Chapitre 54 la fuite

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Léa, 6 ans auparavant

Le regard dans le vide, mon stylo tapant dans un rythme régulier mon cahier.

Un cahier vert.

Une salle de classe.

Un bureau.

Un stylo.

Un cahier vert.

Une trousse.

Une chaise.

Un prof.

Une voix.

Une douleur.

Intense.

Deux jours.

Deux jours que je n'avais pas revu le monstre de mes nuits.

Lui pourtant ne se cachait pas sur mon lit.

Lui pourtant n'avait rien d'effrayant.
Lui pourtant était humain en apparence.

Et pourtant il demeurait le monstre de mes nuits.

Un jour.

Une journée durant laquelle j'avais presque oublié la douleur de son sexe dans ma gorge innocente.

Et pourtant ce matin c'était les maux de ventre qui m'avaient réveillé.

Manger ne m'avait pas fait vomir.

Et mes règles ne pointait par leurs nez.

Pourtant j'avais mal à ne plus m'en tenir.

Il fallait que j'aille vérifier ce qu'il m'arrivait au toilette.

Je levais la main sans lever la tête.

Une grimace de douleur sur mon visage.

Le prof de français, -Mr Leroux, mon professeur préféré- s'approcha de moi comme si il avait vu ma douleur.

Il s'agenouilla sur le côté de mon bureau et je baissais ma main.

- Tout vas bien Léa?

J'ouvrais la bouche pour parler mais une crampe intense me coupa la parole.

Le bras autour de mon ventre j'essayais de retenir cette douleur.

Un geste totalement inutile.

Je secouai la tête de gauche à droite.

Non, non ça n'allait pas.

-Je peux aller au toilette s'il vous plaît, j'ai mal au ventre.

Il me considéra avec douceur et compassion.

-Biens sûr, tu peux y aller.

Il se releva me fit signe de sa main un sourire au lèvre.

Je relevais ma tête avant mon corps.
Une douleur intense me pris, la nausée aussi.

J'avais l'impression de tombé dans les pommes assise.

Et il devait le voir puisqu'il reprit la parole le visage inquiet.

-Tu peux aller à l'infirmerie si tu en as besoin ou rentré chez toi, je t'enverrai les cours, Léa, ne reste pas comme ça.

Non, ce n'était rien.

Je ne voulais pas rentrer.

Non pas là où il m'avait privé de mes droits.

Non pas là où il m'avait frappé.

Je me levais sous son regard soucieux.

Une fois totalement debout je le vis tourné les talons.

Un pas.

Deux pas.

Plus rien...

°°°
J'ouvrais les yeux sur un plafond familier.

Presque trop.

Celui de la chambre de mon meilleur ami. Florian.

Anita passa par dessus moi et je souris en me redressant.

-Comment tu vas ma puce?

-Je vais bien Anita merci.

Je tournais ma tête, droite, gauche. J'avais vu juste.

Florian dormait sur le fauteuil de sa chambre face à son lit une couverture sur lui.

Je me regardait moi.

Mes mains. Pâles.

Les draps, blanc.

Tout était normal.

-Anita?

-Oui, mi hija?

-Pourquoi je suis ici? J'étais en cours, j'ai voulu me lever et je suis tombé je ne me souviens de rien d'autres.

-Tu as fait un malaise ma puce. Ton oncle n'était pas disponible alors je t'ai pris. Il faut qu'on aille à l'hôpital quand tu te le sentiras ma puce d'accord ?

-Pourquoi ?

-...écoute Léa je ne suis pas dupe. On ne fait pas un malaise pour rien.

J'hochais la tête, le regard ailleurs, la gorge nouée.

Les larmes amères, remontées ma gorge. Souillés. Et mes yeux. Vidées.

-Mí querida...est ce que tu avais mangé ?

L'accent espagnol d'Anita me frappa en plein coeur.

-Oui...

Non.

-Qu'est ce que tu ne me dis pas?

La voix fébrile, et faible, ce n'était qu'un murmure d'elle qui m'avait parvenue.

Madame Rodrigo comptais beaucoup pour moi...

Mais je n'y arrivais pas, je ne pouvais pas lui dire quoi que ce soit.

C'était impossible.

Comment me verrait elle après ? J'étais si...sale

-Tu sais que je suis là mi querida, alors si tu veux me parler, je t'écouterais. Ne garde pas tout pour toi ma fille.

"Ma fille"...

J'étais un monstre de ne rien lui dire.

Elle embrassa tendrement mon front et quitta la chambre en fermant la porte derrière elle.

°°°
Lorsque, je m'étais de nouveau réveillé, Florian était assis sur la chaise cette fois réveiller.

Il s'était lentement approché, ses mots était doux et sa voix encore endormi quand il m'avait parlé: "Salut, toi... comment va ma petite princesse ?"

Je lui avais répondu que j'allais bien.

"Tu nous as fait peur princesse"

Il s'était ensuite allongé à mon côté et avait posé sa tête sur mon épaule jouant avec les doigts de ma main gauche.

Je me contentais de reagrdé le plafond.

L'envie irrépressible de tout lui avouer dans le ventre.

Madame Rodrigo m'avait donné à manger, j'avais embrassé la joue de Florian et Anita, je leurs avait promis à eux deux ainsi qu'Henri que je me sentais de rentré chez moi.

J'avais fuis, encore.

Il le fallait.

J'avais bien cru tout lui dire tout a l'heure.

Et ça, c'était non.

Je ne pouvais avouer ça a personne.

Pas même mon meilleur ami.

Je le sentais trop sale pour le faire.

The FallWhere stories live. Discover now