• Chapitre 5 •

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Jisung ouvrit doucement les yeux. Il commençait à se réveiller à cause de bruits étranges qui étaient autour de lui. Ils résonnaient dans le gigantesque endroit dans lequel il était. Il reprit conscience, petit à petit, alors qu'il se rendait compte par la même occasion qu'il l'avait perdue dans sa course. Ce n'était pas un rêve. Ses yeux étaient lourds, il n'arrivait pas à les ouvrir. Autour de lui, il n'entendait pas très bien. Il avait les oreilles qui bourdonnaient, la tête qui tournait. Rien n'était vraiment clair. Dans son corps, une douleur puissante se réveilla, bien plus vite que lui-même. Il était totalement confus, il ne savait pas où il était, c'était absolument terrifiant. Tout ce qu'il comprit, c'est qu'il était vraiment dans la merde.

Il essaya de lever ses mains pour frotter ses yeux, embrumés par le flou de la situation, mais en essayant de bouger, il se rendit compte qu'il avait les mains ligotées dans son dos. Et dans son dos, il y avait une espèce de poteau de fer. Il était attaché, totalement attaché. Il était assis par terre, il commençait à situer où est-ce qu'il était, et comment il était. Il avait un bâillon dans la bouche, qui faisait le tour de sa tête. Ses oreilles se débouchaient doucement, il entendait des bruits étranges. Comme si des gens étaient en train de se battre autour de lui. Il y avait des sons de coups, des cris parfois, des insultes même. En même temps, il commençait à apercevoir des ombres, des silhouettes. Et il comprit bien qu'effectivement, des gens étaient en train de se battre devant lui.

En essayant de voir un peu mieux, en se concentrant sur un point pour pouvoir connecter son cerveau à ses organes et ses membres, il essaya de compter combien ils étaient. Ils devaient être une dizaine... Non, non, une trentaine... Ou plutôt une vingtaine, il n'arrivait pas vraiment à savoir, tout bougeait beaucoup trop vite. Il voyait de mieux en mieux. De plus en plus net. Mais malgré ça, il n'arrivait pas à les compter. Ils étaient tous des hommes, il ne voyait aucune femme. Ils s'attaquaient avec violence, ne retenant aucunement leurs coups. Ils n'avaient pas de pitié, ils étaient simplement violents. Et Jisung assistait à ça, attaché au sol, sans comprendre où il était. Alors il essaya de regarder autour de lui, mais il ne voyait quasiment rien. Il était visiblement encore le milieu de la nuit, mais à en entendre les bruits de réverbération, Jisung comprit qu'il devait sûrement être entré dans le hangar qu'il avait essayé de pénétrer.

Alors il essaya de se défaire de son emprise. Il était attaché si violemment qu'il sentait ses poignets saigner. D'ailleurs, il avait une douleur absolument incomparable à la tête. Il devait sûrement saigner d'ici aussi. Il essaya donc de se débattre, mais au bout d'une simple minute il comprit que c'était foutu. Il avait une douleur atroce au genou, ainsi qu'au dos. Il n'arrivait presque plus à bouger sa jambe. Il était mort. Il allait crever ici. Il allait se faire tuer. Torturer. Vendre. Violer. Il ne savait pas ce qu'il allait endurer, mais il avait entendu assez d'histoire sur les mafieux pour savoir qu'il n'allait pas juste mourir. Il allait souffrir.

Mais soudainement, en face de lui, un homme tomba à terre, après s'être mangé le coup de batte de baseball le plus violent que Jisung n'aie jamais vu. L'homme qui tenait la batte se tourna ainsi vers lui. Il avait un masque sur le visage. Il s'accroupit vers Jisung, lui lançant un regard froid, alors que le jeune homme fermait les yeux, sentant qu'il allait se prendre une énorme mandale dans la gueule. Mais au lieu de ça, l'homme en face de lui l'attrapa par le menton pour qu'ils puissent se regarder. Ce dernier retira son masque, et Jisung faillit repartir dans les vapes.

C'était encore Bang.

Il se dépêcha, montrant à Jisung qu'il était quelqu'un de confiance – ce que je Jisung eu vraiment du mal à croire – avant de lui détacher ses mains. Aussitôt, Jisung fut violemment transporté sur l'épaule de Bang, qui ne lâchait pas sa batte de baseball. Et Bang commençait à marcher à l'opposée du combat encore violent qui se déroulait proche d'eux. Jisung voyait quelques mecs en foutre d'autres au sol, avant de suivre Bang. L'incompréhension était trop puissante. Il ne comprenait plus rien. Sans qu'il ne puisse se contrôler, ni même essayer de bouger, il retomba dans les vapes.

Il venait de se faire kidnapper par son professeur.

