20 . sortie ennuyante

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JE REGARDE Trent, qui regarde attentivement les œuvres exposées au parc de Greenwich. C'est une exposition de peinture en plein air représentant des fleurs et des paysages anglais. L'Angleterre est un si beau pays en y repensant.

  La peinture qui attire son attention est un paysage du sud de l'Angleterre. Vers Plymouth. Il ressemble un peu au dessin qu'il a dans sa salle à manger.

  — C'est vraiment une exposition sympa, je déclare.

  Je n'aime pas les blancs. J'ai toujours besoin de faire ma pipelette. Mais je n'ai pas l'impression que Trent est du genre pipelette. Enfin, ça doit dépendre des moments. Là, il est concentré.

  Si concentré qu'il ne prend pas la peine de me regarder, ni de me répondre.

  J'abandonne alors et sors mon téléphone. Il est seize heures. Ça fait une heure qu'on regarde les peintures et dessins. Quand je lui avais proposé de sortir, j'imaginais que nous aurions papoté, rigolé... Je n'imaginais pas que je resterais me les cailler sans un mot de sa part. J'espérais bien faire en l'emmenant ici mais je regrette mon choix.

  J'ouvre Instagram et regarde les réels que Mia et Clotilde ont envoyé sur le groupe que nous avons ensemble. C'est visiblement ma seule source de divertissement à ce moment précis.

— Tu t'ennuies avec moi ?

Je relève la tête vers Trent, qui semble avoir soudainement remarqué ma présence à ses côtés. Enfin. Vaut mieux tard que jamais.

Je ne sais même pas quoi répondre. Je ne veux pas le vexer en disant que je me fais royalement chier. Mais ça ne me fait pas plaisir de lui mentir. D'autant plus que je mens très mal. Mais bon, je vais quand même essayer de lui mentir.

— Non, je passe un bon moment, je lui assure finalement en mettant en veille mon téléphone.

Je range ce dernier dans ma poche et me concentre sur Trent.

— Ne te sens pas obligée de rester si ça ne t'intéresse pas. Je suis conscient que je me penche longtemps sur chaque œuvre et que ça peut être vite ennuyant.

Je lui adresse un petit sourire. Au moins, il le reconnaît.

— Il ne doit plus rester beaucoup de peintures, je suppose.

Je me décale un peu afin de voir la totalité du chemin qu'il nous reste à parcourir. Je retire ce que j'ai dit, il en reste encore six ou sept. Avec Trent, ça nous prendra une heure et demie au moins.

Quel bonheur.

Je regarde l'artiste, qui me contemple toujours.

— Tu serais un sujet intéressant si je devais te peindre, commente-t-il.

Je lui souris. Il me rend mon sourire. Mon Dieu, il est si craquant quand il sourit. Son visage est parfait. Chaque parcelle de son être est parfaite. Si j'avais vécu dans une cité grecque il y a longtemps en arrière, j'aurais pu croire qu'il s'agissait d'un Dieu.

— Merci, je réponds.

— Est-ce que tu veux qu'on rentre chez moi ? J'aurai le temps de revenir ici. C'est déjà sympa que tu m'aies accompagné jusqu'ici. Ça n'a pas dû être facile.

J'hoche innocemment la tête.

  — Il fait très froid en plus, j'ajoute.

  — Viens donc à la maison boire un chocolat chaud.

  — Avec plaisir.

⋆ ☆ ⋆

  Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme lui. Je me vois dans ses yeux. Je veux dire, lui et moi, on a tant de points communs.

𝐓𝐑𝐎𝐏 𝐏𝐑𝐄̀𝐒 𝐃𝐄𝐒 𝐄́𝐓𝐎𝐈𝐋𝐄𝐒Where stories live. Discover now