Chapitre 4

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Mardi 30 décembre

Je lève les yeux vers la croix verte accrochée sur la façade de la pharmacie. Les chiffres de son thermomètre scintillent dans la nuit d'un vert lumineux et affichent moins -10°C. Garée dans la rue de Mathilde, je frissonne déjà à l'idée de mettre un pied dehors. Quelle idée d'avoir jeté mon dévolu sur ma robe pull préférée bleu marine et un collant tout fin ? Je me décale vers mon rétroviseur pour vérifier mon apparence. Hey, ça passe. Un pschitt de déo suffira. J'attrape mon sac en cuir noir sur le siège passager et fouille parmi les stylos, la pince à épiler, mon maquillage et j'en passe, à la recherche du fameux déo. Ah, le voilà. Je passe ma main à travers mon duffle-coat et l'encolure de ma robe. Lorsque j'appuie sur le diffuseur, une odeur de néroli fleurie s'échappe, en emplissant mes narines.

Me voilà toute fraîche (ou presque), prête à entamer ma deuxième et dernière semaine de vadrouille et de squat de logement. J'ai frôlé deux catastrophes au sein de l'appartement de Mme Berthet durant ma première semaine. Par miracle, je n'ai pas mis le feu avec mon lisseur que j'avais bien oublié d'éteindre. Et même mon corps n'a pas réussi à s'enflammer pour Raphaël. Eh oui, j'ai réussi à recroiser le fameux client. Ses avant-bras musclés et tatoués auraient pu faire son charme, mais nos conversations s'étaient révélées d'un ennui mortel, très concentrées sur lui et son travail dans le domaine des assurances santé.

En réalité, il n'a aucun sex appeal même s'il est beau. Je ne sais même pas pourquoi je lui ai proposé un dernier verre lorsqu'il m'a raccompagnée jusque dans l'appartement. Sans doute à cause de ma voix intérieure : Jette-toi à l'eau depuis le temps, faut remonter en selle... J'aurais bien voulu l'écouter, mais je n'ai pas pu aller plus loin, l'attirance n'était pas assez forte.

Raphaël n'a pas du tout apprécié que je stoppe ses caresses trop entreprenantes. Je revois l'expression sur son visage. Son regard s'était assombri d'un coup et était devenu mauvais. Une boule de chaleur s'était alors formée dans ma poitrine sous l'effet de la panique. Sa voix chargée de colère résonne encore en moi : « C'est quoi ton problème, tu es sérieuse ? Tu m'aguiches et après tu fais ta mijaurée. Laisse-toi faire un peu. ». Prise d'une bonne montée d'adrénaline, j'ai couru lui ouvrir la porte en lui demandant de dégager. Frustré, il est parti sans un mot de plus et sans dire au revoir. Une chose est sûre, je n'ai rien raté avec ce pauvre type.

N'ayant eu jusque-là que des relations ou rencontres bienveillantes, ça m'a fait tout drôle. À l'avenir, je serai plus prudente.

Les phares d'une voiture m'éblouissent et me reconnectent avec le présent. Je rassemble mon courage pour sortir de ma voiture et affronter le froid sibérien. Mathilde, retenue à l'office de tourisme, me rejoindra plus tard.

Je me dépêche de traverser l'impasse, non sans difficulté munie de ma minuscule valise à quatre roulettes dans une main, mon sac à main sur l'épaule, et mon paquet de fraise Tagada empilé sur ma tarte fine dans l'autre main. Les lampadaires s'allument sur mon passage. Mon nez est déjà gelé et il me semble que mes cils se remplissent de minuscules cristaux comme ceux des explorateurs du Grand Nord. Je ne suis pas d'accord avec ce fichu thermomètre : au ressenti, il fait -40°C avec ce vent à décorner les bœufs.

Je me retrouve devant l'immeuble des Écureuils qui n'a rien à voir avec la résidence de standing de chez Mathis. Je n'aimerais pas habiter là, le bâtiment, avec sa façade grise, délavée par les intempéries et ses volets roulants blancs cassés, est triste à en pleurer.

Comme un goût asid (tome 1)Where stories live. Discover now