×××

Jisung fut réveillé par une puissante douleur dans son bras gauche. Aussitôt il reprenait conscience que son corps lui demandait de se défendre. Il ne savait pas où il était. Il était allongé, c'était tout ce qu'il savait reconnaître. Autour de lui, très peu de bruit. Il entendait un espèce de poste de radio, mis à bas volume, ou bien une télévision, il ne savait pas trop situer. Il avait terriblement mal au bras, mais bientôt son corps se réveilla complètement. Ses poignets lui lancèrent une douleur puissante qui remonta loin jusqu'à ses épaules. Son genou lui donna une décharge électrique et il fut prit d'un violent spasme tant c'était douloureux. Et sans pouvoir se contrôler, il utilisa le peu d'air qu'il réussissait à contenir dans ses poumons pour gémir de douleur. C'était terrible à quel point ça le prenait. Cela brûlait son corps de haut en bas, il n'avait jamais ressenti ça. En réfléchissant, il se dit qu'il s'était sûrement pris quelques coups dans le crâne, vu les douleurs qu'il avait. Il se doutait que, venant de sa tête, c'était normal que la douleur s'estompe dans le reste de ses membres.

Jisung réussit enfin à ouvrir les yeux. Il ne reconnaissait pas où il était. Il essaya de tourner la tête mais à peine un millimètre exécuté qu'il regretta sur le champ. Il n'allait pas bouger. Jusqu'à ce que quelqu'un l'aide. Ou jusqu'à ce qu'on le tue, puisqu'il n'était vraiment pas sorti d'affaires. Sur sa droite, il voyait, accroché proche du plafond, une télévision. Il avait du mal à entendre ce qui était dit, il ne comprenait seulement que c'était une chaîne d'informations. Soudain, il entendit quelqu'un se déplacer à côté de lui. Une main, assez douce et méticuleuse, se glissa sous sa tête. Avec une grande délicatesse, qui ne laissa pas Jisung sans douleur, la personne le redressa en lui mettant quelques oreillers sous le dos. Et le jeune étudiant tomba nez à nez avec son enseignant en langues. Il faillit sursauter, mais il s'y attendait, en un sens. Bang se posa en face de lui, sur le rebord du lit double sur lequel Jisung était posé.

— Tu nous as mis dans de sacrées emmerdes, commença brutalement Bang, créant un contraste entre ses paroles et ses actes,

Jisung voulait s'excuser, le remercier, s'enfuir, à vrai dire il était vraiment perdu. Mais il ne savait toujours pas ce qu'il faisait là.

— Où... On est ? dit-il d'une petite voix cassée,

Bang se leva du lit pour éteindre la télévision, elle le dérangeait.

— Chambre d'hôtel. L'genre d'endroits où on se cache quand on a des soucis.

Jisung essaya de tourner la tête pour recommencer à bouger. Il ne devait pas rester comme ça, sinon les douleurs allaient persister.

— Doucement, avec ton genou, dit précipitamment Bang en le voyant bouger. Je te l'ai bandé, mais fais attention. On ne peut pas aller aux urgences, ça nous mettrait dans la merde. Donc doucement, le mioche.

Jisung mit une main dans sa nuque et la fit craquer. Il posa sa main sur le haut de sa tête ; il avait un bandage proche du front. Enfin, plutôt un petit pansement qui lui confirma qu'il avait saigné. Et donc qu'il s'était bien prit des coups...

— Que s'est-il passé, monsieur Ban...

— Tais-toi, ordonna l'adulte. Ne dis pas mon nom dans cet endroit. Appelle-moi Chris.

Jisung hocha légèrement la tête.

— Que s'est-il passé ? répéta-t-il,

Chris dévia le regard. Il ne pouvait pas lui expliquer ce qu'il se passait. Même, il ne pouvait pas réellement lui expliquer ce qu'il s'était passé. Comment expliquer à ce jeune qui était son élève qu'il était devenu une rançon au milieu du quartier ? C'était trop complexe. Et bien trop horrible à assumer.

— Je devrais t'expliquer ça plus tard, répondit Bang, je vais te chercher de l'eau.

Il disparut dans ce que Jisung comprit être la salle de bain. Il sortit rapidement avec un verre rempli à ras bord. Jisung ne le refusa pas, Bang avait l'air plus de confiance qu'il ne l'avait imaginé. Et il en avait vraiment besoin, après tout ce qu'il s'était pris. Il rendit le verre à son enseignant, par automatisme.

— Est-ce qu'on est en danger ? demanda Jisung d'un air enfantin,

Chris baissa les yeux avant d'incliner vaguement la tête sur le côté. Le message était plutôt clair. Jisung n'aurait jamais dû se frotter à ces abrutis. Il était mort.

𝙾𝚕𝚍𝚎𝚛 | 𝙲𝚑𝚊𝚗𝚜𝚞𝚗𝚐Où les histoires vivent. Découvrez maintenant