Lettre #1

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Bonjour chère amie,

Je sais, je t'appelle amie, mais c'est seulement pour créer une sensation de trouble, pour que tu te poses la question de savoir, connaître à qui est vraiment adressé cette lettre. Je peux déjà apercevoir ton étonnement avec un froncement de tes sourcils quand tu commencera à lire mes mots si chétifs mais sans artifices.

Des mots fragiles seulement et uniquement à ton intention.
Ne t'inquiètes pas surtout, je dissimulerai ton identité aux yeux du monde, je te laisserai dans l'ombre de ma psychée, comme tu l'as décidée, comme t'aimais à l'écrire que c'est ton choix, alors je le respecte en t'écrivant seulement et une unique lettre qui j'espère ne t'agacera pas, ni te rendra rouge de colère.

Ce n'est pas mon intention surtout.

Et j'en profite pour t'écrire car tu aimes les mots que j'utilise, malgré le trouble qui pourra naître en toi, de cette lettre qui étonnera la personne que tu es.

Alors ne rougis pas surtout, sinon tu te révéleras au monde que tu es celle qui m'a inspirée ses mots désordonnés.

Sache que désormais, par un accès de tristesse, en pleure, j'ai brûlé tes lettres, en cette fin d'été, j'ai allumé la cheminée, j'ai été cherché du bois dans le garage, il fallait que je me faufile entre les cartons, car je n'ai pas ouvert mes affaires, comme si ce n'était qu'éphémère, mais je le sais si bien, nous ne pouvons pas revenir en arrière, trop de non dit, trop de mensonges par omission, toujours trop de...

Tu as été envoûtée par mes mots et je n'ai pu te cacher qui j'étais.
Ton silence est arrivé comme un coup sec sur une porte.

Je disgresse trop, je le sais avec cette certitude si mordante, mais j'ai tellement à t'écrire que je sais certainement qu'il n'y aura que la moitié de ce que j'ai en tête.

Je voulais seulement te remercier pour ce voyage si libérateur, si salvateur, si annonciateur de ce qui se tramera juste après. Nous avons effectué ensemble, presque main dans la main. C'était un de ses moments si fugace que je ne me souviens seulement d'une senteur de pain d'épices provenant de tes mots. Cette odeur si caractéristique, que je me rappellerai de toi, dès que cette vapeur se faufilera à mes narines.

Mais tu me manques tant et terriblement, je ne serais plus qu'une ombre sans paroles, seulement avec ses mots qui resteront noir sur blanc dans ses pages plus vraiment vierge, mais grabouillé de mon écriture, tu liras ses lignes, de fines lignes traduisant ma reconnaissance pour ton être attirant. Malgré ma tristesse de ne plus t'écrire, et surtout de te lire, seulement à moi, pour moi, comme si j'étais important à tes yeux. Comme si l'être si dérisoire ne l'a plus été pendant ce temps ensemble si imprévu.
Comme si les parques nous offrait un si merveilleux cadeau : notre rencontre.

Et ne m'en veux pas surtout.

Cette lettre n'est pas pour continuer à te tourmenter, ni même revenir en arrière, comme si rien ne s'était passé, mes erreurs seront gravés dans le marbre de nos consciences mutuelles, je voulais seulement que tu saches ce que tu ne dois pas savoir si je ne te le clamais pas aussi fort.

J'ai bien compris ton silence, du jour au lendemain, comme quoi, cela t'a bien dérangé. Je ne suis aucunement idiot, plutôt rêveur, c'est ma faute, je le reconnais, bien volontier, j'aurais dû ne pas te répondre à ta première lettre, car c'est toi qui m'as écrit la première, avec ma timidité, je ne peux faire le premier pas, comme tu le sais, j'ai toujours cette peur irrationnelle du mot de trop.

Rien de tout cela, tout ce qui s'est déroulé entre nous, n'aurait pas eu lieu, ni même existé si tu n'avais pas écrit un simple message de deux mots uniquement.

Notre récit à commencé avec un texte long de deux petit mot, minuscules mots adressés au lecteur que j'étais et puis j'ai répondu avec un message inscrit à la va vite, sans réflexion, juste avec les mots, simple, qui virevoltaient devant moi et que j'attrapais sans effort.

Avec ses deux mots, je n'aurais pas été celui que je suis, maintenant, à travers ce texte décousu à ton intention.

Mais si je n'avais pas existé alors, et avec mes larmes, mes mots n'existeront pas non plus ; sans toi, le poète en moi aurait été trop peureux pour partager ses écrits avec d'autres et la peur d'être jugé par ses excentricités orthographiques.

Mais sache que je ne regrette rien, et tu devais savoir que tu as redonné du courage à une personne, certe, qui a le double de ton âge [je ne pensais pas moi même que tu étais aussi jeune (j'aurais dû m'en douter)], mais qui est redevable de tes mots sincères et déroutant.

Avec mes écrits, je te remercie des tiens qui ont exaltés mes émotions pour braver ma peur des autres.

Avec tes mots tu m'as réconfortée...

Bien à toi, jeune amie,

Mes correspondances imaginaires Where stories live. Discover now