02 . librairie

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LA LECTURE me passionne presque autant que la danse. Je pourrais rester de longues heures à lire, allongée sur mon lit, occupée à dévorer les pages d'un livre à l'eau de rose.

  C'est pourquoi ma mère a pensé que ce job à la librairie de son amie pourrait être parfait pour moi. Au début, j'étais hésitante. Je suis sûrement trop hyper active pour rester tourner en rond dans une librairie mais, qui sait, peut-être que ça me plaira bien plus que je ne le pense. Et peut-être même que je pourrais repartir avec des livres le soir.

  Ma première nuit ici s'est très bien passée. Je commence à prendre mes aises dans la maison et je pense que je m'habituerai vite à ce nouvel environnement.

  Je passe la porte de la librairie, un sourire timide aux lèvres. C'est une petite librairie, assez étroite mais qui est remplie de livres en tout genre. C'est une vraie taverne d'Ali Baba.

  Je marche jusqu'à la caisse, où une dame d'une quarantaine d'années, a vu d'œil, tri des livres. Elle relève la tête en entendant mes bruits de pas.

  — Bonjour, je commence. Je suis Melissa, la fille de Ginny.

  Mme Cleaver affiche un grand sourire avant de poser tous ses livres dans un coin et de sortir de sa caisse, qui est devant sa petite réserve de livres.

Elle pose ses deux mains sur mes épaules.

— La dernière fois que je t'ai vu, tu devais avoir deux ans. Comme tu as grandi.

— Je serai tentée de dire, heureusement.

Ma blague ne semble pas l'amuser. Pourtant, ça ne la déstabilise pas et elle continue comme si de rien n'était.

— Alors, qu'est-ce qui t'emmène à Londres ?

— Je vais étudier au Royal Ballet.

— Oh, félicitations. C'est une très belle école et tu me semble être une fille très ambitieuse. Tu aimes lire ?

J'hoche positivement la tête.

— Alors, j'ai tout ce qu'il te faut ici. En tant qu'employé, tu pourras emprunter des livres, autant que tu voudras. Et je te fais confiance pour les garder en bon état.

— Je ne vous décevrai pas, Mme Cleaver.

— Très bien. Je te propose de m'aider à ranger les livres. Comme ça, tu verras comment je m'organise. Peut-être que tu prendras du temps à t'habituer à mon organisation. Je suis très maniaque. Mon mari est militaire, peut-être que c'est lui qui m'a donné un peu de son sens de l'organisation.

Mme Cleaver semble prête à me raconter toute sa vie et j'adore partager des moments comme ceux-là alors je prends plaisir à l'écouter me parler de son mari, des ses deux filles qui excellent dans leurs études respectives...

⋆ ☆ ⋆

  La journée est passée vite. J'ai parlé à plusieurs clients, que j'ai conseillé sur des livres que je ne connaissais même pas. Je me laissais influencer par les genres et par les notations que les gens laissent à la fin de leur lecture sur la dernière page.

La plupart des livres de cette librairie sont d'occasions. On peut simplement les feuilleter, tout comme on peut les acheter. De plus, les clients peuvent aussi acheter des livres neufs. Ce n'est pas la plus grande librairie du coin, mais c'est ce qui en fait sa renommée.

  Mme Cleaver a fermé la librairie à dix-huit heure pétante. Pas une minute de plus et pas une minute de moins. Et juste après, elle m'a autorisé à fouiller dans les rayons de la bibliothèque. De mon côté, je ne peux qu'emprunter des livres d'occasions. Mais vu le choix qu'il y a, je ne peux pas me plaindre.

  Je suis dans le rayon des romances, piochant par-ci par-là des livres à la couverture attrayante.

  Je tombe sur un livre, à la couverture rose plutôt simple. Dessus, on y voit un couple, de dos main dans la main. C'est très romantique. Je m'empresse d'aller à la dernière page voir les notes et commentaires. Deux personnes l'ont noté, avec les notes maximales. C'est qu'il ne doit pas être si mal.

Je le garde avec moi et me redirige vers la caisse, où Mme Cleaver fait les comptes de la journée.

— Je vais prendre ce livre, j'annonce en lui montrant la romance.

— Très bon choix. Un classique d'après moi.

— Je vous en dirai des nouvelles.

J'attrape mon sac à main, que j'avais posé derrière le comptoir.

— Bonne soirée, Mme Cleaver.

— Bonne soirée, Melissa. Repose-toi bien, j'ouvre à neuf heures demain. Et nous parlerons de l'emploi du temps avec tes études à ce moment-là.

Je quitte la librairie et marche jusqu'à mon logement, qui n'est pas très loin. Je dois être à dix minutes à pied.

Une fois arrivée à la maison, je monte dans ma chambre. Amy ne semble pas être rentrée du bar où elle travaille. Elle m'a dit qu'elle détestait ce travail parce qu'il y avait toujours des ivrognes qui lui tenaient la grappe. Et je peux comprendre son point de vue.

J'attrape le CD qui est sur ma table de nuit et l'introduis dans le lecteur radio. C'est le moment de danser un peu tant qu'il n'y a personne. Je retire mon jean pour davantage de souplesse. Je cherche, parmi les vêtements que j'ai pris avec moi, mon short de danse. Je le trouve vite et l'enfile. Puis j'attrape un t-shirt et le troque contre ma chemise blanche.

Je laisse mes muscles se détendre à l'entente de la musique. Je commence à improviser des pas. Quand je danse, j'oublie le reste du monde. J'oublie mes soucis, je ferme les yeux et me laisse juste porter par la musique. C'est magique. C'est comme un moment privilégié avec moi-même. Un moment où il n'y a plus que moi et la danse.

Je ne vois pas le temps passer au fur et à mesure des musiques qui défilent. Si bien que quand je me concentre sur le monde autour de moi, il fait nuit. Je regarde l'heure sur mon téléphone : vingt heures. J'ai dansé pendant une heure et demie et mes muscles commencent à me montrer qu'ils sont fatigués.

Je me laisse tomber sur mon lit. Je ferme un peu les yeux, puis les rouvre afin de ne pas m'endormir. Je file à la douche.

Publié le 25/02/24

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant