Chapitre 42

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L'immense planète se dessinait devant eux. Comme dans la légende, les deux satellites nacrés l'entouraient de part et d'autre comme des gardiens. Quelques centaines de kilomètres les séparaient encore de leur but, mais d'ici quelques minutes, ils auraient enfin les pieds posés sur elle.

Le regard de Lüka était rivé sur la beauté de la planète. Le temps s'était figé autour de lui, son esprit flottait comme dans un rêve. Il l'avait imaginé tant de fois... Et aujourd'hui Kaliora se trouvait devant lui.

Le vaisseau se rapprochait de la planète, mais sans la connaitre, il était difficile de savoir où pouvoir atterrir sans trop endommager les alentours. Lüka fit appel à la carte une énième fois avant de savoir qu'il ne la verrait sans doute plus jamais après. Il caressa le fin papier du bout des doigts et la déposa sur le tableau de bord.

Comme à chaque fois qu'il l'utilisait, la carte ne tarda pas à faire apparaitre la direction à suivre. Elle guida les adolescents jusqu'à une petite montagne dégagée au sommet plutôt plat, l'endroit parfait pour atterrir et ne pas perdre le vaisseau de vue.

Lüka gara le vaisseau et l'éteignit. Ses mains refusaient de quitter les guides. Tout était trop beau pour être vrai, incroyable. Il voyait les magnifiques forêts d'arbres violets s'étendre sous ses yeux, les feu follets danser autour des rochers et les animaux voler dans le ciel lavande. Lyuri déposa une main sur son épaule et le sortit de sa rêverie.

La jeune fille s'apprêtait à prendre son masque à oxygène.

« Tu n'en as pas besoin, l'interrompit Lüka. Tout le monde peut vivre sans artifices ici. »

Le chasseur de trésor prit une grande inspiration. Il appuya sur le bouton près de la porte, elle s'ouvrit. Il posa sa main sur l'encadrement et posa lentement son pied sur le sol de la planète. Il posa le deuxième et avança de quelques pas, suivit de près par Lyuri. La verdure dense qui recouvrait le sol semblait danser au rythme du vent léger depuis sous leurs pieds jusqu'au lointain horizon.

L'instant avait quelque chose de solennel. Lui, Lüka Damnaré du fragment A-153 de la planète Ural, était à présent l'un des rares êtres vivants à avoir posé le pied sur la légendaire et mythique planète Kaliora.

Sans même qu'il ne s'en rende compte, un immense sourire traversait son visage et de petites larmes perlaient sur ses joues. Il essuya ses yeux d'un revers de manche et se tourna vers Lyuri qui visiblement était presque aussi émue que lui. Lüka lui tendit sa main. Ils échangèrent une poignée ferme en signe de félicitations.

« Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Lyuri.

— On va utiliser une toute dernière fois la carte. »

Les adolescents montèrent dans le vaisseau. Ils remplirent leurs sacs de provisions, de quelques vêtements et d'outils nécessaires à une excursion. Une fois qu'ils eurent réunis l'essentiel, ils fermèrent le vaisseau et le verrouillèrent.

Lüka avait récupéré ses carnets, juste au cas où. Il mourrait d'impatience de trouver le trésor et d'entrer dans le domaine des Nymphes créatrices. Lyuri était émerveillée par tout ce qui l'entourait. Ses yeux se promenaient partout mais n'étaient pas assez rapides pour observer tout ce qui était autour d'elle.

Des fragments de roche flottaient dans les airs, rattachés à la planète par de simples lianes bleutées, comme des ballons remplis d'hélium à une fête foraine. De l'eau circulait comme dans des tubes dans le ciel, regorgeant de minuscules créatures colorées. Les arbres violets poussaient dans la roche et formaient des toits de feuillages épais qui empêchait la lumière d'atteindre le sol par endroit.

La nature était sauvage. Aucun Homme ou créature, telle qu'elle soit, extérieure à la planète ne l'avait modifié. Ce n'était pas la toute première nature de l'Univers, mais la plus ancienne à être encore vivante et celle qui avait inspiré toutes les suivantes, sortant tout droit de l'imagination de sa créatrice. La plus belle de toutes.

Le silence était rompu par quelques chants mélodieux ici et là provenant des petits animaux qui virevoltaient au-dessus des arbres.

Lüka faisait attention à chaque pas qu'il faisait. Ne connaissant pas le terrain, il n'avait pas la moindre idée des potentiels pièges et dangers qui pouvaient si trouver. Une planète aussi mythique ne pouvait pas se trouver sans surveillance et riposte face aux étrangers. Pas à pas, ils avancèrent en suivant le chemin indiqué par la carte.

Ils gravirent des collines, évitèrent des chemin d'eau, slalomèrent entre des arbres. Mais plus le temps passait et plus ils avaient l'impression de tourner en rond.

« Je crois qu'on est déjà passé par là, indiqua Lyuri.

— Pas sûr... La carte à l'air de nous faire filler tout droit... Mais tout se ressemble.

— Je meurs de faim... gémit la jeune fille en même temps que son ventre.

— Arrêtons-nous un moment.

Les deux adolescents laissèrent tomber leurs sacs et les déposèrent près d'un rocher mousseux. Ils déballèrent quelques restes de leurs anciennes escales qu'ils dévorèrent en un rien de temps. Mais quelque chose sifflait tout près d'eux.

— On n'est pas seuls... murmura Lüka. »

Le chercheur de trésors regarda partout autour de lui, la terrienne aussi. Aucun animal dans les branchages, ni dans les airs. Pas un feu follet qui voletait dans les parages. Puis soudain les deux sacs se renversèrent sur la pelouse.

Sans crier gare, le rocher contre lequel ils avaient adossé leurs sacs se leva sur ses deux petites jambes chétives et s'éloigna en sifflant, sous le regard ahuri des deux adolescents. Ils échangèrent un regard pour être certains d'avoir vu la même chose, troublés.

Ils finirent de manger en prêtant une plus grande attention à ce qui les entourait pour ne pas prendre le risque d'offenser les habitants intimement liés à Kaliora et créer une catastrophe.

Ils reprirent leur route, repus, en suivant de nouveau la carte. Celle-ci s'affolait de plus en plus à mesure qu'ils avançaient. La ligne qui les guidait se teintait d'un violet plus vif, presque brillant.

Au détour d'un groupe de rochers voyageurs et d'un arbres dégoulinant d'un épais liquide à l'odeur caramélisée, la carte s'arrêta enfin. Ils avaient atteint le bout du chemin. Devant eux se dressait un portail aussi grand qu'une montagne, avec en son centre la grande étoile, symbole de la vie et de la puissance éternelle de Kaliora.

Lyuri s'arrêta pour admirer la beauté de cette architecture façonnée par les entités de la création et de la destruction. Quant à Lüka, il se sentit absorbé par la lumière éblouissante que dégageait le centre du portail. Il avança jusqu'à s'arrêter juste en dessous, fasciné par ce qu'il voyait. Il ne leur restait plus qu'une chose à faire : entrer dans le portail.

Kaliora, la planète aux trésors T.1Where stories live. Discover now