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Un soleil radieux lui fit plisser les yeux et une chaleur écrasante l'assomma presque quand il quitta l'atmosphère climatisée de l'hôpital. Il avait l'impression qu'il avait passé des siècles coincé dans sa chambre, mais on était le vingt et un août, c'était toujours l'été, et la vie avait continué son cours. Il chaussa ses lunettes de soleil avant de chercher son chauffeur des yeux.

Il le vit s'avancer vers lui, jetant au passage un regard amusé aux paparazzi, occupés à invectiver les policiers qui faisaient monter leur collègue dans une voiture, menottes aux poignets. Le timing était parfait. Trop occupés à gueuler à l'injustice, ils l'ignorèrent complètement. Ce serait moins évident pour Keeva et il allait devoir ruser.

Un large sourire éclaira le visage de Gino quand il le rejoignit.

— Damiano, que ça fait du bien de te voir, s'exclama son ami en le prenant dans ses bras.

Il le serra à l'étouffer et Damien grimaça.

— Ouais, doucement ou tu vas me renvoyer d'où je viens !

L'électricien s'écarta pour l'examiner de la tête aux pieds.

— T'es aussi blanc que les fesses de mon petit Lucas !

Damien éclata de rire. C'était bien la première fois qu'on comparait son teint d'un naturel halé aux fesses d'un bébé, mais il devait reconnaître qu'il ne devait pas avoir bonne mine. Le placage n'avait pas fait de dégâts, mais avait réveillé la douleur dans ses chairs encore fragiles.

Gino posa la main sur son épaule, plissa les yeux pour tenter de croiser son regard derrière les verres fumés.

Come va, ragazzo ? fit-il avec une pointe d'inquiétude.

Question qu'il lui avait posé tous les jours, au téléphone. Damien savait que cette question englobait bien plus que sa santé physique.

— On en discute dans la voiture, tu veux bien ? Pour l'instant, je veux rentrer prendre une douche. J'ai l'impression de puer le désinfectant et j'ai besoin d'un vrai repas.

"Et d'aller dire deux mots à ma très chère frangine !"

Gino plissa les yeux, hocha la tête et lui prit son sac des mains avant de l'escorter vers sa voiture. Il se contenterait de cette réponse pour l'instant.

— Et La Bella ? Comment on va la sortir de là ?

Damien lui avait raconté ce qui s'était passé avec le photographe, et la décision, plutôt compréhensible, du directeur de se débarrasser de l'objet de tous ses tourments.

— J'en sais rien.

Il désigna la meute de photographes qui hurlait après la voiture qui s'éloignait avec leur camarade.

— Elle se souvient parfaitement de ce qu'ils lui ont fait vivre il y a vingt ans, pas question d'un bis repetita !

Il reporta son attention sur la voiture de Gino, le pot de yaourt italien de Lucia. La famille Cavelli roulait exclusivement dans des italiennes. Lucia avait opté pour la plus petite citadine de la marque, qui aurait pu rentrer dans le coffre du Cayenne !

— T'avais pas plus petit ? marmonna-t-il.

Gino rangea le sac de voyage dans le coffre en riant.

— Si tu avais été Laurent, j'aurais pris la camionnette, mais toi, tu rentres dedans !

Oui, il rentrait dedans. Ce qui l'inquiétait vraiment, c'était la conduite de son ami. Ils allaient devoir prendre l'autoroute, et Gino au volant de cette petite chose au milieu des camions, ça l'effrayait plus qu'une descente chez un baron de la drogue ! Et la médaille de Saint-Christophe pendue au rétroviseur ne le rassurait pas. Il était persuadé que Gino s'en servait comme excuse. Le Saint le protégeait des aléas de la route, alors pourquoi se priver ?

J'ai rêvé de Toi (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant