse de thé brûlant dans les mains, Lynn se détendait à fond. Ses musiques préférées emplissaient la pièce et contribuait à lui rendre sa bonne humeur. Parfois, son téléphone vibrait à cause de Kal qui lui demandait des nouvelles et qui lui en donnait de Rose. Tout le monde allait bien. Il avait prévenu Aiden, coincé chez sa grand-mère, pour éviter qu'il ne se retrouve à côté de la plaque le lendemain.

L'Âme de la Magie [T1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant