Cœur Brownie

La nuit, on dort... Ou pas !

Ce soir là, je me souviens des photos au moment du coucher. J'admire une dernière fois mon fond d'écran du « beau gosse », l'acteur de Luis Bettony, pour le remplacer. Je réfléchis un instant à quelle photo choisir. Pas celle près de l'église, en tout cas, parce que Cookie n'y est pas. Heureusement, il est là sur les autres, car comme nous étions rentrés à Tanglewood, Paddy s'était proposé pour nous prendre tous en photo. Je choisis finalement celle de la plage : nous l'avions prise au moment où le soleil se couchait, alors le ciel offre un dégradé magnifique au dessus de la mer. En plus, personne n'est moche sur cette photo, ni même moi, étonnamment.

Enfin, j'éteins mon téléphone.

Mais mes yeux restent ouverts. Je n'arrive pas à dormir. Je n'ai même pas envie de dormir. Au bout d'un moment, peut être une heure ou plus, lasse de me tourner et retourner dans mon lit, je me lève silencieusement et je vais aux toilettes. Alors que je m'apprête à retourner dans la chambre, j'aperçois une lueur par la fenêtre.

Elle provient de la plage. On dirait que quelqu'un remonte de la plage avec une lampe torche. L'ombre se dirige vers la maison. Je commence à flipper un peu, et je décide d'aller chercher Fred, le chien. Je descends donc dans le salon, mais le chien n'est pas là ! Est ce que Coco l'a pris avec elle ? Ou alors...

La porte s'ouvre soudain et une lumière m'illumine le visage, en m'aveuglant.

-Brownie ?

Je soupire de soulagement. Le visiteur nocturne, ce n'était que Cookie ! Et Fred est là aussi, je vois venir vers moi en agitant la queue.

-Oh pardon, je t'aveugle.

Cookie baisse la lumière et au sol et je peux enfin le regarder.

-Tu ne dormais pas ?

Nous venons de dire la même chose en même temps. Nous rions silencieusement.

-Je n'arrivais pas à dormir, dis-je. Et j'ai vu une lumière dehors, je me demandais ce que c'était.

-Ah. Moi non plus je n'arrivais pas à dormir. Je suis venu prendre Fred pour aller faire un tour. Tu m'a fait peur quand j'ai ouvert la porte et que je t'ai vu !

-Eh, c'est toi qui m'a fait peur !

-Pardon. Et sinon... ça te dirai de venir dans la roulotte avec moi ? Plutôt que de chuchoter dans le salon. Je te rassure, il y a un poêle, on ne va pas mourir de froid.

-Si, on va mourir pendant le trajet.

-Tu rigole, il y a vingt mètres !

-Je suis très frileuse, dis-je à moitié sérieuse.

En riant, il attrape un manteau et me le lance. Je l'enfile et nous ressortons dehors, suivis par Fred qui n'a pas l'air de vouloir dormir lui non plus.

Dans la roulotte, nous nous asseyons sur le lit, enroulés dans des couvertures, et nous discutons. Fred vient se coucher sur mes jambes, mais comme il est lourd, je le repousse et il se rapatrie vers Cookie, sans plus de succès.

-On va avoir des fourmis dans les jambes si tu te couche sur nous, Fred ! Met toi par terre ou à coté !

Finalement, le chien décide de se mettre devant le poêle. Cookie et moi parlons de plein de choses. 

Parfois, quand on parle avec des gens, on ne sait pas trop quoi dire, alors ça devient gênant. Mais ici, c'est comme quand je suis avec Chocolat : Ma langue délivre toute seule des choses que je n'aurais même pas imaginé dire. Ce que dit Cookie m'intéresse, et lui aussi m'écoute avec attention. C'est ce qu'on peut appeler un vrai dialogue !

Les heures passent et nous parlons moins, mais il n'y a pas de gêne.

Je ne sais pas à quel moment je me suis endormie, et si Cookie s'est endormi avant ou après moi. Toujours est-il que le matin, je me réveille avec la voix de Cherry :

-Ils sont là !

Je papillonne des yeux, gênée par la lumière matinale, et me lève en grognant. Cookie, roulé en boule à coté de moi, en fait de même.

-Kesquispasse ? Dit il.

Cherry et Honey, que je devine derrière, éclatent de rire.

-Levez vous les tourtereaux, il est 10 heures du mat' ! Lance Honey.