CHAPITRE 78 - L'un contre l'autre

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Il avance de quelques pas et sourit à pleines dents en apercevant sa famille

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Il avance de quelques pas et sourit à pleines dents en apercevant sa famille. Mon cœur se comprime et les larmes montent sans que je cherche à les réprimer, son sourire m'a tellement manqué.

Sa mère court vers lui et il jette son sac pour la soulever et la presse contre lui en la faisant tourner. Le rire d'Anne éclate comme un millier d'échos alors qu'ils se réunissent autour de lui.

J'ai pris la bonne décision, mais j'aurais aimé être avec eux. J'aurais adoré partager ce moment de joie. Ils restent à discuter sur le trottoir et à se serrer dans les bras les uns les autres et je me demander ce que je fais là. J'aurais plutôt dû laisser le contrat d'édition à Anne pour revenir plaider ma cause auprès de Paxton plus tard.

Dans ce dessin d'une famille déchirée qui se retrouve, je suis de trop. L'angoisse monte et je regarde autour de moi à la recherche d'une sortie, pour tirer ma révérence en toute discrétion, sans que Paxton me voie.

Ils sont tous de dos et observent quelque chose sur le téléphone de Anne, et j'en déduis que c'est ma chance. J'ouvre la portière et m'extrais subrepticement du véhicule repérant un coin de rue à quelques mètres, ce qui dissimulera assez ma présence, pour que je puisse les voir partir, sans être aperçus.

J'avance à bon pas, et, alors que je m'apprête à tourner, une main s'abat sur mon épaule. Je sursaute et glapis de terreur avant de me retourner et de faire face à la silhouette massive de Paxton.

Ses iris bleus électriques lancent des éclairs, et sa bouche est tordue dans un rictus sévère. Les échos de notre dernier entretien explosent sous mon crâne et je déglutis.

— Qu'est-ce que tu..., amorce-t-il, sur un ton glacial, alors que je lui colle dans les bras l'enveloppe de papier kraft.

Mes bras heurtent son torse, qui semble avoir doublé de volume, et il baisse les yeux, perplexe.

— À quoi est-ce que...

— Prends, lui ordonné-je, le cœur en morceaux, consciente qu'au vu de sa réaction, il n'a pas changé d'avis. Prends et je m'en vais.

Il fronce les sourcils et se saisit de la lettre. Je tourne les talons, pour tenir la promesse que je lui ai faite et avance au hasard, ne connaissant de cette ville que sa prison. Je fais abstraction des larmes de chagrin qui se bousculent sur mes joues.

— Idiote, lâché-je en m'asseyant sur un muret. Quelle idée de mettre autant d'espoirs dans ce moment.

C'est vrai que je suis bête, j'aurais dû le voir venir. Je veux dire, notre dernier entretien a été une catastrophe. Un pur désastre et j'en suis sortie plus meurtrie que jamais. Ce n'est pas parce qu'il a écrit un fichu bouquin, pour immortaliser notre amour que sa décision peut changer.

Plein de gens s'aiment sans jamais trouver de compromis. Sans pouvoir être ensemble.

Le regard perdu devant moi, je ne prête pas attention à la personne qui s'installe à mes côtés. Trop concentrée sur la nouvelle petite apocalypse qui s'est déclenchée dans ma tête et dans mon cœur.

— Tu l'as lu ? m'interpelle une voix que je reconnaîtrais entre mille.

Surprise de voir qu'il m'a rejointe, j'acquiesce. Il esquisse une moue contrite et soupire.

— Comment tu l'as eu ? Ma mère dit que c'est toi qui l'as reçue.

— Ton codétenu me l'a envoyé il y a quelques mois.

— C'est donc lui qui m'a piqué mes cahiers, murmure-t-il. Enfoiré.

Nous restons tous les deux silencieux. Paxton fait crisser les graviers sous ses baskets. Je glisse un regard en coin sur lui et rencontre le sien qui me scrute également. Nous échangeons un sourire complice, le premier depuis des mois et mon cœur s'envole. Il ne m'en faut pas plus et le barrage de mes canaux lacrymaux explose. Je chouine comme une gosse, alors qu'il m'attire contre lui d'un geste mal assuré.

Sans me faire prier, je me laisse aller contre lui et coule mon visage dans son cou, pas encore habituée à son nouveau gabarit. Il me berce et dépose un baiser sur ma tête.

— Tu me manques terriblement, murmuré-je, le cœur lourd de chagrin.

— Toi aussi tu me manques, Will, mais, je...

Je m'écarte de lui et place mon front contre le sien.

— Mais rien du tout. Je t'aime et tu m'aimes, c'est tout ce qui compte. Pour le reste, on affrontera ce monde ensemble. Tu as fait le choix de régler tous nos problèmes tout seul, d'en assumer l'entière responsabilité, et ça, sans me demander mon avis. Je ne permettrai pas que tu me laisses derrière encore une fois. Et si tu me dis non aujourd'hui, que tu refuses de nous laisser une nouvelle chance, je viendrai chaque jour te supplier de partager ta vie avec moi.

— C'est plus compliqué que ça, soupire-t-il en s'éloignant. Je suis un ancien taulard, je dois porter un bracelet électronique encore vingt mois, la société ne fait pas de cadeaux aux types comme moi. Je vais patauger dans une misère permanente.

— Alors on pataugera à deux. Tout ce que je veux, c'est toi, le supplié-je. Et je te l'ai dit, je lâcherai rien tant que tu n'auras pas changé d'avis.

Paxton et moi, nous nous affrontons du regard.

— Tu m'aimes ? lui demandé-je, sûre de la réponse.

— Tu as lu mes cahiers, tu sais bien que oui, lance-t-il, presque à contrecœur.

Je souris et m'avance alors que ses iris s'ancrent dans les miens. Une de mes mains se faufile derrière sa nuque et je m'en sers pour me hisser sur la pointe des pieds, tandis qu'il ne bouge pas. J'approche ma bouche de la sienne lentement pour lui laisser le temps de reculer.

Quand nos lèvres se frôlent, c'est le big-bang. Chaque cellule de mon corps explose et le cosmos se remet à l'endroit. Paxton grogne et saisit mon visage en coupe pour me rendre mon baiser.

Il glisse sa langue contre la mienne et me plaque dos au mur, réduisant au minimum l'espace entre nous. C'est le baiser le plus sensuel, urgent, brutal et viscéral de toute ma vie. Il réanime la flamme qui ne s'est jamais éteinte, ce feu éternel qui fait de nous des âmes sœurs.

Tous les deux à bout de souffle, Paxton s'écarte juste assez pour respirer. Je cherche son regard pour le harponner au mien.

— Alors, qu'est-ce que tu décides ?

— Alors, qu'est-ce que tu décides ?

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