Chapitre 27 - Jenny

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— Eh bien alors, Mikkaelson? Tu n'avais pas assez révisé!

Je me saisis de la feuille que me tend un Perez goguenard. L'envie de l'écraser, lui, son sourire moqueur et son devoir de merde, me monte à la tête. Actuellement, tout me répugne chez lui, de ses cheveux gris à ses dents jaunes et pointues jusqu'à ses expressions narquoises en passant par ses cours excessivement compliqués. 

Autour de moi, des soupirs et des exclamations déçues et outrées, voire des pleurs - venant de Doja Ballentystress évidemment - s'échappent de mes camarades. À ma droite, Lily pose sa main sur son coeur et regarde le plafond ; un 16/20 aiguisé tracé à l'encre rouge la sauve. Plus loin, un Julius profondément soulagé - il a eu 17 - frotte le dos d'un Math atterré - il n'a pas dépassé la moyenne. Perle et Éli se consolent mutuellement ; elles ont eu toutes les deux un petit 9. J'ose à peine jeter un oeil à ma propre note. 

En attendant, je m'intéresse à Valencía, qui se mord les doigts en attendant sa feuille. Pour la rassurer - et pour l'empêcher de se détruire les ongles - je prends ses mains dans les miennes et les serre fort. Elle s'excuse d'un sourire crispé et retire ses mains pour les joindre en une forme de prière. Je n'en prends pas mouche et passe plutôt un bras autour de ses épaules, comme James le fait souvent pour moi. 

Entre les meurtres, l'enquête, les escapades au lycée en pleine nuit, les conflits entre profs et les repas de collègues qui dégénèrent, nous n'avons pas tellement eu le temps de penser à nos études. Pourtant, la réalité de l'école nous rattrape toujours, aussi fidèlement que Moriarty retrouve Sherlock. Je déteste ça. Si ça ne tenait qu'à moi, je serai actuellement sur le terrain, prête à faire mon boulot de neurochirugienne ou médecin-légiste, ou peut être de criminologue. Et le soir venu, je pourrai rapporter tout ce que j'ai appris à James, Val et mon futur mari/compagnon. 

Mais pour ça, il faut déjà avoir la moyenne en physique-chimie pour obtenir la spécialité l'année prochaine. Ce qui n'est pas mon cas. 

Perez revient vers notre table, la copie de Val à la main. D'un geste du poignet dramatique, menton relevé dédaigneusement pour un meilleur effet drama-queen, notre prof de physique jette la feuille devant mon amie rousse. Val esquisse un rictus désolé, avant de me regarder. J'opine du chef, et nous retournons nos évaluations simultanément. 

                                                                  ✎ °_° ✎

— Alors? Tu as eu combien? 

La question, classique après un rendu de devoir, a pourtant le super-pouvoir de me faire sortir de mes gonds. Frustrée, déçue et furieuse, je réagis au quart de tour: 

— Qu'est ce que ça peut bien te faire, tu t'en fiches de toute façon! 

— Oh! Surveille ton langage, jeune fille! Tu t'adresses à ton professeur, je te rappelle!

Je grogne pour toute réponse et enfonce mes poings dans les poches de ma jupe. Affalée sur ma chaise, je suivais distraitement le cours d'anglais, préocuppée par les résultats de l'orientation. Le conseil de classe est dans une semaine, et mes parents ont déjà remplis les voeux d'inscription sur Educonnect. En tant que scientifique affirmée, je gère en maths - en SVT un peu moins, je me charge du travail manuel et c'est Val qui rédige - mais pour l'ensemble ces deux spés me sont assurées. 

En revanche pour la physique-chimie...

Je déteste tout dans cette matière. TOUT. Y compris les profs. Il faut dire qu'entre cinq d'enseignement de la physique, nous sommes tombées sur deux dingues et une illuminée digne de Trelawney. Je veux bien ne pas toujours rejeter la faute sur les enseignants, mais il faut admettre que la relation entre l'élève et le prof est importante. Alors travailler quand on est en même occupé à éviter de finir dans une cave, c'est compliqué!

Éducation mortelleWhere stories live. Discover now