CHAPITRE 49 - Le grand départ

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Je récupère mes dernières affaires, sous le regard peiné de Paxton

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Je récupère mes dernières affaires, sous le regard peiné de Paxton. Lui et moi avons retrouvé notre complicité d'antan et, honnêtement, il me manque déjà. Mais comment faire autrement, alors qu'il ne partage pas mes sentiments ? Il y a toujours cette fille à la Fac. Dormir avec lui. Le serrer contre moi. Se faire un film dans ses bras : toutes ces petites choses ne m'appartiennent pas. Ce serait injuste de le priver d'une relation potentielle. Et injuste pour moi parce que, si je ne mets pas un peu de distance, je ne pourrai jamais passer à autre chose.

Je ferme une de mes boîtes et observe autour de moi pour m'assurer que je n'ai rien oublié. Paxton enfonce ses mains dans ses poches et me jette quelques regards par-dessous ses cils noirs. Mon cœur fait une embardée et je détaille ses mèches sombres, un peu trop longues, qui retombent sur ses billes bleues électriques. Il est beau à en pleurer et ne plus le voir sortir en serviette de la douche, les cheveux trempés ou sentir son corps à demi nu contre le mien, la nuit, me tue déjà. Pour le reste, qui compte plus encore, je me dis que ce n'est pas un adieu, mais un au revoir. Paxton et moi continuerons de nous croiser au travail et sur le campus. Nous mettons juste fin à toutes ambiguïtés et redevenons de simples amis.

Je clos la dernière boîte et lui souris, alors qu'il se penche pour la soulever. Nos regards se rencontrent et il se mord les lèvres, embêté, avant de soupirer.

— T'es vraiment sûre que...

J'acquiesce, lui coupant la parole. Il souffle à nouveau et s'éloigne avec la caisse sans un mot. Je m'apprête à le suivre, mais je me fige sur le pas de la porte, et me tourne vers ce qui a été ma chambre pendant un peu plus de deux mois. J'efface les quelques larmes qui m'échappent, puis referme le battant, le cœur gros.

Les mains enfoncées dans mes poches, je quitte l'appartement pour rejoindre tous les Émery, qui aident Paxton à charger la voiture. Je sors de l'immeuble et ils pivotent vers moi.

Jaden m'adresse un rictus chagriné, tandis que Paxton regarde ailleurs, se mordant les lèvres. Anne s'avance vers moi pour me presser contre elle et je lui rends son étreinte. La tête posée sur son épaule, de nouvelles perles salées expriment ma tristesse. Ma mère de substitution prend mon visage en coupe et essuie mes joues.

— Merci pour tout, soufflé-je, alors qu'elle me sourit avec tendresse.

— Je t'en prie, et tu seras toujours la bienvenue chez nous.

Nous échangeons une œillade complice et elle me laisse filer avant de saluer ses fils pour aller travailler. Jaden me serre dans ses bras et s'en va à son tour, pour rejoindre quelques copains.

Il ne reste alors plus que Paxton, qui ne desserre pas les lèvres, et moi. En silence, il m'ouvre la portière et je me glisse à l'intérieur. Mon départ le déstabilise, il déteste le changement, un trait de caractère que j'ai découvert chez lui au fil des mois. Ça lui donne la sensation que les choses lui échappent et ce besoin de contrôle s'est accentué depuis qu'il bosse pour Carthage.

Un soir, il m'a confié qu'il se sentait à bord d'un train fou et qu'il ne savait ni quand ni comment il allait s'arrêter. S'il chuterait du haut d'un ravin à force de dérailler ou s'il finirait par reprendre, simplement sa trajectoire initiale.

Paxton contourne l'avant et s'installe à son tour. Quelques gouttes de pluie s'écrasent sur le pare-brise et le font râler, alors qu'il met le contact. Nous roulons six kilomètres, la distance qui sépare l'appartement des Émery de celui de Victoire, qui nous attend déjà pour décharger, l'averse gagnant en force à l'extérieur. À nous trois, il nous faut à peine vingt minutes pour vider la voiture et, pendant que Paxton va chercher ce qui reste, Victoire s'assoit à côté de moi sur le canapé.

— Et voilà, bienvenue chez toi, me sourit-elle. T'es sûre que c'est ce que tu veux ? Parce que Pax' a l'air...

— C'est mieux pour nous deux...

— OK, souffle-t-elle en quittant la pièce.

Mon ami arrive avec la dernière boîte, qu'il pose dans l'entrée, avant de fourrer ses mains dans ses poches et de lever les yeux vers moi.

— Bon, lâche-t-il du bout des lèvres, alors que je me redresse pour m'approcher de lui, le cœur en miette.

Sans un mot, il m'attire contre lui et plonge son visage dans mon cou, tandis que je le serre contre moi. Je retiens des larmes qu'il ne comprendrait certainement pas. Ne plus vivre avec lui va me manquer, tant que je me demande comment j'ai pu survivre jusque-là, sans qu'il ne partage ma vie.

Notre étreinte dure une éternité et pourtant elle me paraît aussi courte qu'un battement de cil.

Mais il s'écarte, dépose un baiser sur mon front et opère un demi-tour pour s'échapper. Je reste un moment les bras ballants : pourquoi je m'impose ça ? Pourquoi je ne lui déballe pas mon sac ? Pourquoi je ne lui explique pas tout simplement pourquoi je m'éloigne ? Toutes ses questions se sont soldées par quelques pirouettes et autres bégaiements de ma part.

Au bout de quelques minutes, je referme la porte, démontée, alors que Victoire m'observe avec sollicitude. Puis, elle m'entraîne vers une commode et me précise que je peux ranger toutes mes petites affaires à l'intérieur, puis me tend un trousseau.

— Et voilà, tu sais tout ! Je dois aller prendre mon service, t'as besoin d'autre chose ?

Je secoue la tête et la remercie, alors qu'elle disparaît déjà dans l'entrée. Je soupire et commence à déballer. Je vide trois boîtes et attrape celle où mes cours sont entreposés, découvrant entre deux livres la lettre que j'avais adressée à Paxton, le soir de mon agression. Celle que je n'ai jamais eu le courage de lui donner. Je fronce doucement les sourcils :

Qu'est-ce qu'elle fout là, je ne l'ai pas sortie de mon sac.

Je m'assois par terre et la déplie pour la relire, contente qu'il ne l'ait jamais eu. Mes mots trahissent l'amertume et la colère que je ressentais à ce moment-là, alors qu'il n'a jamais mérité que ma gratitude. Mon désespoir et mon amour à sens unique transparaissent dans chaque ligne. La dernière, légèrement différente des autres, retient mon intention. L'écriture est serrée, petite, oblique : la calligraphie de Paxton.

« Je t'aime aussi... »

 »

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INFRANGIBLESTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang