Chapitre 31

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Deux jours plus tard, nous nous retrouvons à faire la queue devant la tour Eiffel. Bien entendu, il y a foule et nous devons poiroter des heures durant en plein soleil, au milieu des vendeurs à la sauvette qui essaient à toute force de nous vendre des miniatures du monument. J'ai déjà dit non à trois d'entre eux, un peu plus sèchement à chaque fois. Je ne tiens pas plus que cela à acheter une tour rose en plastique. Même (et surtout) si elle chante la marseillaise quand on appuie sur son sommet. En réalité, je déteste la tour Eiffel. Voilà. Quand je regarde ce qui se trouve devant nous, je tombe sur des espèces de gros pieds métalliques et je ne comprends pas du tout en quoi ils fascinent le monde entier. Surtout lorsqu'on les compare à toutes les merveilles conservées au musée du Louvre, en particulier dans le rayon égyptien.

— Bon, par quoi commence-t-on ? me demande Auguste d'un ton tout guilleret, les mains dans les poches.

Il affiche un sourire en coin, comme si cette attente interminable ne l'affectait pas. À croire même qu'il l'apprécie !

Nous avons gardé tous les deux nos uniformes du lycée et nous nous attirons quelques regards curieux. Parmi les visiteurs, certaines personnes le reconnaissent peut-être et se demandent en quoi nous sommes des surdoués. Il est vrai qu'il y a de quoi se poser des questions lorsqu'on voit l'air niais que l'alpha affiche sur son visage.

Je le fusille du regard, exaspéré.

— Pourquoi me demandes-tu quoi faire ? Je te rappelle que la tour Eiffel était ton idée.

Il cligne des paupières, incarnant l'innocence.

— Certes, susurre-t-il. Cela dit, j'ai gagné notre partie de pierre, feuille, ciseau. Tu dois donc accepter ma proposition. N'était-ce pas notre accord ? Je pensais que les fées tenaient parole.

Je grommelle quelque chose d'indistinct. Apparemment, ce traître de loup connaissait aussi les astuces pour gagner, lui aussi. Alors qu'il feintait la pierre, il a joué ciseau et a donc découpé ma feuille. J'en suis encore dégoûté. En plus, il m'a refusé une deuxième manche, ce mauvais joueur.

La queue avance un tout petit peu en direction de l'ascenseur. J'ai l'impression que tous les touristes se sont donnés rendez-vous ici au même moment dans le but de me contrarier davantage. Nous, nous ne sommes pas là pour nous amuser mais pour bosser.

— On monte à pied ? suggère Auguste, plein d'énergie.

Je sursaute.

— Tu es fou ! Il doit y avoir des milliards de marches.

— Mais non. Il n'y en a que 674 pour aller du sol au dernier étage.

J'ouvre de grands yeux.

— Comment le sais-tu ?

Il se rengorge, incarnant la suffisance.

— J'ai fait des recherches avant de venir. Qui sait ? C'est peut-être important pour notre étude.

Ça n'a l'air de rien, 674 marches. Je peux néanmoins vous assurer qu'on les sent passer quand on se retrouve à devoir les gravir parce qu'un loup-garou agaçant en a décidé ainsi. Auguste marche en tête, avançant tout aussi tranquillement que sur un paisible chemin de campagne tout droit. De là où je suis, j'ai un bel aperçu de son fessier musclé. Non que je cherche à l'espionner. Simplement, comment éviter de voir quelque chose qui s'agite juste devant ses yeux ? Surtout que le quelque chose en question est plutôt intéressant à regarder, quand on est friand de ce genre de truc et que l'on a 674 marches à monter et qu'il faut bien s'occuper.

— Nous y sommes presque, ne cesse d'affirmer le loup.

Je l'ai cru la première fois. À la cinquième, j'ai commencé à avoir de sérieux doutes.

Le lycée des Surnaturels (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant