Chapitre 10

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Lyra, Le calme avant la tempête.

Gabriel est un homme contradictoire. Depuis quelques semaines, je vois bien tous les efforts qu'il met en place pour m'éviter dès qu'on lui fait part de ma présence. C'est simple, à chaque fois que mon prénom est prononcé, il refuse catégoriquement chaque activité ou événement que lui propose Logan. J'avoue que cela m'a vexé un bon nombre de fois et j'ai eu l'impression de les priver malgré moi de super moments ensemble.

Puis un jour Sacha n'a pas pu se retenir et a craché le morceau. Elle m'a informé que dans l'ombre, ma petite personne intéressait beaucoup plus Gabriel que ce qu'il laissait penser. Je sais maintenant qu'il pose beaucoup de questions à mon propos et à propos de ma relation avec Joey. Curiosité malsaine ? Peut-être...

D'après Logan, m'ignorer, c'est sa manière à lui de gérer le "problème". Je n'ai pas compris de quel problème il faisait allusion car je pense avoir toujours été courtoise et honnête avec lui. Mais quoi qu'il en soit, ce que j'ai pu remarquer de moi-même c'est que lorsqu'il est obligé de partager son temps avec moi, il ne peut s'empêcher de me regarder, de me parler et d'attirer mon attention.

En résumé, Gabriel est un homme difficile à cerner. Mais pour une raison que je ne peux expliquer, je me sens bien en sa présence. Il est d'un naturel gentil, toujours de bonne humeur et vraiment altruiste. D'une manière ou d'une autre, ce sont ses trois traits de caractère qui me font avoir confiance en lui et qui me poussent ce soir à dévoiler un peu de mon histoire.

Gabriel me sonde, essayant de lire au plus profond de moi afin de connaître la raison de ma peine.

– Il y a un peu plus de deux ans maintenant, je commence la gorge serrée, un événement tragique à irrévocablement changé le cours de nos vies, ma voix tremble mais je persiste. Comme tous les premiers dimanches de chaque mois, nous étions invités chez les parents de Joey pour déjeuner. Nous avions souvent droit à un joli poulet fermier avec des pommes de terre sautées et des marrons cuits au four. Je faisais exprès de rater le petit-déjeuner car je connaissais l'excellente cuisine d'Hélène et je voulais pouvoir profiter au maximum de tous les mets qu'elle nous préparait, je souris malgré moi. Nous étions au début de l'été et ce jour-là, il faisait déjà un soleil de plomb. Joey avait sorti pour l'occasion son Harley Davidson Fat Boy 1450, –il était passionné par les vieilles motos–, et il venait tout juste de l'acquérir. Il était tellement heureux de la montrer à son père qui partageait lui aussi la même lubie pour les deux roues...

– Elle est magnifique fiston, commenta Joseph, ce noir corbeau est splendide !

– Je trouve que ça contraste vraiment bien avec le chrome, argumenta Joey, tout est d'origine. Tu imagines ?

– J'imagine bien oui, il caressa du doigt le flanc de la dite moto, un air rêveur, tu as fait une superbe acquisition ! Il y a même le petit sticker de la concession américaine, wow !

– Mise en circulation en janvier 2000, 223 000 km en vingt-deux ans. L'ancien propriétaire a vraiment très peu roulé avec, s'empressa de répondre avec admiration mon amoureux.

– Il faudra que tu fasses attention au freinage quand même, sur ses vieux modèles il n'y a pas d'ABS fiston. Mais ce qui est sûr c'est que t'as vraiment fait une belle affaire... À ton âge j'aurai fait des ravages avec les filles grâce à une bécane pareille !

– Pas besoin de ça, Joe m'attrapa la main pour me tirer contre son torse, j'ai déjà la plus belle fille de la terre à mes côtés !

– Quel beau parleur celui-la, je levai les yeux au ciel avant de l'embrasser tendrement.

De tout mon Cœur 💖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant