Chapitre 7

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Myla

Mon portable vibre. Je viens de recevoir un message de Maggie :

On m'a conseillé un nouveau bar en ville. On le teste ce soir ?

Une semaine s'est écoulée depuis l'attaque des hackers. Mon père et moi avons repris tant bien que mal le cours de notre vie. Je l'appelle plusieurs fois par jour afin de m'assurer qu'il se porte bien et que la clique de faux braqueurs ne se sont plus manifestés auprès de lui mais il me répète que tout va bien et que l'enquête du FBI n'a toujours rien donné. Johnson & Brick a investi dans un système de sécurité de plus haut niveau pour ne plus à subir de nouvelles attaques et formé ses salariés à protéger leurs données.

Quant à moi, j'ai justifié mon absence d'une journée au travail par un problème familial. Mon chef s'est heureusement montré compréhensif et m'a même suggéré de prendre des congés mais je ne me sens pas de rester chez moi. J'ai besoin de m'occuper l'esprit. À la minute où je me retrouve seule, mon cerveau se repasse malgré moi les images de ma prise d'otage. Leurs silhouettes noires et menaçantes viennent systématiquement me hanter dans mon sommeil et me réveillent en sursaut pendant la nuit. Je me sens épiée dès que je fais un pas dehors et sursaute à tout bruit ou personne m'interpelant dans mon dos.

Depuis l'attaque, au travail ou dans les rues de Miami, on ne parle plus que de ces mystérieux hackers qui ont dérobé un million de dollars à la fameuse multinationale grâce à une « simple » clé USB. Le FBI n'est pas parvenu à retrouver leurs traces. Pour le moment, personne n'a soupçonné mon père. L'argent n'a pas pu être tracké et a été supposé être transféré sur un compte offshore. Lui et sa grande cause... Il m'a bien baratinée. Je bouillonne lorsque je repense à mon geôlier et à la façon dont il m'a traitée durant ces six heures de séquestration. Je le revois me fixer intensément de ses yeux bleus et des frissons me parcourent instantanément l'échine. Mon corps porte encore la marque de ses biceps qui m'enserrent, me plaquent et me maintiennent immobile. Quel rustre ! Je m'efforce de chasser ces images de mes pensées et réponds à Maggie :

Ok, je passe te prendre dans une heure !

Je me regarde dans le miroir. Mon teint pâle, mes yeux cernés et ma silhouette amincie en disent long sur ce que j'ai enduré ces derniers jours. Je prends une profonde inspiration et tente de me reprendre. Ce qui compte, c'est que je sois là et que mon père soit vivant et hors de danger. Je dois maintenant me changer les idées et revoir ma meilleure amie est le meilleur moyen d'y parvenir. J'enfile ma robe, me coiffe, me maquille et me rends à ma voiture. Je m'arrête récupérer Maggie qui m'attend en bas de son immeuble et qui rayonne en me voyant.

-Comment ça va, ma biche ? Me demande-t-elle, en montant dans ma Mini et en me prenant dans ses bras.

Sa chaleur si familière me réchauffe instantanément le cœur.

-Ça va et toi ?

-J'ai dix mille choses à te raconter, ça fait bien trop longtemps qu'on ne s'est pas vues ! Me dit-elle, en frappant frénétiquement dans ses mains.

Je n'ai en effet pas vu ma meilleure amie depuis le fameux événement. Encore trop tourmentée, j'ai annulé notre soirée au Firentz, feignant un mal de tête. Ne pas pouvoir lui parler de ce qui s'est passé m'emplit de désarroi, elle qui est mon unique confidente, mais je me dois de l'épargner et protéger mon père. Si leur attaque s'ébruitait, il pouvait dire adieu à sa liberté et sa carrière. Durant tout le trajet, Maggie me raconte tout de sa nouvelle conquête virtuelle, ce qui m'aide largement à penser à autre chose. On s'approche du centre et je parque ma voiture non loin du bar où on doit se rendre.

Similaire à un pub irlandais, l'Astra comporte deux étages et est occupé par des banquettes en cuir écarlates et des tables rondes en bois ciré. Il y règne une ambiance plutôt sombre et une musique rock se fait rageusement entendre depuis de grosses enceintes placées aux quatre coins du bar. Ce n'est pas vraiment le genre d'endroit dans lequel on se rend d'habitude mais je suis toujours ouverte à toute nouvelle suggestion de ma meilleure amie. Nous commandons à boire au comptoir et nous nous asseyons sur une des banquettes libres.

Nos cœurs décryptés [Dark romance soft]Where stories live. Discover now