Chapitre 8 - Brooklyn

116 23 123
                                    

TW : violences/maltraitances conjuguales, indication ⚠️

Je m'attaquais à l'autre mission. « Restaurant Dream's of sea. Corruption qui ne bouge pas. Faible. Détectée depuis deux jours. Merci de vérifier de quoi il s'agit. » Une mission standard, sans complication. Sans perdre une seconde, je tapai le nom du restaurant sur internet et relevai l'adresse ainsi que le numéro de téléphone sur un post-it. Ce midi, je m'offrirais une petite sortie à l'extérieur. L'établissement était tenu par un couple de septuagénaires et avait une très bonne réputation à Becky Halls, je ne lus que des commentaires positifs.

Je saisis mon téléphone portable à la vitre fracassée et composai le numéro de l'établissement. Avec négligence, je croisai les jambes sur mon bureau et me laissai tomber contre le dossier de ma chaise. Quelques sonneries retentirent avant que quelqu'un ne décroche.

— Brooklyn Asverwood, bonjour. Serait-il possible de réserver une table pour une personne ? Pour midi, oui. Merci beaucoup.

Je jetai mon téléphone sur le bureau et reportai mon attention sur mon ordinateur. Maintenant que mes interventions pour la première mission étaient posées, il me fallait préparer la deuxième.

Je tapai quelques mots clés sur mon clavier. Le désespoir m'envahit en avisant les photos de l'intérieur du club. Velours, cuir, rouge et noir. Mon visage se décomposa lorsque je remarquai, sur une photo en arrière plan, la barre de pole danse. Dans quoi m'avait-on encore embarqué ? Ce club m'évoquait d'autres pratiques que je ne voulais pas tester. Je n'aurais probablement pas le choix. S'infiltrer en tant que client ? Quelle blague. On ne me prendrait jamais pour un client, je n'en avais pas la carrure. Thussvor se fichait de moi. Il savait très bien que l'on me prendrait pour un strip-teaseur.

Le site internet de l'endroit ne m'apprit rien de plus. Visiblement, le club était réservé pour une certaine élite - humaine ou magicienne, peu importe - ceux qui avaient de l'argent, des mœurs légères et peu de considérations. Les clients avaient leurs habitudes, ils venaient voir certains danseurs. Les prestations de ceux-ci ne se résumaient visiblement pas qu'à la danse... Pourtant, le patron du club n'avait jamais eu de problèmes avec la Milice ou avec les forces judiciaires humaines. Rien ne me laissait soupçonner qu'il cachait des magiciens corrompus dans son club. Les bijoux devaient appartenir à des clients et non au personnel au vu de l'apparition irrégulière des points de corruption.

Il fallait que je me rende sur les lieux pour aviser de la situation. À l'heure actuelle, je ne pouvais que me fournir du matériel. Je ferais un premier repérage dès ce soir, en tant que client afin que l'on ne me reproche rien, puis je me ferais embaucher comme danseur. Je serais au meilleur poste pour détecter les bijoux corrompus. Cela impliquerait des sacrifices... Non seulement, je devais danser, me déshabiller, m'exposer dans des tenues indécentes, mais également satisfaire les moindres caprices des clients. Caprices qui ne se résumeraient pas qu'à des gestes déplacés.

⚠️ Mon regard se perdit dans le vide lorsque des souvenirs d'Alres me revinrent à l'esprit. Je me revis assis contre le mur, menotté au radiateur en train de pleurer. Nous revenions d'un diner d'entreprise et Alres n'avait pas apprécié l'attention que m'avaient porté ses collègues. Je lui avais volé la vedette, j'avais pris de la place, j'avais fait mon intéressant. Il fallait sanctionner ce comportement inadmissible.

Malgré mes larmes, mon ex n'avait pas cédé, il m'avait attaché au radiateur de notre chambre. J'y avais passé une bonne partie de la nuit, le poignet martyrisé par le métal. Alres m'avait finalement détaché vers cinq heures du matin, sans un mot, sans un seul geste de réconfort. D'une main ferme, il avait tenu mon poignet et observé le sillon rougeâtre qui l'ornait. Et puis, il était allé se recoucher sans rien dire. Je n'avais pas osé le déranger, j'avais passé le reste de la nuit sur le canapé. ⚠️

Bipolar MagicWhere stories live. Discover now