💫• Chapitre 43 : Le Royaume des morts

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Ilhenn

Je tends la main pour aider Kara à se redresser, mais mes doigts rencontrent seulement le vide alors qu'elle se désintègre lentement devant mes yeux. Je m'exclame amèrement :

- Êtes-vous devenu fou ?

- Si seulement tu savais à quel point, chuchote dans l'obscurité le serpent, perfide.

Soudain, une noirceur épaisse nous engloutit, avalant les corps d'Arazäl et de l'Elfe que je tente de sauver. Je ferme les yeux, submergée par le vide. Quand je les rouvre, je me trouve prisonnière dans un espace sans fin.

Les ténèbres m'enveloppent, oppressantes et implacables. C'est l'enfer d'Arazäl, un lieu où la lumière n'ose pas pénétrer et où la folie prospère. Je sens la peur se glisser dans mes veines, héritage de ceux qui ont souffert ici avant moi.

Je soupire, résignée à mon sort. Dans cet univers de noirceur infinie, crier, marcher ou pleurer ne mènerait à rien. Si Rhagaël souhaite me libérer, alors je serai libre. Sinon, je suis condamnée à errer éternellement ici.

- Bien, je suppose que je n'ai pas le choix, murmuré-je en m'asseyant, laissant la résignation m'envahir.

Rhagaël.

Si je suis devenue sa Troisième, ce n'est pas par amour ou admiration pour lui, mais uniquement pour assouvir ma soif de vengeance envers Roselia et pour avoir enfin une vie décente où je pourrais utiliser mon pouvoir à ma guise. Aucune étincelle d'affection ne brûle entre nous, et il le sait.

J'ai toujours su qu'il était dérangé, mais jusqu'ici, cela ne me posait pas vraiment de problèmes. Cependant, sa folie commence à devenir étouffante, et ses actions imprévisibles nous affectent trop souvent.

Pourtant, le tuer ne serait pas la solution. Bien que laisser Roselia régner sur tous les Royaumes serait également une erreur, aucun des deux n'est digne de gouverner.

Je me sens étrangère partout où je vais, et je n'ai confiance en personne. Je me suis laissée porter par les événements, sans but ni passion réelle.

C'est une existence morne et dénuée de sens.

J'ai consacré ma vie à perfectionner mes sortilèges et mes maléfices, à atteindre la perfection. Ensuite, je me suis tournée vers mon apparence, créant des parures et des bijoux à partir d'ossements. J'ai exploré l'art du dessin, de la musique, du chant et de la danse.

Tout est maîtrisé, mais tout est devenu insipide.

Arazäl et Kara incarnent pour moi des oasis de lumière dans un désert d'obscurité, avec leurs personnalités diamétralement opposées et leurs caractères uniques, ils ajoutent de la couleur à ma vie monochrome. Les observer, les écouter, apprendre à les connaître, sont devenus mes activités préférées, les moments où je trouve un répit dans la monotonie de mes journées.

Quant à savoir si je les apprécie, je me rends compte que oui, indéniablement. Au fil du temps, un lien s'est tissé entre nous, une forme d'attachement s'est développée à leur égard. Leurs sourires, leurs mots réconfortants, leur présence même, sont devenus des rayons de soleil dans ma vie sombre et solitaire.

Pourtant, malgré cet attachement, une lueur de préoccupation persiste en moi. Si jamais ils venaient à représenter une menace pour ma sécurité, pour mon bien-être, je sais que je pourrais faire face à cette situation sans trop de difficultés. La nécessité de préserver ma propre survie, ma propre tranquillité d'esprit, primerait sur tout sentiment d'attachement que je pourrais ressentir à leur égard. C'est une réalité brutale, mais une réalité à laquelle je suis prête à faire face si jamais elle se présente.

NoMercy : Entre Ombres Et Lumière Where stories live. Discover now