Jour 222 :

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Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien. Avant dernier chapitre aujourd'hui, j'ose espérer qu'il vous plaira. 

Prenez soin de vous. 

A vendredi prochain ;)

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- Comment tu te sens ? demande-t-elle après de longues et délicieuses minutes de silence.

Sa voix ronronne dans l'air, roule sur les murs, séduit le cœur que je lui ai donné quelques heures plus tôt. Le soleil se lève à peine mais réchauffe déjà la chambre. L'été est brut et étouffant cette année, emporte des litres d'eau sur son passage, dépeuple des ehpads, se montre véritablement sans pitié. Une lumière ocre inonde la pièce, me fait plisser les yeux alors que mes bras sont repliés sous ma tête. Allongée sur le ventre, je tourne le dos au plafond. Hel balade ses ongles le long de mes lombaires, s'attardent sur ma nuque et je la soupçonne d'aimer ça. Elle caresse la peau qu'elle a réussi à conquérir une nouvelle fois cette nuit. Pourtant, je l'ai découvert malhabile, moins audacieuse quand j'ai embrassé ses seins. Le plaisir est sans doute un art qu'elle maîtrise peu, auquel elle ne s'abandonne jamais. Je l'ai surpris douce parce que plus si sûre d'elle, j'oserai même dire timide au creux de mes draps. Pour la première fois, c'est bien moi qui l'ai dévoré et elle était d'accord. Pour elle c'était une folie, un acte inédit et totalement contre nature qu'elle m'a accordé. A-t-elle seulement eu envie de me faire plaisir ? S'est-elle offerte comme un cadeau ou a-t-elle ressentit égoïstement le besoin d'un abandon ?

Peu importe puisque les questions sans réponses se dérobent quand je me confronte à un si joli visage. Celui d'une étrangère que je connais à présent sur le bout des doigts. Un visage qui porte pourtant une inquiétude qu'on chercherait à dissimuler. Comme souvent après les nuits que nous partageons, elle m'observe sous toutes les coutures, m'analyse sans retenue et se confronte à la fatigue que je peine à masquer. Comme elle l'a déjà souligné, notre relation est un échange de bons procédés mais on ne peut oublier que sa faim est intarissable. Est-ce là son fardeau ? Car même si elle a tenté de m'offrir l'illusion d'avoir été charmeur de serpent le temps d'une nuit, je sais bien qu'elle ment et que, de notre jeu, elle sera toujours gagnante à la fin.

Ce matin je la vois belle mais je la devine triste même si je peine à garder les yeux ouverts. Je perçois aussi quelques regrets et ça m'arrive en plein cœur. Parce qu'il faut bien que je me rende à l'évidence même si je m'acharne à prouver le contraire : entre ses bras je suis une petite chose fragile. Et le fait que j'aime être si fragile contre son corps qu'elle pourrait me briser si elle me serrait trop fort est bien la preuve d'un amour infirme et malsain. C'est du moins tout ce que ces yeux noirs racontent ce matin.

Les délicieuses minutes de silence deviennent alors macabres et tranchantes car je sais que la vérité pourrait les tuer et qu'elle saura déceler même le plus infime des mensonges. Alors je ne réponds pas et me tourne mollement vers elle. Mon bras passe autour de sa taille, mon visage se niche au creux de son cou et je respire son parfum pour m'en souvenir.

Sa main dérange mes cheveux, ses lèvres se pressent contre mon front.

- Tu vas suivre le conseil de ton éditeur et aller voir quelqu'un, assure-t-elle d'une voix tendre.

Je secoue la tête, je déteste cette idée, je déteste cette phrase, je déteste la tournure que prend cette conversation car je comprends qu'on arrive au moment où elle va me voler absolument tout ce qu'il me reste.

- Si, sourit-elle tristement en m'offrant un deuxième baiser sûrement pour mieux me faire avaler la pilule infâme qu'elle veut que j'ingurgite. Et je te promets que tout va bien se passer.

Le serpent avait l'air gentil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant