Sorcière I : Le livre de la vengeance

Chapitre 18 (partie 2/2) - Gloire

La pièce était ridiculement petite. Jaune de haut en bas, les murs semblaient luire, comme des flammes. Helja, prudente, préféra attendre. Mais son corps se mit à avancer tout seul. À ses côtes, la plupart reculaient ou bien tombaient.

Helja ne comprenait pas ce qui était en train de leur arriver. Elle pensait à marcher vers la porte quand ses jambes décidèrent d'elles-mêmes d'aller à reculons. Autour, c'était un véritable chaos, un grand n'importe quoi. Tout le monde s'exprimait, mais la sorcière ne parvenait pas à distinguer un mot, comme s'ils parlaient tous à l'envers. Charlie beuglait et n'arrêtait pas de foncer dans le mur. Luba elle, se roulait à terre.

Elle voulut aider ses amies, mais au lieu de ça, son corps lui désobéit à nouveau et elle s'éloigna. À chaque fois, ses gestes semblaient opérer l'inverse de ce qu'elle songeait. Elle dû se convaincre de reculer, de se rendre là où ses compagnons ne se trouvaient pas, pour que ses jambes se dirigent dans le sens opposé. Mais à peine avait-elle réussi, que ses idées reprirent leurs places et son corps se désarticula, titubant étrangement vers le coin de la salle.

Tout le monde avait l'air complètement ridicule dans cette petite pièce. On aurait dit de grands bambins qui réapprenaient à coordonner leurs mouvements. Le roi rampait puis se relevait avant de tomber sur un garde. Dolos racontait n'importe quoi et essayait sans cesse de passer par la porte qui s'était verrouillée. Charlie rigolait à quatre pattes aux côtés de Luba allongée, ne bougeant pas un cil.

C'était un vrai tour de bras. Une prouesse presque impossible. Helja devait penser à l'inverse de ce qu'elle souhaitait faire, mais à chaque fois, son cerveau s'égarait et son corps agissait sans son consentement. Ainsi, lorsqu'elle croisa le regard de Gargoth qui baragouinait, elle lui sauta dessus pour le frapper, ses nombreux coups jetant Charlie au sol, toujours le sourire aux lèvres.

Helja pensa à continuer et elle s'arrêta avant de caresser la joue du roi. Les gardes autour d'elle avaient tous fui à l'opposé, certains courant dans le vide, le nez contre les parois jaunes de la pièce.

La sorcière désirait accéder à l'entrée de la salle et ses pieds prirent la direction de la sortie. C'était la démarche la plus étrange qu'elle avait eue. Parfois, elle reculait, parfois elle ne bougeait pas pendant plusieurs minutes et parfois, elle tombait. Mais Helja persistait. Puis, une fois qu'elle fut assez proche de l'issue, le charme disparut.

Ses idées revenues en ordre, elle leur cria la solution pour pouvoir avancer jusqu'ici. Tout comme elle, ils eurent beaucoup de mal. Certains se fonçaient dedans, d'autres faisaient marche arrière tandis qu'un garde n'arrivait pas à remuer, même un peu. Le souverain était à la moitié du chemin quand Dolos le poussa brutalement avant de parler à l'envers.

Helja ne savait pas combien de temps s'était écoulé avant que tout le monde ne réussisse à combattre la salle des pensées inversées. Seul un homme ne parvenait pas à les rejoindre, continuant perpétuellement de bouger dans tous les sens tout en bavant, le regard vague.

— Dommage pour lui, dit alors le roi, nous ne pouvons pas attendre davantage !

Il régnait une chaleur étouffante dans la onzième pièce. Elle n'était pas bien éclairée et une brume épaisse stagnait au-dessus du sol. C'est uniquement quand la porte se ferma qu'ils perçurent les ronflements. Quelque chose d'énorme était en train de dormir dans l'obscurité.

On entendit les sons des épées que Luba et les gardes dégainèrent tout de suite, celui du bâton que Charlie brandit et du poignard d'Helja fendant l'air. Cette dernière projeta une flamme dans le ciel nocturne, dévoilant l'imposante créature allongée devant la sortie.