Chapitre 15

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Course Folle

Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite.

Henry Ford


Tim me donna rendez-vous à seize heures, au 40 rue du square Montsouris, dans le quatorzième arrondissement. Je ne savais pas trop ce qu'il avait prévu, il était resté très évasif quand je le lui avais demandé. Il avait seulement dit : « Mets des chaussures confortables. » Baskets aux pieds, je pris donc le métro en direction du quatorzième.

La rue du square Montsouris était tout à fait singulière. C'était une petite ruelle pavée abondamment fleurie, bordée de jolies maisons de ville. Une fois de plus, Tim avait su créer la surprise. J'étais en plein Paris et pourtant j'avais l'impression d'être au cœur d'un petit village. Chaque demeure avait un caractère spécifique, en pierre, en brique, en crépi, à colombages, ornée de marquises... Certaines attiraient particulièrement le regard par leur architecture ou par leur exubérant foisonnement végétal. Je remontai donc la rue avec une admiration non dissimulée, quand le numéro quarante me sauta aux yeux. C'était une belle petite maison à colombages, l'enduit crème et les volets en bois sombre lui donnaient une allure de maisonnette médiévale. J'ouvris l'étroit portail en fer noir qui grinça, et montai le petit escalier extérieur. La marquise et le bow-window croulaient sous une épaisse vigne vierge camouflant presque entièrement l'entrée de cette jolie demeure. Je sonnai, un peu nerveuse. Que m'avait-il préparé ? J'entendis un bruit de pas sourd dévaler un escalier, et la porte s'ouvrit sur Tim la mine grise.

— Salut Lili, tu as trouvé facilement ?

— Oui, aucun problème. C'est magique cette rue en plein Paris, fis-je toujours émerveillée.

— Oui, je trouve aussi. Entre, je t'en prie.

Je pénétrai dans la petite maison, et tombai immédiatement amoureuse des lieux. L'espace était ouvert et inondé de lumière. L'architecture abritait un joli jardinet autour duquel rayonnaient les pièces à vivre. Cet endroit avait l'allure d'une maison de campagne, calme, hors du temps. Les plantes foisonnaient à l'intérieur comme à l'extérieur, et on ne pouvait que tomber sous le charme de la sérénité de cette enclave parisienne. La décoration était sobre et féminine, des tons clairs et minéraux. Un sol en carreaux de ciment ancien, une bibliothèque surdimensionnée, deux gros canapés profonds en lin blanc, du mobilier chiné, des œuvres d'art au mur, une immense cheminée en brique blanchie. La maison de mes rêves.

— C'est chez toi ?

— Chez ma mère, je n'y suis que très rarement, maintenant. Mais j'essaie de lui rendre visite le plus souvent possible.

— Ah, ta mère est là ?

Je fus soudain un peu paniquée à l'idée de la rencontrer.

— Non, elle est encore au travail.

Ouf !

— Je suis désolé, mais notre rendez-vous tombe à l'eau, Démétrius vient de m'appeler, ils ont débusqué trois Nergals terrés dans un appartement à Odéon. Je pars en planque pour surveiller les lieux pendant plusieurs jours.

J'étais déçue bien sûr, mais je ne pouvais pas lui en vouloir.

— Odéon n'est pas loin de la Confrérie, je peux te déposer si tu veux ? Je dois transporter mes armes donc je vais y aller en voiture, mais avant je dois passer prendre Lysandre à Bastille.

— Ça me va.

Il empoigna un gros sac noir et nous regagnâmes la rue. Nous longeâmes le trottoir sur une dizaine de mètres et Tim désactiva l'alarme d'une rutilante Lotus noire au design futuriste.

TWINWhere stories live. Discover now